Sur le lieu ( lemhat, comme disent les gens des Hauts-Plateaux et ceux des contr�es steppiques) de ses anc�tres, l�-haut sur la montagne, est mort un r�alisateur tr�s discret : Abderrahmane Bouguermouh. Il n'a pas quitt� le pays quand, � un moment, contre ses projets cin�matographiques plus que d�sir�s, Kahla se dressait. Heureusement que Beida, impressionn�e par sa personnalit�, toute de bont�, de dignit� et de fiert� h�rit�e, lui souriait parfois. Homme silencieux, au nif berb�re, Abderrahmane coupa net avec un milieu o� il ne cadrait plus. Et, son baluchon (un appareil photo certainement, ses bouquins, quelques photos de tournage... des r�ves) sur le dos et surtout une blessure au fond d'un c�ur grand comme l'univers, il grimpa vers son village de pierres, juch� sur un des flancs du massif du Djurdjura �ternel, notre Kilimandjaro aux mille secrets ; repli naturel de tous les irr�ductibles fid�les � la patrie. Pourtant, il n'avait pas oubli� de tourner La Colline oubli�e pour ne pas oublier notre langue, qui ne s'oublie jamais, car maternelle. Faisant chorus avec La grive, Les oiseaux de l'�t� aux couleurs arcen- ciel, continueront � faire entendre leur chant, partout, au cin�aste pour qui, le cri de pierres est toujours accompagn� de larmes suintant de leurs craquelures, imperceptibles � tout venant. Kahla ou Beida, son film populaire, reste un vibrant hommage � une grande �quipe de football et � une ville c�l�bre, o� il a v�cu un moment : S�tif. Sans oublier les peupliers et trembles, qui l'accueillaient agr�ablement quand il arrivait � El- Eulma, apr�s le tournage, pour un couscous, partag� entre Ahmed Bena�ssa, Sid-Ahmed Agoumi, les techniciens, ses enfants et des amis eulmis. Vers la fin, une br�ve rencontre � B�ja�a me r�v�la soudain le regard p�tillant d'intelligence de Abderrahmane. Un regard qui ne toise personne, sous un front sur lequel rayonne un �clair enchanteur. Un regard d'enfant �merveill� par la vie... par le cin�ma, malgr� la maladie. Comme une �me discr�te et l�g�re, il a quitt� le plateau sans dire, chuchotant presque : -Moteur... action !