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L�ENTRETIEN DE LA SEMAINE AYACHE SALAH, PHARMACIEN ET PR�SIDENT DU BUREAU DE SKIKDA DU SNAPO, AU SOIRMAGAZINE :
�L�autom�dication est la forme d�une mauvaise �ducation sanitaire�
Dans une interview qu�il a bien voulu nous accorder, Ayache Salah revient sur les dangers de l�autom�dication ainsi que les causes qui poussent certaines personnes � y recourir. Soirmagazine : Depuis combien d�ann�es exercez-vous la profession de pharmacien ? Ayache Salah : Depuis 20 ans, la date de mon installation fut en 1992. L�autom�dication est une pratique courante. Qu�en pensez-vous ? Je pense qu�il ne faut pas trop s�alarmer, seule une infime partie des m�dicaments se vend sans ordonnance chez le pharmacien. G�n�ralement, ce sont des antiseptiques, dont la nuisance n�est pas d�une ampleur aggravante. Donc, pour l�exemple que je viens de donner, l�autom�dication, si on peut l�appeler ainsi, n�est pas n�gative. En revanche, les m�dicaments pour les maladies chroniques (diab�te, hypertension�.), qu�on appelle m�dicaments de sp�cialit�, ne sont jamais c�d�s sans ordonnance. Dans ma carri�re, je n�ai jamais vu un malade chronique se pr�senter chez nous pour acheter les m�dicaments dont il a besoin. Il y a aussi le renouvellement d�ordonnance qui ne n�cessite pas le recours au m�decin. A-t-elle enregistr� une augmentation par rapport aux ann�es pr�c�dentes ? Une diminution, depuis l�instauration du tiers payant, parce y a eu une abondance d�ordonnances et de prescriptions m�dicales. Quelles sont les causes qui poussent les gens � y recourir ? A mon avis, l�autom�dication est une forme pouss�e de la mauvaise �ducation sanitaire. Il faut le dire cr�ment, il y a des raisons valables et historiques � cela, h�rit�es de l��re de la colonisation. Le legs est immense, comme l�illustre le fait que l�on qualifie d�anodin, mais qui est assez r�v�lateur : on peine � �duquer nos enfants � se brosser les dents trois fois par jour. Il y a aussi le fait des ordonnances. L�ordonnance doit �tre lisible. Quand on sait que les pharmaciens trouvent des difficult�s � d�chiffrer les ordonnances, il ne faut pas trop s��tonner de voir les malades souffrir une once de plus � le faire. Dans les pays d�velopp�s, les malades sont presque au m�me niveau d�instruction ou d�information que les m�decins ou les pharmaciens, ce qui facilite la t�che des deux parties � trouver un terrain d�entente. Un probl�me de soci�t� complique �galement la donne : les gens ne font plus confiance aux m�decins et, un petit peu, aux pharmaciens ; et en font, par contre, � l�ami, au coll�gue ou au voisin. Quels en sont les risques ? Les risque de l�autom�dication peuvent entra�ner le surdosage, une allergie ou un choc susceptible de provoquer la mort ou, du moins, compliquer la maladie. Pour plus d�informations, on peut avancer l�exemple du non-respect de la dur�e du traitement dans le cas des antibiotiques, pouvant provoquer une r�sistance des microbes par rapport aux m�dicaments. Le fait de ne pas se mettre au diapason des mutations mondiales est un facteur qui doit aussi �tre pris en consid�ration. En France, on utilise la P�ni G alors qu�en Alg�rie, on continue de prescrire l�Orapen dans le traitement de la grippe, une infection virale. Quels sont les m�dicaments les plus demand�s par les patients qui ne recourent pas � la prescription m�dicale ? G�n�ralement, ce sont les antibiotiques pour enfants. Des parents raisonnent de cette fa�on : je prends le traitement pour 400 DA : l�amoxicyline 250 ou 500, au lieu d�une consultation co�tant 600 DA qui se soldera, de toute fa�on, par la prescription de ce m�dicament. La Cnas est-elle gagnante ? Il n�y a pas que la Cnas, il y a aussi la Casnos et la Caisse de s�curit� sociale militaire. Avant l�instauration du tiers payant, avec les m�dicaments qui se vendent sans ordonnance, les caisses de S�curit� sociale �taient gagnantes. Actuellement, 80% des patients sont rembours�s par la Cnas. C�est dire que l�autom�dication est une bonne technique qui fait les frais des caisses. Un dernier mot ? Le plus grand probl�me, c�est la rupture des m�dicaments, laquelle a cr�� le ph�nom�ne du stockage. Un stock strat�gique. De peur de tomber sous le coup de la p�nurie, les malades en ach�tent beaucoup. Une option g�n�ratrice de surdosage ou de non-respect de la posologie. Dans les deux cas, il y a un impact n�gatif sur la sant� publique. Je tiens �galement � souligner un fait grave : le retour des maladies moyen�geuses : la gale, la tuberculose, et ce, pour ne citer que celles-l�. Depuis quelque temps, chaque jour que Dieu fait, on re�oit des cas r�v�lateurs. Apr�s 50 ans d�ind�pendance et des milliards de dinars consentis dans le secteur de la sant�, la soci�t� alg�rienne se retrouve � g�rer des maladies subordonn�es � la pauvret�. C�est navrant !