Si l�Alg�rie a �chou� dans sa farouche volont� de se moderniser, c�est parce que toutes les politiques de d�veloppement ont �t� con�ues pour satisfaire les aspirations du peuple imagin� et non pour r�pondre aux demandes de la soci�t� r�elle jug�e trop mat�rialiste par le mysticisme du pouvoir. Il faut insister sur ces notions de peuple et de soci�t� pour les analyser par les approches de la sociologie politique et de la philosophie politique. Comment peut-on d�finir le peuple ? C�est un ensemble d�individus unis face � des adversaires potentiels et partageant une histoire commune. Les individus se forment en peuple quand un danger ext�rieur les menace, quand une force �trang�re les agresse. Le peuple est un �tat d�esprit qui s�empare des individus lorsqu�ils per�oivent que la communaut� qu�ils forment est opprim�e ou menac�e dans son existence. Dans cette situation, les individus se d�tournent de leurs int�r�ts personnels pour se consacrer � la d�fense de la communaut�. Il y a alors une mobilisation autour de symboles qui alimentent l�extase collective et l�esprit de sacrifice. C�est de l� que proviennent les h�ros qui redeviennent des individus ordinaires lorsque l�ennemi est vaincu. D�s lors que la menace ext�rieure dispara�t, le peuple se dissout pour devenir un ensemble d�individus aux int�r�ts divergents et contradictoires. Combien d�anciens combattants de l�ALN, qui avaient risqu� leur vie dans les maquis, sont devenus des privil�gi�s du syst�me vivant de la pr�dation ? Ils n�ont pas chang� ; ce sont les circonstances historiques qui ont chang�. En temps de guerre, la notion de peuple est r�volutionnaire, mais en temps de paix, elle est utilis�e par des r�gimes autoritaires pour justifier la r�pression et l�arbitraire. En Occident, elle est utilis�e par des courants de pens�e de droite pour d�finir les crit�res d�appartenance � la communaut� nationale. Pour r�sumer, le peuple est un sentiment qui appara�t en temps de crise profonde ou de guerre et le populisme est une id�ologie qui permet aux dirigeants de se r�clamer du peuple tout en niant les diff�rences et les in�galit�s sociales. Peuple et soci�t� sont des cat�gories qui ont des contenus id�ologiques et historiques diff�rents. Le premier est guerrier et pratique l�affectif, l�extase et l�esprit de sacrifice. La seconde, mondaine et peupl�e de marchands �go�stes, est marqu�e par �les eaux glac�es du paiement au comptant� (Marx). Ses membres sont associables et leur vie en commun n�est possible que par le droit. C�est cette diff�rence radicale entre les deux cat�gories qui explique que l�id�ologie populiste n�aime ni les sujets de droit ni le droit. C�est ce qui explique aussi que le syst�me politique alg�rien tourne le dos au droit constitutionnel du fait m�me que la notion de peuple n�est pas op�ratoire en droit public. Ainsi, le syst�me politique alg�rien, et la culture politique qui lui a donn� naissance, reposent sur une notion qui n�a aucune pertinence en sociologie politique en dehors du cas de figure de l�occupation �trang�re. Le seul droit que peut conqu�rir le peuple, sous occupation �trang�re, c�est celui de l�auto-d�termination. Certes, les Constitutions des Etats de droit proclament que la souverainet� appartient au peuple, mais c�est un effet de style. En r�alit�, la souverainet� aura appartenu � la majorit� �lectorale apr�s les �lections. Cette fiction selon laquelle le peuple est souverain n�est acceptable que parce que la minorit�, qui ne s�identifie pas aux �lus, peut devenir la majorit� quelques ann�es plus tard. Dans la d�mocratie, la notion de peuple a �t� sauv�e par l�alternance qui permet � la minorit� d�aujourd�hui de devenir la majorit� de demain. Le peuple n�est pas une r�alit� sociologique, ni une