M�me si les cours du brut viennent de baisser � moins de 59 dollars, l�Alg�rie peut encore tenir trois ans en attendant que les cours retrouvent leurs niveaux � 120 dollars. A condition, cependant, de mettre un terme � la vuln�rabilit� de l��conomie nationale et de donner un contenu concret � l�apr�s-p�trole. Hier, le baril de Brent est tomb� sous les 59 dollars � Londres, pour la premi�re fois depuis le 22 f�vier 2007, � 58,85 dollars en raison des craintes d'un risque de r�cession �conomique dans le monde entier. Le baril pour livraison en d�cembre a ainsi atteint, vers 08h30 GMT, un plus bas depuis le 21 f�vrier 2007. Quelques minutes plus tard, il c�dait encore 1,48 dollar par rapport � la cl�ture de la veille, � 59 dollars. A la m�me heure, le baril de light sweet crude, pour livraison en d�cembre, �chang� � New York, c�dait 1,24 dollar � 62,67 dollars lors des �changes �lectroniques. Le prix du baril de p�trole Brent avait c�d� 71 cents, � 59,77 dollars, lors des �changes matinaux �lectroniques en Asie. M�me si les cours ont, vers 14h15 GMT, rebondi � 65,90 dollars, en hausse de 1,99 dollar par rapport au cours de lundi. Un rebond soutenu par la hausse des march�s actions europ�ens, quoique encore attentistes et pessimistes, et le recul du dollar par raport � l�euro qui remontait � 1,28 dollar, rendant moins cher le p�trole libell� en dollars et soutenant la demande. La r�cession �conomique en cause Cette chute du prix survient alors que les fonds d'investissement ont quitt� en rangs serr�s les march�s financiers depuis la fin de l'�t� tant pour r�duire leurs risques que pour trouver des liquidit�s. Selon un analyste, ce d�sengagement est li� � un ph�nom�ne plus large de confiance par rapport � l'avenir de l'�conomie, les op�rateurs se focalisant plus sur les barom�tres g�n�raux de la confiance que sur les donn�es propres � l'offre et la demande d'or noir. De fait, cette chute est li�e aux craintes d'un risque de r�cession �conomique dans le monde entier. La Commission europ�enne a indiqu� lundi que les quinze pays de la zone euro �taient d'ores et d�j� entr�s en r�cession technique, caract�ris�e par au moins deux trimestres de recul de leur produit int�rieur brut (PIB), une premi�re depuis la cr�ation de la monnaie unique en 1999. Aux Etats-Unis, premiers consommateurs mondiaux de p�trole, l'activit� industrielle est tomb�e en octobre � son plus bas niveau en 26 ans. Ainsi, la demande y a baiss� de 7,8% sur les quatre derni�res semaines par rapport � la m�me p�riode de l'an dernier. Dans le m�me temps, les stocks ont de nouveau globalement augment� dans le pays, notamment ceux de produits distill�s, particuli�rement surveill�s � l'approche de l'hiver, synonyme d'augmentation de la demande de fioul de chauffage. La d�cision de l�Opep, en attente d�application De fait, la d�cision de l'Organisation des pays exportateurs de p�trole (Opep) de r�duire son offre de 1,5 million de barils par jour (mbj) � compter du 1er novembre semble donc pour l'heure insuffisante � inverser la tendance. A ce propos, le pr�sident en exercice de cette organisation, Chakib Khelil, avait estim� r�cemment que cette d�cision �va prendre beaucoup de temps pour se mettre en place�. De l�avis du ministre alg�rien de l�Energie et des Mines, �plusieurs pays dont l'Alg�rie, les Emirats, l'Iran, le Nigeria ont d�j� annonc� la baisse de leur production. On attend que les autres membres de l'Opep informent leurs clients pour �valuer l'impact de la d�cision prise par l'organisation � Vienne sur le march�. Mais selon un analyste, plusieurs pays de l'Opep ont r�duit de 5% leur production mais le march� attend avec nervosit� que l'Arabie saoudite en fasse autant�. Et que le grand pays arabe producteur de p�trole ne c�de pas finalement aux desiderata des pays consommateurs. Le prix du panier Opep remonte l�g�rement Le prix du panier Opep, regroupant les 13 p�troles bruts de r�f�rence de l'Opep, a cl�tur� lundi en hausse par rapport � vendredi. Il a gagn� 1,6 dollar pour s'�tablir � 59,03 dollars le baril lundi contre 57,43 dollars le baril vendredi qui est son dernier jour de cotation de la semaine. Ce prix �tait pass� vendredi 