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Comment Tamanrasset subit les dommages de la guerre au Mali
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 02 - 2013

La guerre au Mali inqui�te les populations de Tamanrasset d�j� tr�s �prouv�es par une rude situation socio�conomique. Un tourisme au point mort et des �changes commerciaux frontaliers � l�arr�t. Le festival du dromadaire Ameni a �t� annul�. Cons�quence directe de la guerre au Mali. Notables, �lus et citoyens tirent la sonnette d�alarme. Ils demandent un plan d�urgence, notamment dans certains secteurs qui sont � vau-l�eau.
De notre envoy�e sp�ciale, Fatma Haouari

Des immigr�s clandestins subsahariens, en nombre important, ont envahi la ville depuis le d�but de l�intervention militaire fran�aise au Mali. Un travail suppl�mentaire que doivent endosser les forces de s�curit� qui ont entam� depuis quelques jours une vaste op�ration pour les reconduire aux fronti�res. Une op�ration, selon une source s�curitaire, qui durera jusqu�au mois de f�vrier. Difficile de les distinguer au premier abord des Maliens, mais ces derniers ne sont pas concern�s car ils b�n�ficient du statut de r�fugi�s. Ils sont, nous indique-ton, regroup�s � Tinzaouatine. Le grand �cueil reste que les populations, y compris les Touareg, disposent rarement de papiers et le plus surprenant dans l�histoire est que beaucoup conduisent des v�hicules sans permis. Un casse-t�te pour les forces de l�ordre qui, lasses d�interpeller constamment les conducteurs, ferment souvent les yeux car �il est difficile, nous dit Sa�d, un policier originaire d�une ville de l�Est, de v�rifier leur identit�. Nous nous r�f�rons alors � la langue�. Il faut dire que dans cette ville cosmopolite, on parle de �52 nationalit�s diff�rentes �, les trafics en tous genres sont l�gion ; v�hicules, drogue, prox�n�tisme, contrebande s�y sont enracin�s depuis des ann�es, en l�absence de projets de d�veloppement et de politique d�emploi, mais surtout de structures d�accueil d�immigr�s africains qui fuient leur pays. Notre policier nous montre un parking au centre-ville o� se pratique un n�goce des plus surprenants. Celui des v�hicules. Et pas n�importe lesquels : du haut de gamme � des prix frisant l�irrationnel : �Vous pouvez vous procurer une Audi, toutes options, un 4x4 ou encore une 406 pour trois fois rien. Quant aux papiers, on demande une autorisation de circulation pour trois mois � la da�ra de A�n Guezzam. Les gens qui s�adonnent � ce business savent parfaitement comment contourner les lois, parce qu�il y a aussi des complicit�s. On peut tourner avec un v�hicule pendant un an mais les risques sont �normes.� Il nous r�v�lera aussi que �la drogue, notamment les psychotropes et la zetla, est abondamment consomm�e�. Le ch�mage �tant � son apog�e, les activit�s clandestines sont courantes. D�ailleurs, sur la chauss�e parall�le au parking, des taxis clandestins sont stationn�s et attendent sagement leurs clients. Pour 50 DA, ils les emm�nent partout o� ils veulent se rendre � l�int�rieur de la ville. Le transport public �tant un autre probl�me r�current. Non loin, au grand march� de la ville, on trouve toutes sortes de marchandises provenant du Niger, du S�n�gal, de Libye, du Mali et d�autres pays voisins. Cela va des produits cosm�tiques de composition douteuse aux produits artisanaux locaux, alimentation, lunettes et montres falsifi�es (Prada, Ray Ban, Cartier, Tissot sans oublier Rolex) m�me si on jure par tous les saints qu�elles sont vraies. Les prix sont imbattables, mais il faut n�gocier dur. Ce qui est �tonnant dans ce bazar, c�est la vente de t�l�phones portables. Un espace ouvert est d�di� � ce commerce o� les vendeurs redoublent d�ing�niosit� pour attirer les acheteurs. Le lieu, nous dit-on, est aussi un march� qui alimente ceux du Nord. La marchandise