cat�gorie juridique du droit public ; c�est une repr�sentation id�ologique qui appara�t � certains moments de l�histoire d�une soci�t� laquelle se d�finit comme un ensemble d�individus se r�clamant d�une identit� commune porteurs d�aspirations particuli�res. Les antagonismes entre eux sont si profonds que leur coexistence n�est possible que s�ils sont prot�g�s par l�Etat de droit dans l�espace public marqu� par la comp�tition pour les biens mat�riels et symboliques. La vie quotidienne serait infernale en soci�t� si les individus ne sont pas des sujets de droit prot�g�s par la puissance publique. Ceci n�est pas seulement une pr�misse th�orique ; c�est un constat fait par les Alg�riens eux-m�mes vivant dans les villes, subissant un d�sordre marchand qui lib�re une violence sociale permanente. Le caract�re rentier de l��conomie exacerbe la conflictualit� dans une sph�re marchande domin�e par la logique de la r�partition. La masse mon�taire issue de l�exportation des hydrocarbures est au centre d�un jeu � somme nulle o� les sp�culateurs et les pr�dateurs cherchent � pr�lever le maximum. La violence des rapports marchands, qui exclut les faibles revenus de la consommation (les d�penses durant le mois de Ramadhan, les f�tes de l�A�d, les c�r�monies familiales comme le mariage, le p�lerinage�) se prolonge en violence sociale qui reproduit un d�sordre urbain que les autorit�s s�av�rent impuissantes � contenir. A l�exception des petites villes et des villages, la vie sociale en Alg�rie rend indispensable l�instinct de survie alors qu�ailleurs elle repose sur le droit. La violence sociale dans l�espace urbain, dont sont victimes surtout les femmes et les vieilles personnes, n�est pas le propre des Alg�riens ; elle est l�expression de profondes tendances anthropologiques de l�homme �go�ste dans une situation historique o� la tradition et la religion ont perdu de leurs capacit�s de freiner les app�tits des uns et des autres. Il manque � l�Alg�rie les m�canismes �conomiques, politiques et juridiques de r�gulation qui assurent la sociabilit� de la soci�t� moderne. Pour acqu�rir ces m�canismes, il lui faut accepter la diff�renciation sociale dans le respect de la libert� et la dignit� des individus. La diff�renciation sociale est un th�me constitutif de la sociologie classique (T�nnies, Durkheim, Weber�) qui a insist� sur l�autonomie des champs ob�issant � leurs propres logiques. Lorsque le champ politique se lib�re du religieux et du militaire, lorsque le champ �conomique se lib�re du politique, etc., ils ob�issent � une tendance sociologique qui fait �merger l�individu comme sujet. La modernit� est le processus de subjectivation et de s�paration des diff�rentes logiques sociales, � laquelle, de mani�re contradictoire, le r�gime alg�rien s�est oppos� tout au long de ces cinquante derni�res ann�es. La diff�renciation des pratiques sociales dans la modernit� a eu pour cons�quences, entre autres, le d�coupage des diff�rentes disciplines dans le champ acad�mique en Occident, chacune avec son objet comme l��conomie, la sociologie, la science politique, etc. Ceci ne doit pas faire oublier que l�objet empirique des sciences sociales est une r�alit� sociologique totale que nous, universitaires, d�coupons en sociologie, �conomie, psychologie� pour des besoins m�thodologiques. Dans les exp�riences historiques comme l�Alg�rie, o� la diff�renciation sociale est en cours, l��conomie, la sociologie, la science politique� n�ont pas d�objets qui leur sont propres. Il faut mettre en �uvre l�approche du �ph�nom�ne social total� (Marcel Mauss) pour appr�hender la soci�t� comme une structuration sociale du march� et l�Etat comme un cadre politico- juridique qui articule la soci�t� au march�. A cet effet, l�anthropologie �conomique (pour la sph�re des biens et services) et l�anthropologie politique (pour les rapports d�autorit�) sont mieux outill�es m�thodologiquement pour rendre compte de la vie sociale en Alg�rie. Les soci�t�s europ�ennes des XVIIIe et XIXe si�cles �taient confront�es � ces crises de construction de la soci�t�, du march� et de l�Etat qui rappellent, dans une certaine mesure, les difficult�s de l�Alg�rie. Il y a une dialectique entre ces trois cat�gories, parfaitement analys�e par Karl Polanyi dans son ouvrage majeur La Grande Transformationqui fait r�f�rence � l�Angleterre de la fin du XVIIIe si�cle, o� la terre et la force de travail �taient devenues des marchandises du capitalisme naissant, soumises � un syst�me de prix implacable. Sur la base de donn�es historiques, Polanyi explique que, si le march� est d�sormais in�luctable et qu�aucune collectivit� humaine ne peut y �chapper, il a aussi la capacit� de d�truire la substance humaine de la vie sociale s�il n�y a pas un Etat de droit pour limiter ses forces destructrices aveugles. Les premiers � avoir per�u ce danger, ce sont �videmment les marxistes, mais ils n�ont pas compris, � la diff�rence de certains d�entre eux, notamment le Russe Pr�obrajensky, qu�il fallait le d�passer et non s�y opposer. C�est L�on Walras qui disait, s�inspirant de David Hume : �On commande au syst�me de prix en lui ob�issant.� Il faut insister sur la notion de soci�t� qui est une articulation d�int�r�ts contradictoires rendus compatibles uniquement par le droit et par la capacit� l�gale de chacun � d�fendre ses droits. La philosophie politique, de Adam Smith � Karl Polanyi en passant par Ferdinand T�nnies, consid�re que la soci�t� est la cr�ation du march� et qu�elle est consubstantielle � l�id�e kantienne de droit. Kant parle de l�associable sociabilit�, c�est-�-dire que, pris individuellement, les individus sont asociaux. Ils ne forment une soci�t�, pour devenir sociables, que par le droit et par l�institutionnalisation des rapports d�autorit�. Ceci signifie que la soci�t� n�est pas un groupement naturel ; elle est une construction o� concourent les facteurs politiques, id�ologiques et �conomiques. Sur le plan �conomique, une soci�t� d�pend des richesses qu�elle cr�e par le travail ; sur le plan politique, elle prend conscience qu�elle est source de droit et de pouvoir. De ce point de vue, l�Alg�rie n�est pas une soci�t� au sens que donne la sociologie � ce concept : �conomiquement, elle d�pend des richesses fournies par la nature (les hydrocarbures) et politiquement elle a institu� les martyrs, repr�sent�s sur terre par la hi�rarchie militaire, comme source de pouvoir. Une soci�t� est une entit� autonome �conomiquement de l�ordre naturel et politiquement des consid�rations m�taphysiques. D�fendre la soci�t� compos�e d�individus sujets de droit Nous touchons l� une des principales contradictions du nationalisme alg�rien qui est une synth�se d�aspirations modernistes et d�id�ologie conservatrice, cherchant � construire une nation moderne organis�e sociologiquement et politiquement pour ne pas �tre domin�e et pour relever le d�fi �conomique que lance l�Occident aux peuples du Sud. Il y a de l�audace, ou de l�impens�, � vouloir construire la modernit� sans commencer � �veiller la conscience historique et � critiquer les pratiques sociales h�rit�es du pass�. La modernit� suppose l�affirmation de l�individu comme acteur prenant conscience de ses droits naturels, formant avec les autres individus une soci�t� qui enrichit son h�ritage culturel sans se satisfaire de le reproduire en l��tat. Ces tendances qui font na�tre la soci�t� sont balbutiantes en Alg�rie et elles ont besoin d��tre d�fendues par des �lites qui ont le sens des perspectives historiques. De