Des centaines de pharmaciens d'officines implantées à travers le pays conventionnés avec la Cnas attendent depuis plusieurs mois le règlement des créances détenues sur les caisses régionales de sécurité sociale, a-t-on appris hier de l'Ordre des pharmaciens. Une attente qui pèse lourd pour les pharmaciens craignant des difficultés pour s'approvisionner en médicaments, sachant que le montant n'a pas été communiqué. Les délais de payement sont pourtant fixés légalement à un mois, mais en réalité le règlement ne se fait pas à temps. L'inquiétude est d'autant plus légitime que les pharmaciens attendent la mise en œuvre de la nouvelle convention instituée par décret en novembre 2009, qui stipule un délai de paiement ne dépassant pas 16 jours. La corporation est préoccupée également par le nombre important de dossiers à traiter. Selon Lotfi Benbahmed, président de l'Ordre des pharmaciens, toutes les wilayas sont concernées par des litiges avec les services de la Cnas, sans préciser leur nombre. L'autre problème relevé est celui relatif aux ordonnances rejetées par les caisses de la sécurité sociale à cause des anomalies qu'elles représentent. Certains prescripteurs omettent de mentionner, à titre d'exemple, l'âge des patients ou commettent des erreurs en écriture. Les pharmaciens sont confrontés à d'innombrables problèmes avec les agents de la Cnas, entre autres, des ordonnances de bénéficiaires du tiers payant sont refusées, mettant le pharmacien devant le fait accompli, étant donné que le système mis en place exige de l'officine de livrer le médicament avant d'être payée. Par ailleurs, le président de l'Ordre salue la mesure prise par les pouvoirs publics encourageant les pharmaciens à vendre des médicaments génériques ou fabriqués localement, souhaitant par la même occasion l'instauration d'une disposition permettant aux médecins de prescrire la dénomination commune internationale (DCI) des médicaments à la place des noms commerciaux des remèdes. Ceci, a-t-il expliqué, donnera aux pharmaciens la possibilité de remplacer les médicaments prescrits sur l'ordonnance. M. Benbahmed refuse l'arbitrage de la Caisse nationale d'assurance chômage qui décide, à elle seule, la résiliation d'une convention avec une officine. «La Cnas ne peut être juge et partie en même temps», a-t-il relevé. «En principe, lorsqu'il s'agit d'une erreur médicale, c'est l'Ordre des pharmaciens qui prend les mesures nécessaires à l'encontre du pharmacien et lorsqu'il s'agit d'une infraction, c'est à la justice de trancher», a-t-il précisé. Pour pouvoir défendre les intérêts des pharmaciens conventionnés individuellement avec la caisse de sécurité sociale, l'Ordre propose de signer une convention nationale collective entre les deux parties.