provient, nous a-t-on fait savoir, du Niger et on voit bien que les Nig�riens connaissent bien les rouages du m�tier puisqu�ils sont l� depuis longtemps. Plusieurs marques prestigieuses ayant d�innombrables applications comme Nokia et Samsung, et d�autres marques inconnues qui d�apparence semblent tr�s sophistiqu�es. Ces portables font p�mer de plaisir les fans du mobile hytech. Seul b�mol, ces produits sont made in China. On comprend � travers de simples lectures la guerre d�influence men�e en Afrique par les grandes puissances, la dispute des march�s �tant aux premi�res loges. Les vendeurs de diff�rentes nationalit�s font ce qu�ils peuvent pour survivre dans un climat de grande pauvret�. Certains marchands vendent des fruits � l�unit� : banane, orange, pomme ou encore noix de coco, pour gagner quelques dinars. De quoi subsister au jour le jour. Nul besoin de sortir de l�ENA pour d�duire que la localit� est marginalis�e par rapport au nord du pays, en d�pit de certains chantiers qui ornent quelques endroits. La fabrication de bijoux en argent est une sp�cialit� de la r�gion mais l�artisanat se meurt doucement en l�absence de la client�le que le tourisme pourvoit. Cependant, les artisans, d�une grande dext�rit�, continuent � faire leur m�tier en esp�rant des jours meilleurs. Lors de notre vir�e, nous avons �t� constern�s de voir � quel point l�oasis Rouge est tomb�e dans la d�liquescence alors qu�il y a quelques ann�es, elle �tait une destination pris�e des touristes nationaux et �trangers pour le d�paysement qu�elle assurait et ses grands sites magiques et ses paysages d�une beaut� � couper le souffle. Hormis les f�tes de fin d�ann�es, le tourisme est bas� sur les randonn�es et visites sur sites avec bivouac et nuit�es � la belle �toile. Les exp�ditions sont devenues de plus en plus rares et donnent mati�re � l�anxi�t� et � la crainte d�un avenir sans perspectives. Certains repr�sentants des agences de tourisme se voient contraints de fermer boutique si cet �tat devait perdurer. Des guides touristiques qui connaissent chaque coin et venelle de la ville et de ses environs se sont reconvertis dans d�autres activit�s pr�caires et regrettent le temps o� la capitale de l�Ahaggar �tait un paradis sur terre.
Fiers de l�arm�e nationale !
Durant notre s�jour a eu lieu l�attaque de Tiguentourine, � In Amenas. L�inqui�tude est mont�e d�un cran car la ville a connu �galement une agression terroriste et les gens craignent le pire, �tant dans la ligne de mire des djihadistes. L�assaut de l�arm�e nationale a �t� accueilli avec un grand soulagement. Des citoyens que nous avons interrog�s nous ont dit qu�ils ��taient fiers de notre arm�e nationale�, ou encore �on ne badine pas avec la s�curit� du pays�, �l�ANP a bien fait de ne pas n�gocier avec les terroristes�. Cependant, si on pense que cette attaque est directement li�e � l�intervention fran�aise au Mali, les avis divergent sur l�implication de l�Alg�rie dans ce conflit. Certains ne comprennent pas pourquoi les autorit�s officielles ont ouvert un couloir a�rien aux avions fran�ais. D�autres ont estim� que �notre pays subit des pressions de l�Occident car les Fran�ais veulent l�uranium et l�or du Mali�. Il faut dire que les populations du Nord- Mali et celles de Tamanrasset ont tiss� des relations d�amiti�, de parent� et des relations commerciales. Deux jeunes militaires, l�un originaire de T�bessa, en poste depuis trois ans, et l�autre de Skikda que nous avons rencontr�s estiment que �le plus grand probl�me ne r�side pas dans la s�curit� des fronti�res car les forces de l�arm�e sont en �tat d�alerte et pr�ts � affronter n�importe quel bataillon, mais dans les maux sociaux qui gangr�nent la ville�. Concernant l�offensive de l�ANP � In Amenas, l�un des militaires aura cette phrase lourde de sens : �Si on n�avait pas �t� prompts, on aurait vu d�filer sur notre terre des escadrons militaires de plusieurs nationalit�s pour nous dicter leur loi. La prise d�otages aurait dur� plus longtemps et ils auraient ainsi trouv� un pr�texte pour nous accuser de d�faillance. Ce qu�il faut imp�rativement retenir est que nous avons �vit� une intervention �trang�re !�
