La situation des droits de l�homme, dans leur conception la plus large, est peu reluisante en Alg�rie. Le constat n�est pas, d�une quelconque ONG ou d�une association catalogu�e dans le camp de l�opposition mais bel et bien celui de la commission Ksentini, une entit� d�pendant directement de la Pr�sidence de la R�publique. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Dans son rapport de l�ann�e 2011 qu�elle a rendu public hier, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l�homme (CNCPPDH) n�y est pas all�e par quatre chemins pour brosser un �tat des lieux peu reluisant de la situation des droits de l�homme dans le pays. La structure que pr�side Me Farouk Ksentini, si elle �gratigne au passage les pouvoirs publics, a pris cependant le soin de m�nager le premier magistrat du pays. Elle estime, en effet, que les r�formes annonc�es par le pr�sident de la R�publique dans son discours du 15 avril 2011 ont �t� �d�voy�es� dans les faits par la panoplie de textes de loi adopt�e par le Parlement cens�s en refl�ter l�essence. Ainsi, la CNCPPDH rel�ve que les droits politiques et civils, �conomiques, sociaux et culturels font l�objet quotidiennement de revendications pacifiques par-ci et violentes par-l�. Aussi, le droit � une vie d�cente, � une justice �quitable, l�acc�s aux soins et la prise en charge sanitaire, le droit syndical, au travail, � la libert� d�opinion, � la s�curit� de soi-m�me et de ses biens sont bafou�s ce qui a nourri bien des manifestations en 2011. Une effervescence que la structure de Ksentini met sur le compte d�une r�elle prise de conscience des citoyens de leurs droits ignor�s par les pouvoirs publics montr�s � chaque fois du doigt pour avoir exacerb� des situations et n�avoir r�agi promptement qu�une fois les routes bloqu�es, et les �difices publics saccag�s. Et � la CNCPPDH de donner comme exemple les manifestations pacifiques des r�sidents, des hospitalo-universitaires et des gardes communaux qui ont tourn� en une charge muscl�e des forces de l�ordre contre des praticiens de la sant� et des hommes qui ont d�fendu la R�publique quand celle-ci vacillait face au p�ril terroriste. �Certes, force doit rester � la loi mais l�emploi de la force contre des manifestants pacifiques ne peut �tre justifi� et ne doit pas �tre tol�r�, estime la CNCPPDH. Pour Me Ksentini, l�administration, avec son actuelle attitude bas�e sur des �r�actions par �-coups� et sur des ordres d�en haut, ne peut refl�ter la bonne gouvernance tant r�v�e et qui suppose la bonne �coute, la connaissance des probl�mes et des sp�cificit�s li�es � la gestion quotidienne, la concr�tisation des attentes, le suivi des projets. Ceci sans omettre de pointer du doigt l�absence d'un contr�le interne et sectoriel et d�un r�gime de sanction, qui puissent permettre l'�mulation et l��mergence de cadres comp�tents, dynamiques et soucieux du seul bien-�tre du citoyen et qui ne doivent leur promotion qu�� leur abn�gation, dans l�exercice de leurs attributions au service exclusif du peuple. Car le discours politique et les bonnes intentions ne suffisent pas � eux seuls pour une r�elle et effective traduction dans les faits des droits de l�homme qui ont besoin de femmes et d�hommes de bonne volont�, de citoyens militants, de cadres dans les divers �chelons de l�administration qui en soient impr�gn�s et qui veillent � leur application. Un discours politique qui doit, estime encore la CNCPPDH, se traduire en une action politique salvatrice lib�r�e de toute emprise, � m�me de permettre la prise en charge effective des aspirations citoyennes en tous genres. Ne manquant pas dans son rapport de faire sa lecture des diverses lois adopt�es dans le sillage des r�formes politiques annonc�es dans le discours pr�sidentiel du 15 avril 2011, la commission Ksentini a relev� bien des anomalies contredisant consid�rablement l�essence m�me de ces r�formes. A l�exemple de la loi organique relative aux partis politiques qui conf�re � l'administration un large pouvoir (examen des dossiers sur des d�lais tr�s longs) alors que la CNCPPDH estime qu�une instance neutre qui se charge de l�agr�ment et de la dissolution des partis aurait suffi pour garantir une plus grande transparence. Ou encore la toute nouvelle loi r�gissant les associations qui consacre le contr�le de l�ex�cutif � travers une certaine prudence, voire une rigueur � l�endroit des associations avec tout le lexique y aff�rent (dissolution, suspension, approbation pr�alable). Ce que la CNCPPDH consid�re comme contradictoire avec le fait que le r�le jou� par ces entit�s de la soci�t� civile activant sur le terrain constituent des normes de la bonne gouvernance, soit un �talon de mesure de l�exercice d�mocratique.