ce point de vue, les �lites dirigeantes sont en retrait et soucieuses seulement de ne pas �tre contest�es par la majorit�. Elles n�ont pas une vision strat�gique de long terme, ob�issante � des int�r�ts imm�diats de pouvoir. C�est ainsi que la d�mocratie n�a jamais �t� un �l�ment important de la pens�e politique des dirigeants qui proclament d�tenir leur l�gitimit� du groupe national et non des individus qui composent ce groupe. Dans leur imaginaire, la nation n�est pas un ensemble d�individus libres exer�ant leur citoyennet� ; c�est plut�t un corps supra-organique o� les individus ont des devoirs et non des droits, comme si la conscience n��tait pas n�e au caract�re public de l�autorit�. Le pouvoir n�est, certes, pas priv�, d�tenu par une dynastie, mais il n�appartient � personne, exerc� par des �opportunistes de l�histoire� qui s�en servent pour reproduire le syst�me social au lieu de le moderniser. Le pouvoir d�Etat en Alg�rie est vacant parce qu�il n�y a pas de m�canismes id�ologiques qui le restituent � son propri�taire : la soci�t�. C�est l� que r�side la cause de l��chec du r�gime, et il ne s�agit pas d�erreur de mod�le ou de mauvaise application d�une politique �conomique plus ou moins coh�rente, il s�agit de repr�sentations politiques o� l�individu, en tant que sujet de droit, n�existe pas, et o� le groupe est sublim� dans le discours qui tient lieu de r�alit� � travers le chef dont la source d�autorit� est ext�rieure au groupe. Cela renvoie � l�ancien ordre politique traditionnel o� le politique est ni� et o� le chef a pour mission de redresser les torts et non d�assurer la libert� des uns et des autres. Il y a une culture � d�passer, celle centr�e sur la justice, pour �tre remplac�e par celle centr�e sur la libert�. La notion de justice est trop �lastique, mouvante, voire trop subjective pour servir de fondement � l�ordre politique moderne. Celui-ci se construit sur la notion de libert�, mesurable, justifiable et objectivable dans la mat�rialit� de la r�gle juridique. La soci�t� est l�articulation des libert�s particuli�res qui s�exercent dans l�espace public dans le respect de la conscience des uns et des autres. Le populisme a combattu la soci�t� embryonnaire, rendant ill�gales les libert�s publiques par lesquelles les individus jouissent de leurs droits naturels, ceux que Dieu ou la nature a donn�s � chacun � sa naissance. Dans l�histoire politique de l�Alg�rie, le populisme a �t� une ruse de l�histoire qu�ont utilis�e les dirigeants pour se parer du vernis moderniste. L�objectif a �t� de doter le pays d�une industrie moderne fonctionnant avec des rapports d�autorit� de la soci�t� traditionnelle. Cependant, les �checs flagrants du r�gime ont amen� les dirigeants � douter de l�efficacit� de l�id�ologie populiste. D�s le milieu des ann�es 1980, les dirigeants y ont perdu foi, mais ils restent li�s par son h�ritage. De 1962 � 1988, le r�gime l�a d�fendu comme vision politique et les �lites y croyaient plus ou moins. De 1992 � nos jours, ils n�y croient plus et le r�gime est devenu une fin en soi. Il n�a pas de projet autre que la lutte contre le terrorisme et la construction d�infrastructures de communications. Le r�gime alg�rien a perdu sa force id�ologique, le populisme, accapar� d�sormais par les islamistes qui, dans un langage religieux, accusent les dirigeants d�avoir trahi le peuple musulman. Les islamistes reproduisent, de mani�re anachronique, le populisme du FLN historique. C�est pour avoir refus� de construire la soci�t� sur la base des libert�s individuelles que le r�gime a favoris� un n�o-populisme religieux publiquement hostile � la modernit�. Il y a cependant une cons�quence terrible de 50 ans de populisme assum� ou non. Comme il n�y a pas d�espace