Le logement, une crise et des interrogations
On est en droit de s�interroger sur tous ces soi-disant plans de d�veloppement du Sud. Que fait le gouvernement pour booster les projets � destination de cette partie essentielle de notre pays ? Pourquoi cette discrimination et pour quel objectif ? Si la s�curit� des fronti�res est l�apanage de l�arm�e, la s�curit� int�rieure en mati�re de sant�, d��ducation, d�emploi, d�habitat et d�environnement est celle du pouvoir central, lequel, malheureusement, est aux abonn�s absents. Ce n�est pas un fait nouveau et la situation dans laquelle se trouvent les villes frontali�res du Sud a bien �t� r�pertori�e dans les recommandations du Cnes, � l�issue des assises sur le d�veloppement local. Mais depuis, rien, ou presque, n�a �t� fait pour pr�venir cet �tat. En cette p�riode cruciale de l�histoire de l�Alg�rie, le soutien des populations est plus qu�important et la veille et la s�curit� de leur entourage leur incombent en premier lieu. Brahim est universitaire. Nous l�avons accost� au chef-lieu de wilaya �On doit imp�rativement lier la stabilit� socio�conomique � la s�curit� nationale, il faut tirer les le�ons de ce qui se passe au Mali car le chaos dans ce pays est d� en premier lieu � la mis�re de ses populations. � En arpentant les rues, on remarque des bidonvilles qui s��tendent � perte de vue. Des enfants par centaines s�adonnent � la mendicit� les jours d��cole ou fouillent dans les poubelles. Les ordures d�figurent la ville et on constate ais�ment l�absence d�une strat�gie urbanistique qui aurait pu mettre en valeur les sp�cificit�s de l�espace saharien. Le cadre de vie est dans un pi�tre �tat. A ce sujet, le pr�sident de l�APC de Tamanrasset, Zounga Ahmed Hamada, nouvellement install� � la t�te de la commune, reconna�t que �la ville est confront�e � d��normes probl�mes, � commencer par une d�gradation de l�environnement et les constructions illicites�. Au premier, il impute la responsabilit� au manque de civisme des citoyens. A cet effet, il leur lance un appel pour l�aider � endiguer ce ph�nom�ne en respectant les normes d�hygi�ne. Pour ce qui est des bidonvilles, le P/APC r�torque en disant que �c�est un probl�me qui inqui�te les autorit�s. Nous proc�dons � des d�molitions mais les gens reconstruisent de nouveau m�me durant la nuit !� Il reproche �galement aux autorit�s officielles de �construire des cages o� les habitants ne se sentent pas bien. Les formats de logements qui sont construits sont trop exigus. Il faut comprendre la mentalit� du Sahraoui. Il a besoin d�une habitation spacieuse, avec un jardin et une �table o� il peut mettre ses troupeaux de ch�vres�. De son c�t�, le vice-pr�sident, Badi Chikh, est cat�gorique. Il nous explique que �la grande responsabilit� incombe � l�agence fonci�re car depuis 1994, l�interdiction de la vente de lots uniques a cr�� l�anarchie. Les ventes aux ench�res se font sur des lots group�s de 4 ou 5 et dans ce cas-l�, un citoyen modeste ne peut pas y acc�der. Seuls ceux qui ont de l�argent peuvent se permettre de tels achats�. On a appris que le m�tre carr� est vendu � 10 000DA, un comble pour une wilaya du Sud et pour des citoyens qui arrivent � peine � survivre de leur labeur. Ce qu�on peut interpr�ter � travers les propos de l��dile est que dans cette ville o� le foncier est en abondance, la crise de logement semble �tre fabriqu�e de toutes pi�ces. Elle rel�ve de la sp�culation et des barons. Encore une autre histoire de maffia. On en sortira donc jamais !
