L��dition de cette semaine co�ncide avec le premier jour du mois de Ramadan. A cet effet, nous parlerons d�une pratique ancestrale qui tient la route jusqu�� nos jours mais qui s�est actualis�e, bien s�r, avec la modernit� et tout ce qu�elle comporte comme bienfaits. Durant ce mois sacr�, beaucoup de nos habitudes changent, comme celle relative � la consommation du pain, c�est de lui, justement, qu�il s�agit dans ce num�ro. Nos comportements, nos attitudes, notre mode de vie, et il y va se soi, nos rites culinaires aussi et surtout. Bon nombre de m�nag�res se verront changer leur mode de cuisson et troqueront leur cocotte-minute ou leur auto-cuiseur contre la fameuse kdirat el fakhar (fait-tout en terre cuite) qui, sans elle, elles ne pourraient r�ussir la chorba frik de ce mois sacr� fort attendu, car elles sont persuad�es que c�est cette terre cuite qui donne toute la saveur de la soupe que nos m�res et grands-m�res laissaient mijoter pendant des heures sur feu tr�s doux, sans se presser ni se stresser, elles avaient tout leur temps. Une autre habitude, celle du pain dont il est question dans cette page, et avec lequel on accompagnera la soupe. Cette habitude n�a pas tellement chang� puisque nos a�n�es pr�paraient elles-m�mes le pain durant les trente jours de car�me, � la maison. Le pain maison variait selon la r�gion. Pour l�Alg�rois et le Constantinois, c��tait khobz eddar, un pain � base de semoule tr�s fine cuit au four. Pour l�Oranie, c��tait matloua ou khobz khmira (galette � base de semoule ou de farine lev�e). Aujourd�hui encore, beaucoup de femmes continuent de confectionner du pain maison durant le mois de car�me. Ces femmes au foyer le font comme un rituel qu�elles ne pourront jamais occulter. Pour elles et leurs maris surtout, ils ne con�oivent pas manger, durant cette p�riode, du pain achet� chez le boulanger du coin. Aujourd�hui encore, beaucoup de femmes continuent de confectionner du pain maison durant le mois de car�me. Ces femmes au foyer le font comme un rituel qu�elles ne pourront jamais occulter. Elles commenceront leur journ�e par accomplir cette t�che, o� elles mettront tout leur c�ur, et serviront ce fameux pain � leur famille avec beaucoup de fiert�. Seulement, toutes les femmes ne sont pas des femmes au foyer, et beaucoup travaillent et ont des horaires qui ne leur permettent pas de confectionner elles-m�mes le pain de ce mois de j�une. Elles ont juste le temps de pr�parer le repas du f�tour, et c�est d�j� bien. Alors, pour toutes celles-l�, les maris devront se contenter du pain du boulanger. Mais pas n�importe lequel ! Ils consacreront tout le temps qui leur reste avant l�appel du mu�zin � la rupture du je�ne � rechercher ce fameux pain. Et voici que commence la ru�e vers la boulangerie r�put�e pour son meilleur pain. �Il y en a une qui vient d�ouvrir �� Hier, j�ai achet� du pain maonis, je n�en ai jamais mang� d�aussi bon. Tu devrais en prendre, tu ne le regretteras pas. Paroles de connaisseur !� On sillonne les rues, on change de quartier, on va jusqu�� l�autre bout de la ville pour d�nicher le top du top du pain ; et l�on se retrouve ainsi, avec des sacs plein les bras : du pain ficelle, maonis, skoubidou, tr�ss�, au sanoudj, et j�en passe. Nullement d�courag�s et toujours � l�aff�t du best, c�est une course effr�n�e que m�neront les hommes, car en g�n�ral c�est � eux qu�incombe cette t�che, durant tout le mois.