prot�g� juridiquement pour l�expression des divergences politiques, les dirigeants n�auront pas o� aller s�ils venaient � quitter le pouvoir. L�Etat est devenu leur refuge pour �chapper au sort de Kadhafi qui lui aussi avait cultiv� le mythe des masses populaires tout en emp�chant la Libye de donner naissance � une soci�t� o� il aurait pu vivre en tant que citoyen et ancien dirigeant. L�exp�rience des 50 ann�es de modernisation autoritaire peut �tre caract�ris�e par le refus � que l�Alg�rie paie aujourd�hui au prix fort � de la formation d�une soci�t� compos�e de sujets de droit. Cette trajectoire s�inscrit cependant dans l�histoire du pays qui a eu � se lib�rer de la domination coloniale en cr�ant une arm�e r�volutionnaire. L�Alg�rie a d�abord cr�� une arm�e et ensuite un pouvoir central. Que veut l�arm�e ? Elle veut que l�administration se mette au service de la population et que la paix civile soit garantie. Cependant, sans le vouloir, elle s�oppose � ces deux objectifs parce qu�elle refuse l�autonomie des corps interm�diaires qui seuls emp�chent la d�linquance financi�re de se propager parmi le personnel du pouvoir r�el et du pouvoir formel. Par corps interm�diaires, il faut entendre les partis, les assembl�es �lues, les syndicats, la presse, les organisations socioprofessionnelles, etc., qui sont l�expression politique des int�r�ts contradictoires des membres de la soci�t�. L�Alg�rie moderne est n�e avec une d�formation historique qu�il lui appartient de r�sorber. L�Etat doit s��manciper de la tutelle de l�arm�e pour se consacrer � la t�che de construction du cadre politique de la vie sociale et du cadre juridique de l�activit� marchande. Je conclurais en r�pondant � la question d�une coll�gue qui, lors du d�bat, me reprochait d��tre h�g�lien en r�ifiant les cat�gories de march�, soci�t� et Etat. Ce n�est pas moi qui suis h�g�lien, ce sont les nationalistes alg�riens qui l��taient, en r�vant d�une Alg�rie ind�pendante organis�e politiquement en Etat et �conomiquement en march�. Messali Hadj, Ferhat Abbas, Larbi Ben M�hidi, Amirouche, Hamou Boutl�lis� �taient en effet des r�volutionnaires h�g�liens parce qu�ils avaient per�u que la seule alternative � la domination coloniale �tait de cr�er des figures alg�riennes de l�historicisme h�g�lien. Comment exister, se demandaient-ils pertinemment, dans la structure des relations internationales r�gul�es par la force si une collectivit� humaine ne forme pas un Etat souverain ? Mais leurs h�ritiers � l�ind�pendance auraient d� se poser les deux questions suivantes : comment cet Etat peut-il garantir son ind�pendance si son march� ne produit pas pour les besoins de sa population ? Comment cet Etat peut-il �tre stable si sa population est priv�e du droit de choisir ses dirigeants ? Si les nationalistes alg�riens �taient h�g�liens par le pass�, c�est parce qu�ils ont eu, sous la domination coloniale, le sens des perspectives historiques. Ils avaient instinctivement compris que l�histoire, depuis l�expansion europ�enne, �tait quelque part h�g�lienne. Mais le penseur le plus repr�sentatif de la modernit� philosophique, ce n�est pas Hegel, c�est Kant qui a donn� au concept de sujet de droit un fondement philosophique. Lorsque la philosophie de Kant influencera la culture politique locale, l�Alg�rie sera pr�par�e � s�organiser en soci�t� moderne avec un march� exportateur de valeur produite localement et un Etat de droit protecteur des libert�s individuelles et publiques. Autrement dit, s�il fallait �tre h�g�lien sous la domination coloniale, il faut �tre kantien apr�s l�ind�pendance. L. A. (*) Professeur de sociologie � l�IEP de Lyon Dernier ouvrage paru : Alg�rie : chroniques d�une exp�rience de modernisation postcoloniale, Editions Barzakh, 2012.