SOS � Ziari, Baba Ahmed et Benyoun�s
Cons�quence de la promiscuit� et des m�urs qui ont tendance � changer avec des populations venues de diff�rents pays africains et d�ailleurs, �les cas de sida sont fr�quents�, nous r�v�le une source m�dicale. Les campagnes de sensibilisation ayant trait � la protection des rapports sexuels sont conjoncturelles alors qu�elles devraient se faire cycliquement. On nous a signal� �galement des cas de paludisme, enregistr�s durant notre visite au seul h�pital de la ville qui accueille un flux important de malades. L��tablissement hospitalier conna�t une tr�s forte pression. Manque de m�dicaments, de consommables, de m�decins sp�cialistes, des conditions de travail al�atoires et p�nibles et m�me �les souris, des bestioles qui se planquent partout dans l�h�pital, nous dit-on, y ont �lu domicile�. De longues files d�attente pour des consultations ; quant aux interventions chirurgicales, le personnel m�dical est d�pass�. Des centaines de malades affluent quotidiennement vers des services qui ne disposent, dans le meilleur des cas, que de deux m�decins sp�cialistes. L�h�pital n�est dot� que de trois salles de chirurgie avec seulement deux m�decins r�animateurs qui se relayent. La maternit� est submerg�e. Les m�decins nous disent qu�ils effectuent pour leur majorit� �jusqu�� 30 gardes par mois et sont souvent extenu�s et finissent par �tre au bout du rouleau�. Ils ont souvent �le nez dans la paperasse car en plus des t�ches m�dicales, ils doivent �galement s�occuper des tonnes de dossiers des patients de fa�on manuelle�. Quant aux pauvres malades, ils sont ballott�s et ne trouvent pas toujours d�interlocuteur. Ils prennent leur mal en patience. Les cas graves et m�me moins graves sont transf�r�s vers les h�pitaux du Nord, notamment � Alger. Ils doivent effectuer 2 000 km pour se faire soigner, supporter le voyage �reintant, non sans gal�rer car arriv�s sur les lieux, ils sont souvent confront�s � des probl�mes de places pour les accueillir. �Ce qu�on peut dire, nous dira un m�decin l�air d�pit�, est que le secteur de la sant� � Tamanrasset est tr�s malade. Il est dans un �tat v�g�tatif !� Pour Nadir, assistant en chirurgie g�n�rale, �si les m�decins et notamment les sp�cialistes qui viennent accomplir leur service obligatoire ici � Tamanrasset ne s�y installent pas, c�est parce qu�ils n�ont aucun avantage, ni sur le plan p�cuniaire ni autre�. Les m�decins venus pour la plupart du Nord sont d�prim�s. Ils n�ont pas d�occasion ou d�endroit o� d�compresser et leur moral est au plus bas. Pas de loisirs ni divertissement. Ils se disent �impuissants� devant cette situation. Et pourtant, le pr�sident de l�APW nous r�v�lera que les autorit�s locales payent quotidiennement des billets d�avion pour 10 malades dans le besoin et leurs accompagnateurs pour leur transfert. Soit une prise en charge qui revient � 60 000 DA par malade. Si on fait un simple calcul, pratiquement 18 000 000 DA sont d�bours�s mensuellement. Cet argent pourrait servir � bon escient, la solution semblant tellement �vidente. Sur le registre de l��ducation, � voir tous ces enfants sillonner nonchalamment dans les rues aux prises de l�oisivet� et aux dangers qui les guettent, la journ�e durant, on s�interroge sur la r�forme �ducative. Si l��cole est obligatoire, on se demande ce que font les autorit�s pour que tous ces bambins d�sertent les bancs des �tablissements scolaires. L�absence de sensibilisation, le manque d�effectifs, d��coles et de conditions ad�quates conjugu�s � la mis�re qui est patente ont fait que le secteur de l��ducation se retrouve dans un �tat comateux, � l�instar de celui de la sant� ou de l�habitat. Quant � l�environnement, on ne peut que se d�soler de voir des canalisations d�eau potable �clater ici et l�, en provoquant d��normes crevasses sur des pistes fangeuses, des poteaux �lectriques plant�s n�importe comment en collant aux maisons construites en parpaings alors que la ville regorge de la belle pierre, des routes inachev�es et des milliers de sachets en plastique tourbillonnent au gr� des vents de sable. Pour les ch�meurs dont le nombre est inconnu, le risque est majeur quand on sait que les djihadistes ne sont pas tr�s loin et qu�ils d�bauchent les plus vuln�rables. Les beaux discours des salons feutr�s de la capitale ne vont pas changer grand-chose � la donne, car si gouverner, c�est pr�voir, c�est aussi pr�venir !
F. H.
DAHMANE HAMZA, PR�SIDENT DE L�APW DE TAMANRASSET
�L�urgence est � la sant� et l��ducation�
Le Soir d�Alg�rie : Quand on visite la ville de Tamanrasset, on a l�impression qu�elle n�a pas b�n�fici� de projets dignes de son rang de grande wilaya du Sud. Expliquez-nous pourquoi ?
Dahmane Hamza : Il y a beaucoup de projets dans tous les secteurs, mais qui ont commenc� dans la pr�cipitation. Il y a des retards consid�rables dans leur ex�cution. En ce qui me concerne, je dirais que le probl�me est �troitement li� au code des march�s publics. Il ne correspond pas � notre r�gion et ne tient pas compte de ses sp�cificit�s qui ont �t� totalement ignor�es par le l�gislateur. Il faut savoir �galement que les communes sont tr�s �loign�es du chef-lieu. Autant dire que les lois sont faites pour ne pas profiter aux wilayas du grand Sud, d�o� les blocages. De plus, les ma�tres d��uvre sont nombreux au Nord, et chez nous, ils sont presque inexistants. Il faut revoir notamment le cahier des charges car les projets s�entassent sans qu�on puisse les r�aliser.
