La soixantaine pass�e, elle partageait son appartement de la cit� du 8-Mai 1945, appel�e commun�ment Sorecal du nom de l�entreprise qui l�a construite dans les ann�es 1970 � Bab Ezzouar, � l�est d�Alger, avec cinq autres familles. Y vivaient, en plus d�elle et de ses deux fils c�libataires, plus d�une vingtaine de personnes : ses fils, leurs �pouses et ses petits-enfants, avec tout ce que cela suppose comme promiscuit�. La famille a eu derni�rement droit � deux autres petits appartements. Des logements sociaux. Chose qui n�est surtout pas pour all�ger cette situation et permettre � la vieille de respirer. Elle a fini par squatter � elle et ses deux fils c�libataires dont le plus jeune est handicap� �, une partie de la cave d�un b�timent pas loin de chez elle. C�est un cas. Parmi des dizaines d�autres. Des familles nombreuses entass�es dans des appartements obtenus quand les enfants �taient encore jeunes. Des ann�es se sont �coul�es et ces familles ont �essaim� dans les m�mes appartements. Certaines de ces m�mes familles, avec l��assentiment� des voisins, dit-on, ont recouru aux caves depuis d�j� belle lurette. Elles occupent les lieux depuis un mois, une ann�e, cinq ans, voire plus de dix ans. Des caves o� vivaient les rats, qui ont �t� am�nag�es pour devenir plus au moins habitables. Or, les caves vides ont donn� des id�es � des gens �trangers � la cit�. Avant-hier, des �t�m�raires� ont d�barqu� armes et bagages, en familles enti�res, venues de plusieurs cit�s de la capitale, et ont squatt� ce qui reste des caves. Et ce n�est certainement pas pour plaire aux locataires des b�timents. Une bagarre rang�e a �clat� entre ces squatteurs et les voisins qui, eux aussi, vivant dans la promiscuit�, attendaient l�occasion pour en faire de m�me. �Ouled el houma sont prioritaires (les enfants du quartier sont prioritaires, Ndlr)�, s�accorde-t-on � dire. Par contre, le lendemain, et une fois les �externes� chass�s � coups de sabres et de barres de fer, les habitants de la cit� se sont retrouv�s divis�s. �Personne n�a le droit d�occuper ces caves, elles nous appartiennent. Puis, ce sont des �trangers � la cit� qui les ont squatt�es. Ils sont venus hier (avant-hier, Ndlr) avec des armes blanches mena�ant le plus t�m�raire qui s�oppose � leur entreprise macabre�, s�indigne Toufik, la trentaine qui refuse que la cave du b�timent o� il habite soit �occup�e�. Dahmane, un peu plus �g� que Toufik et son fr�re se compte parmi les squatteurs, r�plique � bout de nerfs : �Ces caves appartiennent � l�OPGI. Elles sont squatt�es par les rats et ne servent plut�t � rien si ce n�est de chambres de d�barras aux locataires des b�timents. Ceux qui refusent que ces caves soient occup�es n�ont pas v�cu la promiscuit�. Puis les occupants de ces caves sont tous des voisins qui n�ont pas o� aller. Mieux vaut occuper une cave que de construire une baraque au pied du b�timent. Avec la corruption r�gnante, on n�a plus espoir d�avoir un logement social. Tout le monde ici a introduit un dossier pour demander un logement et cela tra�ne depuis des ann�es.� Plusieurs personnes ont �t� entendues par la police qui est intervenue pour mettre fin � la bagarre entre squatteurs. Ceux qui s�opposent � ce que les caves soient occup�es ont m�me tent� un mouvement de protestation en se regroupant hier, rue Saal Bouzid sur le trac� du tramway. Ils voulaient couper la route et bloquer les rames d�s la matin�e. Ils �taient peu nombreux et les uniformes bleus � l�aide des �partisans du squat�, mobilis�s pour circonscrire ce mouvement, n�ont pas su� pour les disperser. La cit� Sorecal a retrouv� son calme d�s midi. Les squatteurs, eux, ont continu� � am�nager leurs appartements de fortune.