Entretien r�alis� par Sofiane A�t Iflis Le Rassemblement pour la culture et la d�mocratie (RCD) tient demain vendredi son premier conseil national issu du 4e congr�s, tenu � Alger il y a un peu plus d�un mois. A la veille de ce rendez-vous organique, le pr�sident du parti, Mohcine Belab�s, ce jeune militant qui a h�rit� de la lourde responsabilit� de succ�der � Sa�d Sadi, l�un, sinon le plus �m�rite des hommes politiques alg�riens, s�ouvre aux lecteurs du Soir d�Alg�rie . Outre l�importance de ce conseil national qui doit se pencher sur la r�organisation des structures ex�cutives r�gionales du parti, le RCD militant pour un Etat unitaire r�gionalis� (E.U.R), Mohcine Belab�s analyse la situation politique qui pr�vaut dans le pays mais aussi les turbulences � nos fronti�res. Il atteste que le rejet des �lections sera actif et dans une d�marche qui associe d�autres acteurs de la soci�t� civile. Il explique aussi pourquoi la future Assembl�e, qui r�sultera du scrutin du 10 mai, n�ira pas, � son avis, � son terme. Il commente enfin la nomination de Tayeb Bela�z au Conseil constitutionnel � un moment o� la justice est lourdement impliqu�e dans la surveillance des �lections. Le Soir d�Alg�rie : Succ�dant � Sa�d Sadi � la pr�sidence du RCD, vous vous appr�tez � pr�sider votre premier conseil national du parti. Peut-on avoir une id�e des th�mes qui structureront les d�bats ce vendredi ? Mohcine Belab�s : Le conseil national de ce 13 avril aura � se pencher sur l��valuation du d�roulement de notre 4e congr�s et la r�organisation des structures ex�cutives r�gionales et des sections locales. Il aura aussi � analyser le climat socio-�conomique qui polarise l�attention des citoyens ces derni�res semaines et ses r�percussions sur la situation politique d�j� d�l�t�re � la veille de ce que le citoyen voit comme une nouvelle farce �lectorale. Le parti vient d�appeler � faire du rejet du vote un acte de r�sistance. Est-ce � comprendre par l� qu�il appelle � un boycott actif ? Peut-on savoir quelle modulation aura-t-il ? Plus qu�un acte de r�sistance, le boycott actif auquel nous nous attelons depuis l�annonce de notre position officielle par rapport � ce scrutin � l�occasion de notre conseil national du 13 f�vrier postule une vraie solution alternative. Pour nous, les l�gislatives du 10 mai repr�sentent un p�ril pour l�Alg�rie. Cette �lection n�est rien d�autre qu�une op�ration qui vise le rep�chage d�un r�gime qui a failli sur tous les plans. Nous travaillons au quotidien � �largir au maximum le front du rejet de cette �lection. Nos militants sont instruits � tisser des alliances strat�giques avec toute organisation ou acteur partageant avec nous cette option. Des structures nouvelles ont �t� initi�es par nos militants et d�autres acteurs, notamment dans le milieu de la jeunesse et � l�universit�. Nous avons eu plusieurs �changes avec des animateurs de la soci�t� civile pour coordonner nos efforts en vue du blocage de cette m�canique infernale de recyclage du syst�me par les fraudes �lectorales et d�boucher sur une gestion politique de l�apr�s-�lection. Cette coordination sera � m�me d�ouvrir des pistes pour permettre de d�gager les voies sur lesquelles peut se reconstruire le destin national et peser solidairement sur l��chiquier politique. Appr�hendant une fraude �lectorale, le RCD a exig� une observation internationale massive et qualifi�e. Quelque 600 observateurs convi�s pour la supervision du scrutin ont donn� leur approbation. Cela ne r�pond-il pas � votre exigence ? Nous sommes le seul parti politique � avoir demand� une observation internationale massive et qualifi�e accompagn�e de l�exigence de leur pr�sence en Alg�rie au minimum six mois avant le d�but du scrutin. Cela suppose, notamment, leur implication dans l�op�ration de l�assainissement du fichier �lectoral comme cela s�est fait en Tunisie, au S�n�gal et ailleurs, quand la volont� politique d�engager d�autres m�urs politiques existe. Le nombre de 600 avanc� par le minist�re des Affaires �trang�res est inexact. Des repr�sentants d�organisations internationales venus dans un autre cadre que celui de l�observation ont �t� inclus dans cette annonce. Les membres de la d�l�gation des Nations unies, qui s�journent en ce moment dans le pays et que nous avons re�us, ont tenu � nous informer, d�s l�entame des discussions, que les Nations unies ne prendront pas part � l�observation des �lections du fait qu�une telle option ne peut �tre envisag�e que si l�invitation de l�Etat demandeur leur parvient au minimum une ann�e � l�avance. Il y a aussi beaucoup d�organisations sp�cialis�es dans l�observation des �lections qui ont refus� pour les m�mes raisons de r�pondre par l�affirmative � l�invitation des autorit�s alg�riennes. Pour le reste, il y a un peu plus de 400 observateurs de l�OUA, de la Ligue arabe et de l�OCI qui sont � mettre dans la cat�gorie des observateurs non qualifi�s parce que, entre