Jamais, au niveau de la capitale, une campagne �lectorale n�a �t� aussi morose, insipide que la pr�sente qui, au septi�me jour de son lancement, tarde encore � d�marrer. Et il est fort � craindre qu�il en sera de m�me jusqu�au jour du scrutin l�gislatif du 10 mai prochain. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Seuls et uniques indicateurs que la premi�re ville du pays, cens�e �tre la vitrine � tout instant, surtout � l�occasion des grands �v�nements comme les prochaines l�gislatives que tout le monde, pouvoirs publics et partis politiques pr�sentent pourtant comme une �halte majeure � dans l�histoire de l�Alg�rie, allant jusqu�� les comparer par certains au 1er Novembre 1954, les panneaux d�affichage tr�nent un peu partout. Des panneaux qui, pour ceux qui n�ont pas encore subi la furie des jeunes ou des derni�res pluies accompagn�es de rafales de vent, restent, pour la majorit� d�entre eux, affreusement inoccup�s tant et si bien que des partis n�ont, � ce jour, pas encore daign� afficher leurs listes de candidats. Et pour celles affich�es, une dizaine, elles ne suscitent pas la curiosit� escompt�e des citoyens, ceci quand elles ne sont pas tout simplement d�chir�es ou totalement arrach�es, notamment au niveau des endroits o� les forces de l�ordre sont moins pr�sentes. Quand des affiches �r�ussissent� � arracher l�int�r�t de quelques passants, comme il nous est arriv�, hier, samedi, de le constater � la rue Meissonier, c�est pour susciter des commentaires des plus d�sobligeants et des railleries de tous genres. �Ils veulent tous devenir d�put�s�, ironisera un jeune dont l�ami qui l�accompagnait s�est �tonn� d�apercevoir en t�te de liste d�un des nouveaux partis, un ancien camarade � la fac de droit de l�Universit� d�Alger. �Un fils de famille, dommage que le parti qu�il repr�sente ne soit pas porteur �, dira-t-il, avant de se raviser pour dire que de toute fa�on, � si jamais je me d�cide de voter, je lui accorderai ma voix�. Ce qui ne semble pas �tre l�avis de son accompagnateur pour qui �il est vraiment inutile d�aller voter le 10 mai prochain tant on ne fera que perp�tuer le syst�me en place�. Un peu plus loin, dans un fast-food de la rue Didouche-Mourad grouillant de monde en ce second jour du week-end, une jeune fille, universitaire, �tait en compagnie d�une amie. �Nous sommes des habitu�es de cet endroit�, r�pliqueront-elles quand on a os� les interpeller sur la campagne �lectorale. Une mani�re subtile de signifier tout leur d�sint�r�t, pour ne pas dire aversion, pour la chose politique. Ce qui, peut �tre admis pour l�une d�elles, l�enseignante de formation qui a eu � militer dans un parti d�mocratique avant d�en claquer la porte, il y a quelques ann�es. Mais pas pour l�autre, de surcro�t �tudiante en sciences politiques. Toutefois, notre interlocutrice s�en d�fend en affirmant que �c�est en connaissance de cause que je suis indiff�rente � l��gard de la pratique politique, renforc�e que je suis dans mes convictions par ce que m�a rapport� mon amie de son parcours dans son ex-parti�. Sons de cloches presque similaires chez deux vieux, assis sur des bancs publics � la place de la Paix de Bab El Oued. L�un d�eux se lancera directement dans l�analyse du net d�sint�r�t du citoyen lambda � l��gard des l�gislatives du 10 mai, en se laissant dire que le pouvoir, contrairement � ce que l�on pense, n�est nullement obs�d� par un quelconque fort taux d�abstention. Comme argument, notre sexag�naire, qui se dit ex-militant d�un vieux parti, avancera celui du souci pour le syst�me �d�assurer sa survie et maintenir le statu quo et pour ce faire, il a encourag� les candidatures de complaisance pour d�courager les �lecteurs �. Ceci, avant d�ajouter que tous les ingr�dients d�une abstention massive sont r�unis, citant la folie qui s�est empar�e de la mercuriale, mani�re, expliquera son ami, de ne laisser au citoyen que la pr�occupation unique du comment faire ses emplettes. Les jeunes branch�s football Pour ce qui est des jeunes, nombreux parmi ceux que nous avons sollicit�s dont le centre d�int�r�t est tout autre que politique et autres l�gislatives du 10 mai prochain. Leurs discussions tournaient exclusivement autour des demi-finales de la coupe d�Alg�rie de la veille mais surtout du classico plan�taire FC Barcelone-Real Madrid du d�but de soir�e d�hier. Laborieux, vraiment laborieux de les ramener sur le terrain politique tant ils affirment � l�unisson leur �phobie� pour tout ce qui sent la �politique�. Un homme, d�un certain �ge qui suivait notre conversation s�approchera de nous pour affirmer que les dirigeants des partis politiques partant pour ces �lections sont conscients de cette d�saffection des �lecteurs du terrain politique. Preuve en est, dira-t-il, qu�aucun meeting ou rencontre ne s�est tenu ici et on se contente de contacts entre amis et connaissances�. Remarque vraie du fait que tous les partis, au vu de l�enjeu que repr�sente la capitale de par son statut de plus grande circonscription �lectorale avec ses 37 si�ges � pourvoir, semblent vouloir cl�turer leurs campagnes � Alger et tenter ainsi de rafler la mise.