Nullement découragée par le refus d'agrément signifié par l'administration, l'Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC) introduit un recours devant la cour administrative. En attendant une reconnaissance officielle, l'association dénonce l'absence de volonté politique de lutter contre la corruption qui s'est généralisée et s'indigne contre la réaction au minima du président de la République. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - «Scandaleuse !» C'est ainsi que qualifie Mustapha Atoui, président de l'ANLC, la réaction du président de la République face à la multiplication des scandales. C'est une enquête sérieuse que le premier magistrat, concentrant tous les pouvoirs, explique le président de l'ANLC, aurait dû diligenter et non pas se contenter de faire part de son indignation. «C'est du mépris», estime Mustapha Atoui qui animait hier une conférence de presse. Il s'étonne également que les citoyens ne puissent ni se constituer partie civile ni encore moins saisir une institution lorsque des cas de corruption avérée sont vérifiés. Le Maroc et l'Egypte, dit-il, ont une longueur d'avance sur l'Algérie en la matière. Abondant dans le même sens que le président, le secrétaire général adjoint de l'association, Feddal Halim, considère que les associations internationales avaient déjà donné l'alerte en classant l'Algérie parmi les pays les plus corrompus. Les affaires révélées par la presse, estime-t-il, relèvent plus du «politique» que d'une réelle volonté d'assainir une situation qui a vu la corruption se généraliser à tous les niveaux. La justice, estime-t-il, n'est pas assez forte et est instrumentalisée. La Cour des comptes, quant à elle, fonctionne avec seulement 200 magistrats alors que l'ampleur des affaires voudrait qu'ils soient au moins 1 000. En signant la convention onusienne relative à la lutte contre la corruption, estime le secrétaire général par intérim, l'Algérie n'a pas pour autant perfectionné ses outils de lutte contre la corruption, au contraire, des reculs ont été constatés puisque le délai de prescription est passé de dix à trois années et qu'il n'y a toujours aucun lien entre le volume de l'argent détourné et la peine infligée. S'exprimant au sujet des ramifications de l'affaire Sonatrach, l'association considère que «l'Algérie doit s'associer aux enquêtes menées en Suisse, en Italie et au Canada, et le gouvernement au plus haut niveau doit rapidement sortir de son silence et annoncer sa volonté politique de faciliter toutes les enquêtes sur SNC Lavalin en Algérie, volonté qui doit se traduire par des mesures concrètes portées à la connaissance de l'opinion publique».