autres, ils ne sont pas autonomes financi�rement. Par ailleurs, les d�l�gations �trang�res ont d�couvert, � travers leurs rencontres avec le RCD, le discr�dit des pr�paratifs et le risque que fait courir cette op�ration � notre pays. La pr�sidence du Conseil constitutionnel est confi�e � Tayeb Bela�z, qui �tait ministre de la Justice. Ahmed Noui est nomm� garde des Sceaux int�rimaire. Quelle lecture en faitesvous ? Ce remaniement a-t-il une relation seulement avec les l�gislatives ou pr�pare-t-il la pr�sidentielle de 2014 ? Je vous fais remarquer que le mandat de l�ancien pr�sident du Conseil constitutionnel est arriv� � son terme en septembre 2011 et de ce fait se pose la question de l�anti-constitutionalit� des lois adopt�es par le Parlement � l�occasion de la session d�automne. Plus grave, les lois organiques sur les partis politiques, la loi �lectorale et celles se rapportant aux quotas r�serv�s � la femme sur la base desquelles se tiennent ces �lections ont �t� valid�es par un Conseil constitutionnel dont le mandat du pr�sident n�a pas �t� prolong� l�galement. La nomination de Tayeb Bela�z en remplacement de Boualem Bessa�eh � cette fonction � un mois du scrutin est faite, justement, pour rattraper ce vide constitutionnel. Sur un autre plan, donner la gestion d�un d�partement cens� jouer un r�le majeur dans la pr�paration et la gestion des �lections � un mois du scrutin � un ministre int�rimaire renseigne sur le cr�dit du scrutin. Pour le reste, la relation avec la pr�sidentielle est �vidente. En d�autres termes, Tayeb Bela�z, membre de la tribu, sera celui qui validera la fraude de 2014, si les choses restent en l��tat. Le RCD a eu � affirmer que la prochaine l�gislature n�ira pas � son terme. Cette pr�diction repose-t-elle sur des �l�ments d�analyse tangibles ? Il y a trois raisons essentielles qui appuient cette affirmation. La premi�re est que le citoyen alg�rien, encourag� par les �volutions dans son voisinage, s�implique de plus en plus pour trouver les voies et moyens qui lui permettront de sortir le pays du despotisme. La deuxi�me est que le profil des candidats et la multitude de sigles de partis sponsoris�s par la police politique feront de la future Assembl�e un patchwork ing�rable. La troisi�me est qu�il sera difficile pour le futur chef de l�Etat qui sortira de l��lection de 2014, y compris par la fraude �lectorale, de ne pas dissoudre l�APN s�il veut entamer son mandat avec un minimum de cr�dit. Abordons, si vous voulez, la situation au Mali, o� les �v�nements se sont pr�cipit�s. Il y a eu le coup d�Etat, puis la proclamation par le MNLA de l�ind�pendance de l�Azawad, territoire o� les organisations terroristes islamistes agissent � d�couvert, enfin l�enl�vement des diplomates alg�riens � Gao. Comment appr�ciez-vous cette situation ? Quelles peuvent �tre ses implications sur l�Alg�rie ? Il y a d�abord les �l�ments apparents de la crise qui secoue ce pays. Le putsch organis� par des militaires contre le pr�sident en exercice, une forte pr�sence terroriste, le rapt des diplomates alg�riens revendiqu� par une branche dissidente d�Aqmi, les probl�mes et les revendications des populations touar�gues qui remontent � la p�riode de la d�colonisation et la proclamation unilat�rale de l�Azawad comme Etat ind�pendant. Il y a ensuite les jeux et enjeux des puissances r�gionales et internationales en vue d�une �volution g�opolitique de la r�gion. Il y a aussi le timing dans lequel sont intervenus ces �v�nements, � savoir une conjoncture �lectorale en Alg�rie, en France et aux Etats- Unis. Il y a beaucoup de similitudes dans les probl�mes que vivent le Mali et l�Alg�rie. En premier, la prise du pouvoir par les fraudes ou les coups de force. Ensuite, il y a le terrorisme et son instrumentalisation par les r�gimes en place. Enfin, il y a la situation des populations touar�gues qui cherchent une reconnaissance culturelle et politique et qui vient d��tre confirm�e par le d�placement pr�cipit� d�Ahmed Ouyahia � Tamanrasset pour rencontrer les notables locaux. Ajoutez � cela les fronti�res incontr�l�es entre les deux pays qui encouragent et facilitent la circulation des �l�ments d�Aqmi dans la r�gion. Le MNLA est un mouvement plut�t moderniste, voire la�que. Accul�s par les complicit�s de Bamako et d�Alger, rejetant toute id�e de d�centralisation, il a d� s�accommoder de la pr�sence des islamistes sur ses terres pour peser plus contre le pouvoir central malien. Par ailleurs, les �v�nements qui secouent le Mali confirment le naufrage de la diplomatie alg�rienne d�autant plus qu�elle est impliqu�e dans le traitement du dossier touareg depuis une vingtaine d�ann�es � travers le Premier ministre Ahmed Ouyahia. L�Alg�rie a m�me abrit� plusieurs rounds de n�gociations entre le mouvement touareg et le pouvoir malien. Aujourd�hui, c�est la C�deao qui arbitre et d�cide. Alger paye le prix de l�absence d�une vision d�mocratique r�gionale.