Si les prix du p�trole continuent de chuter encore, les recettes d�exportation des hydrocarbures diminueraient d�au moins 10 milliards de dollars. Voire, la situation serait catastrophique du point de vue socio�conomique si les cours descendent � moins de 80 dollars. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Durant les trois derniers mois, les cours du p�trole ont d�gringol� de 20 � 30 dollars le baril, baissant de plus de 110 dollars � quelque 90 dollars � Londres et � 80 dollars � New York. Et cela dans un contexte o� la situation �conomique en Europe et aux Etats-Unis suscite l�incertitude et que le march� p�trolier manque d��tre stable. Certes, les prix ont repris le week-end �coul�, en hausse � plus de 97 dollars le baril de Brent et � plus de 84 dollars le baril de light sweet crude. Et cela dans la mesure o� l�incertitude demeurait quant au maintien ou non de la Gr�ce en zone euro en fonction du scrutin l�gislatif d�hier, et que l�Organisation des pays exportateurs de p�trole (Opep) maintenait inchang� son niveau de production � 30 millions de barils/jour, un plafond pourtant d�pass� de quelque 2 millions de barils/jour. Baisse pr�visible des recettes d�exportations N�anmoins, ces fluctuations des cours de l�or noir justifient la pertinence de la question suivante : quel impact sur l��conomie alg�rienne dont 98% des recettes d�exportations d�pendent des hydrocarbures et plus de 60% des importations proviennent de l�Union europ�enne ? Sans aucun doute, un impact n�gatif, une diminution des recettes d�exportations, des r�serves de change et des recettes budg�taires. Ainsi, si les cours du p�trole continuent de chuter au cours des prochains mois, les recettes d�exportations diminueraient d�au moins 10 milliards de dollars, selon nombre d�observateurs. Soit des gains de l�ordre de 60 � 65 milliards de dollars pour 2012, loin des 70 � 75 milliards de dollars pr�vus par le ministre de l�Energie et des Mines et le Fonds mon�taire international (FMI). D�autres cons�quences importantes Mais ce sont les effets � moyen terme qui seront plus graves si cette chute perdure encore. Et d�autant que les r�serves de change diminueront de volume mais aussi leurs placements en bons du tr�sor am�ricain ou en obligations europ�ennes, ces derni�res �tant risqu�es � l�heure actuelle, seront moins rentables. Dans ce cadre, la baisse des recettes d�exportations de gaz, plus importantes que celles du p�trole, serait �galement pr�judiciable. Et d�autant que des contrats gaziers de moyen terme arriveront � �ch�ance � l�horizon 2014, la volont� de l�Alg�rie de maintenir l�actuelle formule des prix s�opposant � celle de plusieurs op�rateurs gaziers europ�ens de r�viser ces prix � la baisse. Mais le FRR est l� ! Certes, la situation financi�re continuera d��tre bonne, le budget �tant calcul� sur la base d�un baril de 37 dollars et l�Alg�rie disposant des disponibilit�s du Fonds de r�gulation des recettes (FRR). Estim�es � plus de 60 milliards de dollars, ces disponibilit�s permettent, selon la rh�torique institutionnelle, de couvrir les d�ficits �ventuels et de financer les programmes de d�veloppement au moins durant les trois prochaines ann�es. Or, le recours au FRR ne peut constituer une alternative p�renne et la gestion de ce fonds manque de transparence, la n�cessit� s�impose donc de revoir la politique budg�taire et sociale. A ce propos, l�universitaire et expert international en management strat�gique, Abderrahmane Mebtoul, pr�ne de remplacer le FRR par un fonds de stabilisation et d��tablir le budget sur la base du cours du march� r�el du baril. � moins de 80 dollars, la catastrophe ! Ainsi, la situation risque d��tre catastrophique, du point de vue socio�conomique, si les cours du baril enregistrent une forte chute, passant � moins de 80 dollars. Une chute pr�visible, aux risques �s�rieux� comme le rel�ve l�ancien manager de Sonatrach et consultant Abdelmadjid Attar. Et cela dans la mesure o� la demande p�troli�re mondiale sera moindre cette ann�e, tir�e � la baisse par la crise �conomique europ�enne, l�Opep qui contribue seulement � hauteur de 40% dans l�offre mondiale peine � assurer la discipline interne en mati�re de respect des quotas et la solidarit� des pays producteurs non-membres de l�Opep (Russie notamment) fait d�faut. Ainsi, une chute � moins de 80 dollars aurait des retomb�es graves en termes �conomiques et sociaux, le financement des grands projets s�av�rant incertain, m�me s�il est cens� garanti par le FRR. Et cela au-del� de la tendance � la sur�valuation des co�ts de r�alisation, �valu�e � plus de 20%, et des insuffisances av�r�es de la gouvernance �conomique et politique. Et quels enjeux ! Or, la capacit� des pouvoirs publics � poursuivre la politique de sur-d�pense, certes li�e � des consid�rations d�ordre social et nonobstant les critiques r�currentes du FMI, risque ainsi d��tre limit�e, diminu�e. Soit des cons�quences financi�res assez graves dont la r�duction des d�penses, le retour de l�endettement et l�impossibilit� de g�rer l�inflation interne et externe. Mais aussi des r�percussions sociales assez dramatiques, avec des risques de d�stabilisation et d�implosion. Et une demande nationale en �nergie qui risque de ne pas �tre satisfaite, au-del� du fait que les r�serves d�hydrocarbures sont susceptibles de tarissement d�ici 15 � 25 ans et que les gaz non conventionnels constituent de plus en plus des alternatives ailleurs. Des enjeux que la gouvernance actuelle ne semble pas appr�cier � leur juste mesure.