Il n� y a qu�un seul h�pital pour la wilaya et tr�s peu de sp�cialistes, � quoi est d� cette situation ?
Je ne veux pas sous-estimer les comp�tences des m�decins, mais je trouve curieuse cette loi qui oblige un m�decin sp�cialiste � venir faire son stage une ann�e avant d��tre mut� au Nord. Nos habitants sont consid�r�s comme des cobayes. Si les responsables du minist�re de la Sant� veulent r�gler ce probl�me, ils n�ont qu�� instituer une vraie politique de sant� pour le Sud. Pourquoi ne pas accorder des avantages financiers cons�quents pour que ces sp�cialistes s�installent pour au moins trois ans? Nous, en tant qu�autorit�s de wilaya, sommes pr�ts � mettre � leur disposition des logements et les �quiper de toutes les commodit�s n�cessaires � leur confort. Le minist�re de la Sant� peut leur doubler le salaire et leur accorder au moins deux billets d�avion gratuits par an. Le ministre de l�Enseignement sup�rieur peut aussi, en parall�le, donner la priorit� � nos �tudiants qui obtiennent de bons r�sultats au bac en leur accordant un quota de postes p�dagogiques en m�decine, notamment dans les disciplines qui enregistrent un d�ficit. Nous sommes approximativement 200 000 �mes r�parties dans toute la wilaya, avec plus de la moiti� habitant la commune de Tamanrasset sans oublier nos fr�res qui viennent des autres pays et qui se comptent par milliers. Il est vrai qu�il y a une forte pression sur l�h�pital. Quotidiennement, nous prenons en charge au moins dix malades avec leurs accompagnateurs � qui on doit aussi payer le billet d�avion. Tous les jours nous payons les billets des malades qui sont transf�r�s dans les h�pitaux du nord du pays. Cet argent gr�ve le budget de la wilaya alors qu�il pourrait b�n�ficier � d�autres projets. Le probl�me r�side chez ceux qui font des strat�gies � l�emporte-pi�ce sans conna�tre la r�alit� du terrain. Pour nous, l�urgence est � la sant� et � l��ducation.
Il y a des coupures d�eau fr�quentes, les canalisations sont �ventr�es�, que se passe-t-il ?
On a d�cid� d�acheminer l�eau de A�n Salah, � 700 km de Tamanrasset, mais malheureusement on a omis de changer les canalisations qui datent de 1960. Sous la forte pression de l�eau, elles n�ont pas pu r�sister et cela a donn� lieu � cette anarchie. L�entreprise Cosider est en train de r�parer les d�g�ts et de renouveler tout le syst�me. Les installations de gaz sont �galement en cours pour alimenter les m�nages. Une fois qu�on aura achev� ces chantiers, on proc�dera � l�am�nagement du territoire.
C�est quand m�me curieux qu�il y ait une crise du logement � Tamanrasset. Comment expliquez-vous l�existence de ces bidonvilles qui d�figurent la r�gion ?
Il faut savoir que cela fait 15 ans que des lots de terrain n�ont pas �t� distribu�s ; le citoyen, quand il ne b�n�ficie pas de logement social de la part de l�OPGI, ni de lot de terrain de l�agence fonci�re, il lui reste la seule solution, c�est de construire une baraque. Cependant, je vous informe que bient�t, on d�bloquera la situation dans le secteur de l�habitat surtout en ce qui concerne le foncier.
Pourquoi utiliser le parpaing alors que les mat�riaux de haute facture comme la pierre se trouvent dans la nature ?
Effectivement, nous avons soulev� cet aspect et m�me le wali de Tamanrasset l�a souvent d�plor�. Il a d�ailleurs donn� instruction pour que la wilaya retrouve la couleur rouge qui lui est propre apr�s avoir constat� que les gens badigeonnaient leurs maisons d�une palette de couleurs � tout-va. Il est vrai qu�esth�tiquement la ville aurait plus d�allure si on construisait avec de la pierre qui se trouve en abondance. Il est vrai aussi que construire en pierre risque de revenir plus cher. Nous sommes tenus par le respect des budgets.
Propos recueillis par F. H.
