La perle de l'Ahaggar renferme des sites archéologiques datant de 600.000 à un million d'années. Après plus de trois heures de vol, à partir d'Alger, le Bombardier de Tassili Airlines atterrit à l'aéroport international Aguemar de Tamanrasset. L'atterrissage a été assez impressionnant. Les turbulences atmosphériques ont, quelque peu, secoué les âmes sensibles. La ville se trouve à 1360m d'altitude. Le climat y est rigoureux, chaud dans la journée et froid durant la nuit, en cette première décade de novembre. «La perle du Hoggar». C'est comme cela que l'on surnomme Tam, ville assez calme. Les maisons sont bâties en rez-de-chaussée. Elles ne dépassent que rarement un premier étage. Ce qui est frappant, c'est de voir que ces habitations portent, à l'extérieur, des dessins décoratifs, typiques de la région. Des motifs berbères. Selon les archéologues rencontrés sur place, la région de Tamanrasset renferme dans sa région des sites archéologiques datant de 600.000 à un million d'années. Ils témoignent des premières manifestations humaines ou pré-humaines. Les habitants de la région sont très curieux mais leurs hospitalité peut servir de modèle. «Ma toulam, al khir ghas», nous disent-ils en guise de mots de bienvenue. Tout résident de Tamanrasset n'est pas forcément algérien! Selon les statistiques recueillies auprès d'officiels, rencontrés à l'occasion de l'inauguration de la ligne Paris-Tamanrasset - après une absence qui a duré plus de 10 ans -, la ville abrite plus de 40 nationalités venues essentiellement des pays du Sahel. C'est un carrefour de clandestins. Cet afflux d'étrangers engendre une crise du logement dans une wilaya dont la superficie égale celle de la France tout entière. La spéculation qui touche aujourd'hui le logement fait qu'un immigrant clandestin originaire du Mali, du Nigeria ou du Tchad, a plus de chance qu'un médecin spécialiste de trouver, en location, un studio ou un F3. La ville de Tamanrasset a un bel hôpital, mais il souffre d'un manque cruel de spécialistes et de médecins. Selon les témoignages des «hommes bleus», Tamanrasset n'a qu'une gynécologue pour une population de 50.000 habitants. Les spécialistes de la santé travaillent sur rendez-vous. Cette situation oblige souvent les malades à aller se faire soigner à Alger au prix fort. Le billet d'avion Tamanrasset-Alger coûte près de 35.000 DA aller-retour. La délégation qui a accompagné récemment le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, Chérif Rahmani, a bénéficié d'une soirée féerique à Afilal, un village distant de 20km à l'est de la ville. Cette soirée a été organisée par l'agence touristique Akar-Akar. Cette agence est la première organisation touristique privée dans le sud de l'Algérie et pratique le tourisme saharien depuis 30 ans. Elle gère une très grande ferme pilote où on trouve presque tous les genres d'arbres fruitiers, ainsi que des animaux du désert tels que la gazelle, le cheval, les dindes ou encore les poules... Ce lieu est ainsi devenu la cible de la majorité des touristes étrangers visitant la wilaya. Selon Mokhtar Zoungua, directeur d'Akar-Akar, l'Organisation «arrange aussi des voyages à thème: astronomie, archéologie, exploration et toutes sortes d'événementiels avec le plus grand professionnalisme». Les invités, y compris le ministre, ont été surpris par l'organisation d'une telle soirée à ciel ouvert et au clair de lune. Le dîner a été original surtout pour les gens du Nord. Les danses folkloriques au rythme de la musique locale, en ont fait danser plus d'un, puisqu'on parle du tourisme saharien. Le lendemain, les responsables d'agences de tourisme et de voyage, qu'on a rencontrés, ont évoqué des problèmes qui les préoccupent. Comme quoi tout n'est pas aussi lisse... Ils ont notamment souligné la nécessité de promouvoir la formation au profit des gérants d'agence et des guides touristiques pour leur permettre de jouer leur rôle dans la promotion de la «Destination Algérie» à travers le monde. Les représentants de ces agences (84 agences) ont mis en évidence l'impératif de faciliter l'obtention des visas pour les étrangers et ainsi de moduler les prix du billet d'avion à destination de Tamanrasset. En présence de M.Rahmani, ces responsables ont ainsi mis à profit la présence du premier responsable du secteur, pour évoquer les problèmes auxquels ils sont confrontés et les moyens susceptibles de renforcer leurs capacités de travail. Après avoir écouté ces agenciers, le ministre a exhorté les autorités locales à aider toutes les agences qui ont prouvé leur efficacité en la matière afin qu'elles puissent renouveler leurs moyens logistiques. N'ayant pu, faute de temps, monter à l'Askrem, nous nous sommes contentés de visiter la foire locale, l'Assihar. Un très grand espace où l'on trouve quelque 3000 boutiques. Ce marché est au carrefour de l'Afrique. Des vendeurs se retrouvent ici, ce qui en fait un lieu hors du temps. Nous avons l'impression, en une matinée, d'avoir traversé tout le continent. Les prix sont semblables à ceux du Nord. A midi, selon les propos recueillis, le marché se vide, la vie se reprend au ralenti. Il fait souvent 36° à l'ombre. Nous avons quitté Tamanrasset avec le souhait d'y retourner, un jour, pour retrouver l'air pur, l'hospitalité mythique des hommes bleus et de retrouver également cette région paradisiaque.