La comm�moration subit l�usure du temps. L�assassinat, il y a dix-neuf ans, du journaliste, po�te et �crivain Tahar Djaout est � peine �voqu� cette ann�e. La chronique, il est vrai, est aux joies parlementaires. La m�moire est-elle si scl�ros�e qu�elle peine aujourd�hui � consentir, ne serait-ce un instant, � l��vocation de cet immense intellectuel qu��tait l�enfant d�Oulkhou, journaliste accompli, po�te rac� et �crivain talentueux ? Que n�a-ton entendu pourtant jurer, lorsque la douleur �tait encore proche, d�honorer sa m�moire. Le serment ne semble pas avoir r�sist� au temps qui a d�fil� depuis cette maudite matin�e du 26 mai 1993. Dix-neuf ans. Ce matin-l�, dans le quartier populaire de Ba�nem, aux environs de 9 heures, Tahar Djaout s�appr�tait � rejoindre son bureau de directeur de la r�daction de l�hebdomadaire Ruptures, aujourd�hui disparu, lorsqu�il fut surpris par son assassin qui lui logea deux balles dans la t�te. A l�int�rieur de son v�hicule, au moment o� il allait d�marrer. Son assassin, le visant � la t�te � bout portant, ne lui laissa aucune chance de survie. Djaout, plong� dans le coma, rendra l��me le 2 juin � l�h�pital de Ba�nem o� il fut �vacu�. A en croire les aveux d�un certain Belabassi Abdallah, pass� au 20 heures de l�Unique le 1er juin, l�ordre d�ex�cution de Djaout �manait de Abdelhak Layada, alors �mir national du GIA. Ledit Belabassi s��tait pr�sent� comme le chauffeur du commando terroriste qui attenta � la vie du journaliste. L�ex�cuteur direct serait un certain Ras Laghrab. Tahar Djaout �tait le premier journaliste � avoir �t� victime de la folie meurtri�re des terroristes islamistes. Plus d�une centaine d�autres journalistes devait conna�tre le m�me triste sort entre 1993 et 1997. Jamais la presse n�a pay� un si lourd tribut. Artisans de l�histoire qui s��crit au jour le jour, les journalistes ont constitu� durant toutes ces ann�es la cible privil�gi�e du terrorisme islamiste qui ne voulait pas de t�moins de l�h�catombe qu�il commettait. �Dis et meurs�, avait �crit Djaout avant que la mort ne le happe. Les journalistes ont fait leur cette recommandation � la r�sistance, beaucoup au prix de leur vie. Heureux qu�ils n�aient pas vu ce qui est advenu de cette r�sistance, brad�e aujourd�hui dans la compromission avec l�islamisme qui n�esp�rait pas mieux que de voir sa d�faite militaire transform�e en victoire politique.