BENHABIR�CHE YACINE, DIRECTEUR DE L�AGENCE DE VOYAGES SOLANEFOLSOULANES
�Le tourisme est sinistr�
Le Soir d�Alg�rie : Si vous deviez qualifier la situation du tourisme ici � Tamanrasset, que diriez-vous ?
Benhabir�che Yacine : Je dirais que le tourisme va tr�s mal, je dirais m�me qu�il est sinistr�. C�est le blocage. Si cela continue, on va baisser rideau. Les touristes se comptent sur les doigts d�une main. Jusqu�en 2008, il y avait un flux important de touristes �trangers, mais depuis le secteur agonise.
Pour quelles raisons ?
En premier lieu pour des raisons s�curitaires. Plusieurs sites sont actuellement ferm�s sans oublier les notes sur l�indice de s�curit� en Alg�rie qui lui ont port� un coup dur. En parall�le, aucune campagne promotionnelle s�rieuse du tourisme saharien en Alg�rie n�est faite comme dans les autres pays o� pourtant l�aspect s�curitaire est plus d�savantageux. En sus, des contraintes d�ordre administratif nous freinent dans notre travail. L�obtention du visa pour nos clients est devenue un parcours du combattant. Les d�lais de d�livrance sont tr�s longs, ce qui dissuade les touristes �trangers � venir. L�introduction des nouvelles proc�dures en direction des touristes �trangers a contribu� largement � cette situation de blocage. Avant, on envoyait des invitations � nos clients, ces derniers les d�posaient au niveau du consulat alg�rien dans leur pays et obtenaient ainsi leur visa sans trop de difficult�. Actuellement, c�est toute une histoire. Les touristes �trangers doivent envoyer leur demande en Alg�rie, ensuite celle-ci fait un d�tour par le minist�re de l�Int�rieur qui doit donner son quitus. La proc�dure dure un moment et finit par lasser les touristes potentiels. L�autre obstacle, notamment pour les touristes nationaux, est le billet d�avion qui est tr�s cher. Avant il y avait des vols charters dans lesquels on avait droit � des r�ductions. Mais avec la compagnie nationale Air Alg�rie, aucune facilitation n�est faite. Seul avantage, c�est une r�duction de 50% d�Alger � Tamanrasset au cas o� vous atteignez le nombre de 15 personnes. Ce nombre, on n�arrive pas toujours � le garantir. On aimerait que la compagnie nationale soit partenaire avec les agences touristiques en mettant en place des m�canismes qui contribuent � l�essor du tourisme saharien comme celui d�accorder un billet gratuit pour une agence qui arrive � drainer un certain nombre de touristes. Cela aiderait aussi la compagnie � engranger des recettes. Pour l�instant, les vols ont aussi diminu�. Nous avons besoin de solutions imm�diates pour sortir de notre l�thargie et pour cela, on doit coordonner nos efforts. Par ailleurs, on constate que l�image de l�Alg�rie n�est pas mise en valeur. L�Etat doit nous aider � participer aux salons internationaux et parler de notre patrimoine. Je ne vous cache pas qu�aujourd�hui, les directeurs d�agence de voyages n�ont plus les moyens de le faire. Nous sommes en pleine saison touristique mais il n�y a rien qui pointe � l�horizon, c�est une p�riode morte. Peut-�tre qu�il faut tabler sur le tourisme local nord-sud et sud-nord, qu�il y ait des �changes entre les deux mais les r�ductions sur les billets Tamanrasset-Alger n�existent pas.
Vous �tes �galement membre du bureau ex�cutif de l�Association des agences de voyages de Tamanrasset, avez-vous fait �tat de vos pr�occupations � qui de droit ?
Nous avons rencontr� le ministre du Tourisme le 30 d�cembre dernier et il nous a promis qu�il se penchera sur le dossier du tourisme concernant les facilitations des visas, l�ouverture des sites et comme nous sommes dans un cas sinistr�, il nous a promis de nous trouver une solution pour obtenir des aides et renouveler notre mat�riel roulant. Il faut savoir que nous d�pla�ons nos touristes dans des 4x4 et ils sont us�s. Avec un peu de volont� politique, nous pourrons facilement r�cup�rer des touristes qui venaient chez nous avant les ann�es 1990 et qui ont �t� d�tourn�s vers la Libye, le Mali, le Niger, le Maroc ou la Tunisie car l�Alg�rie, � elle seule, dispose de la moiti� du patrimoine qui existe dans tous ces pays r�unis.


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