24 octobre dernier sous la barre des 60 dollars le baril. En rappelant que le panier de l'Opep comprend le Sahara Blend (Alg�rie), Girassol (Angola), Oriente (Equateur), Minas (Indon�sie), Iran Heavy (Iran), Basra Light (Irak), Kuwait Export (Kowe�t), Es- Sider (Libye), Bonny Light (Nigeria), Qatar Marine (Qatar), Arab Light (Arabie Saoudite), Murban (EAU) et le BCF 17 (Venezuela). Un baril � moins de 60 dollars, motif d�inqui�tude ? Mais avec un baril � moins de 60 dollars, et la tendance baissi�re se confirmant, l�Alg�rie, dont les ressources proviennent essentiellement de ses exportations d�hydrocarbures, devrait-elle s�en inqui�ter ? R�pondant � cette question, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, avait r�cemment estim� que �l�Alg�rie fonctionne � un baril de 67 dollars. A 70 dollars nous serions donc en danger, � 60 �a irait mal, � 50 �a irait tr�s mal�. Toutefois, la r�ponse devrait �tre davantage mitig�e, au risque de l�analyse redondante. Oui, mais non ! Oui, l�inqui�tude est de mise si cette tendance baissi�re des cours se poursuit mais rien n�est moins s�r. En effet, si notre pays est assur� � la fin 2008 d�engranger ses 80 milliards de dollars de recettes en 2008, le cas en sera autrement l�ann�e prochaine. Et m�me si la revalorisation actuelle du dollar par rapport � la devise europ�enne (l�euro) repr�sente un petit gain, pouvant aller jusqu� � 7 � 8 dollars pour le prix du baril. Soit des recettes relativement importantes pour notre pays. Non, il ne faut pas s�inqui�ter, au moins pour les trois prochaines ann�es. Car nous pouvons maintenir le rythme des d�penses et investissements publics durant deux � trois ans sur la base de 37 dollars. Un prix de r�f�rence pour le cadrage budg�taire encore valide � moyen terme. M�me si les cours baissent � 55 dollars, 50 dollars, l�impact peut �tre cependant att�nu� gr�ce aux ressources cumul�es dans le Fonds de r�gulation des recettes (FRR) o� les ressources exc�dentaires non budg�tis�es sont entrepos�es. Le trend haussier reprendra Dans ce cas, le gouvernement devra puiser, au risque de la vider, dans cette �cagnotte� dont le montant d�passe actuellement les 40 milliards de dollars. Or, les cours retrouveront leur trend haussier, � 120 ou 130 dollars, l��re du p�trole � bas prix �tant r�volue. D�autant qu�un baril � moins de 65 s�av�re insupportable, voire catastrophique, dans le contexte de d�sinvestissement croissant dans le secteur �nerg�tique. Ce que m�me le pr�sident de l�Opep reconna�t. Et d�autant qu�il n�y a pas de contraction de la demande dans les pays �mergents et que, focalis� sur les risques pesant sur la demande, le march� semble par ailleurs aveugle aux contraintes pesant sur l'offre. Or, l'offre hors Opep peine � progresser en raison du manque d'investissements ou de l'�puisement de certains bassins. La Russie, principale locomotive de la progression de l'offre hors Opep, voit sa production stagner depuis le d�but de l'ann�e, tandis que les gisements norv�giens, mexicains et am�ricains s'�puisent � un rythme rapide. L�apr�s-p�trole : y aller r�solument et concr�tement Toutefois, le probl�me pour l�Alg�rie ne se pose pas en termes de prix baissant ou augmentant mais dans sa capacit� � r�aliser la transformation structurelle de son �conomie. Une �conomie encore vuln�rable et qui peine � sortir de sa d�pendance des hydrocarbures et dont le discours focalise encore sur �l�apr�s-p�trole�. Rappelons, � cet �gard, la d�claration r�cente du chef du gouvernement, affirmant que l�Alg�rie est � l�abri �aujourd�hui� de la crise syst�mique internationale qui a eu �au moins le m�rite de nous r�v�ler que nous n�avons pas travaill� en cons�quence pour pr�parer l�apr�s-p�trole�. Or, il s�agit de passer du discours aux actes, de diversifier l��conomie et les exportations hors hydrocarbures. Il est question de donner un contenu pr�cis � cet apr�s-p�trole, � travers la promotion de l��conomie des services utiles notamment aux entreprises, le d�veloppement des technologies de l�information et de la communication, la recherche-d�veloppement� Le d�fi r�side, donc, dans notre aptitude � y aller r�solument et concr�tement.