Pour le pr�sident du Mouvement pour la soci�t� et la paix (MSP), Bouguerra Soltani, �un chahut de gamins ne r�alise pas la justice sociale et un printemps porte plut�t ses fruits�. Or, pr�tend-il, les islamistes auraient �r�cup�r� ce soul�vement d�s le vendredi 7 octobre�� Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - M. Soltani qui s�est exprim�, hier, � l�ouverture d�une conf�rence organis�e au si�ge national du MSP � Alger, � l�occasion du 24e anniversaire des �v�nements du 5 octobre 1988, est parti de ce postulat : �23 ans durant et le pouvoir claironne que ces �v�nements �taient un chahut de gamins instigu� par des mains �trang�res et qui a abouti � des �v�nements plus atroces encore, �rig�s en trag�die nationale. C��tait jusqu�au 4 janvier 2011. Depuis, ce m�me pouvoir les qualifie de printemps alg�rien et estime que les Alg�riens n�ont pas besoin de surfer sur la vague du printemps arabe ou islamique car ils ont v�cu leur printemps il y a deux d�cennies d�j�.� Un revirement que M. Soltani b�nit : �Nous, nous saluons ce revirement�. Avant d�ass�ner : �Le pouvoir se taille des discours � sa mesure.� Et de poser la question : �Qu�est-ce qui a chang� en ce quart de si�cle suivant les �v�nements ?� C��tait un r�glement de compte� Dans l�esquisse de sa r�ponse, M. Soltani revisite cette �poque : �Regardons dans le r�troviseur. Les �gamins� n�avaient pas touch� aux �coles ni aux universit�s mais ont cibl� les symboles du r�gime � l��poque : les locaux du parti unique, le FLN. Et le peu d�institutions ou d�immeubles appartenant aux priv�s qui ont �t� saccag�s se trouvaient dans la proximit� imm�diate de ces locaux. Ils se sont soulev�s contre le r�gime du parti unique. En 1988, la bureaucratie a atteint des summums insoutenables, les canaux de dialogue n�existaient pas, l�absence de l�Etat se faisait sentir � tous les niveaux et les abus de pouvoir �taient devenus la r�gle. Se sont ajout�s � ces ingr�dients explosifs, un discours appelant � la renaissance de l�Islam qui s�amplifiait et une bataille entre deux clans au pouvoir qui faisait rage.� Ainsi, il fait le parall�le avec les �printemps� des pays arabes : �Ce sont � peu pr�s les m�mes conditions qui ont amen� aux soul�vements en Tunisie, en �gypte et ailleurs. Or, nous avons besoin de go�ter aux fruits de ce printemps. Des fruits que nous n�avons toujours pas cueillis en d�pit des conditions favorables.� Selon M. Soltani, les Alg�riens n�ont rien tir� de leur soul�vement en 1988 : �La concentration du pouvoir et de la richesse aux mains des dignitaires du r�gime, la confiscation des libert�s des citoyens, la fraude �lectorale, la bureaucratie, la corruption et l�impunit� t�moignent, 25 ans apr�s, du pourrissement en Alg�rie. Au bout du compte, le pays a perdu 20 ans de stabilit� et de d�veloppement. Une p�riode de transition qui n�a toujours pas connu son �pilogue. 20 ans, faits de terreur. L�opposition est toujours consid�r�e comme le sous-traitant de conspirations �trang�res. Des droits et des libert�s qui ne sont garantis que sur le papier.� Ce n��tait donc pas un chahut de gamins, encore moins le printemps alg�rien, mais, sugg�re-t-il, ce mouvement �tait le r�sultat d��un r�glement de compte entre deux clans au pouvoir qui a d�bord� par la suite et a d�pass� ses instigateurs�. Il a, enfin, appel� � m�diter ces �v�nements pour en tirer les enseignements : �Moi, je me suis rendu compte tardivement que l�Etat construit apr�s 1962 n��tait pas � la hauteur de la R�volution de Novembre. Je dirai que les �r�alisations� aussi n��taient pas � la hauteur du sang vers� en 1988. Il faut n�anmoins noter deux choses positives : �Les Alg�riens ont r�gl� leurs comptes entre eux et la r�conciliation nationale s�est achev�e � 80%. Restent quelques dossiers que nous devons rapidement r�gler car ils sont utilis�s par les instances internationales comme cartes de pression sur nous, � l�instar du dossier des disparus. � L. H. Quand Bouguerra assimile le TAJ au FIS ! �voquant les �lections locales en marge de cette conf�rence, Bouguerra Soltani a soulign� qu�il a �donn� toute la latitude � ses militants locaux de choisir s�ils se pr�sentent sur des listes propres au parti ou de s�allier avec ceux d�Ennahdha et El Islah dans le cadre de l�Alliance de l�Alg�rie verte�. Il a �galement pr�cis� que la direction du MSP a convenu que le parti n�entre pas en lice dans les communes �d�ficitaires ou isol�es�. Des communes, avance- t-il, qui �n�apporteront rien au parti�. Plut�t, insiste-t-il, �elles vont l�induire dans des probl�mes ing�rables�. Appel� � commenter le ralliement en masse de militants de tous bords au parti d�Amar Ghoul, r�cemment agr��, M. Soltani a eu cette r�plique : �Ma yebka fel oued ghir hajarou (ne reste dans l�oued que ses cailloux, Ndlr) ! Au MSP, je dirai que nous sommes les cailloux. Nous sommes d�mocrates, nationalistes et islamistes. Sinon, on ne juge pas un parti � ses d�buts. Il faudrait que son action s�inscrive dans la dur�e et on le jugera apr�s. Beaucoup de gens ont aussi rejoint le FIS � ses d�buts mais cela a men� au r�sultat que tout le monde conna�t.