Par Hassane Zerrouky �Avec de telles dispositions, nous consacrons l��tat th�ocratique. Vous pouvez dire adieu � la libert� qui vous a �t� offerte par la r�volution�, avertissait en septembre dernier l�universitaire et penseur tunisien Yadh Ben Achour � propos du projet de Constitution tunisienne mis en d�bat depuis le 23 d�cembre dans plusieurs r�gions du pays. Deux ans apr�s la chute de Ben Ali, et un peu plus d�un an apr�s l��lection de l�Assembl�e constituante le 23 octobre 2011, cette derni�re ne disposait que d�un mandat d�une ann�e pour r�diger le projet de Constitution, avant les �lections l�gislatives et pr�sidentielle pr�vues th�oriquement le 23 juin 2013, comme le proposait l�accord conclu entre les trois partis de la coalition au pouvoir, le 13 octobre dernier : Ennahdha (islamiste) et les deux partis de centre gauche, le CPR du pr�sident Moncef Marzouki, et Ettakatol de Mustapha Ben Ja�far, actuel pr�sident de l�Assembl�e constituante. Un peu plus d�un an apr�s, l�Assembl�e constituante est toujours en place. Et le texte constitutionnel qu�elle a r�dig� et mis en d�bat ne fait l�unanimit� ni parmi les partis ni parmi les acteurs de la soci�t� civile. M�me les Nations unies l�ont critiqu�. �Le projet de la nouvelle Constitution tunisienne ne parvient pas � se r�f�rer aux obligations internationales relatives aux droits de l�Homme, que la Tunisie s�est engag�e � respecter�, observe le rapport de la mission d�experts onusiens � l�issue de sa mission en Tunisie au mois de d�cembre. La question de l��galit� hommes-femmes et celle de la libert� de conscience et d�expression sont au c�ur du d�bat. Certes, sous la pression de la soci�t� civile et des forces de progr�s, Ennahdha avait renonc�, dans un premier temps, � ce que la Charia soit la source de la l�gislation et � l�instauration d�un haut conseil de la Charia. Le parti islamiste avait accept� que l�article premier de l�ancienne Constitution qui ne faisait pas r�f�rence au religieux soit maintenu en l��tat. Une d�cision salu�e par ses alli�s comme une avanc�e et prouvant, si besoin �tait, qu�Ennahdha n�avait pas pour objectif l�instauration d�un �tat islamique ! En fait, �il est sorti par la porte pour revenir par la fen�tre�, ironise-t-on � Tunis o� les moindres d�clarations, propos, actions des islamistes dit mod�r�s sont scrut�s � la loupe. �Ce sont des rus�s comme pas un. Ils ne font rien au hasard�, confie Kacem Afaya, secr�taire g�n�ral adjoint de l�UGTT. Il en est ainsi de l�article 23 du projet de Constitution o� la femme est consid�r�e comme �un compl�ment de l�homme� et qui a provoqu� une manifestation monstre des Tunisiennes. �Nous ne sommes pas des compl�ments d�objets directs ou indirects�, avait alors r�agi Fatma Ksila, militante des droits des femmes ! Les organisations de femmes tunisiennes, AFDT (Association des femmes d�mocrates tunisiennes) en t�te, exigent tout simplement la reconduction du code du statut personnel promulgu� par Habib Bourguiba en 1956, lequel consacrait l��galit� entre les deux sexes, l�interdiction de la polygamie et de la r�pudiation, et non un remaniement de l�article en question. Ce qui est s�r, c�est que pour Ennahdha et leurs alli�s salafistes, la femme n�est pas l�avenir de l�homme. Autre disposition constitutionnelle qui fait d�bat, la criminalisation du sacr�. Outr� par la projection du film Ni Dieu ni ma�tre, de Nadia Fanny, par la diffusion de Pers�polis par la cha�ne Nessma TV, diffusion ayant donn� lieu � des violences salafistes et des poursuites judiciaires contre Nabil Karoui, le patron de la cha�ne, et enfin par l�exposition des caricatures, en juin, � la Marsa, par des artistes tunisiens, toutes jug�es offensantes envers l�islam, Ennahdha a tent�, via cet article criminalisant le sacr�, d��touffer la libert� d�expression et, partant, la libert� de conscience. Et ce, sans compter d�autres dispositions, telles celles stipulant que l�Islam est religion d��tat, �principe non n�gociable�, a clam� Ennahdha. Tunis, 14 janvier, avenue Bourguiba. Deux mondes se faisaient face. Celui des forces de gauche et progressistes � Front populaire (gauche radicale), al-Massar (issu de la mouvance communiste), al-Joumhouri et Nida Tounes � et celui incarn� par Ennahdha et les salafistes brandissant des drapeaux tunisien, �gyptien, libyen et celui de la �Syrie libre�. Un face-�-face sans incident. Pour le moment !