Où sont les millions d'euros versés aux terroristes par les Etats occidentaux pour libérer leurs otages ? Il semblerait qu'une bonne partie de cette somme soit perdue à tout jamais. En effet, Abou Zeid, «émir» d'Al Qaïda au Maghreb islamique, aurait emporté ce secret dans sa tombe. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Le site mauritanien Sahara Média consacre un article à ce sujet. «Abou Zeid s'est rendu célèbre dans la gestion de l'immense pactole tiré des rançons, selon le témoignage de personnes qui l'ont connu de près. Et en l'absence de moyens pour conserver l'argent tiré de la prise d'otages, Abou Zeid avait souvent caché des millions d'euros dans le désert, s'aidant en cela avec des données GPS qu'il était le seul à connaître», écrit Sahara Média. Si la mort de ce terroriste se confirme, ce trésor restera sous le sable du Sahara. Par ailleurs, les opérations antiterroristes menées par les armées française et tchadienne dans la région de Gao et dans l'Adrar des Ifoghas se sont poursuivies hier. Bien que non encore confirmée officiellement, la liquidation d'Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar pourrait avoir un effet direct sur le sort des otages étrangers détenus par les groupes terroristes. Paris craint le pire pour ses otages. L'opération antiterroriste menée par les forces françaises et tchadiennes dans le massif des Ifoghas pourrait s'avérer fatale pour les six ressortissants français. Hier, les médias ont relevé le malaise des «autorités politiques et militaires» au sujet de cette question sensible. Le site internet du magazine Le Point indique que Paris préfère rester discret du fait du flou persistant qui existe sur le terrain des opérations. Citant une source militaire française, ce média indique que la mort des otages pourrait être le résultat de «feux amis», de soldats tchadiens en l'occurrence. «L'armée nationale tchadienne est constituée pour l'essentiel de membres de l'ethnie Zaghawa — à laquelle appartient Idriss Déby, le président du Tchad — et ses soldats passent pour être des combattants courageux et efficaces, mais ne s'embarrassant pas des détails. La vraie crainte à Paris, c'est que des otages français aient été victimes des combats. L'hypothèse n'est pas exclue qu'ils aient été tués pas des feux amis, plutôt que par leurs geôliers, pour lesquels ils constituent une précieuse monnaie d'échange», écrit Le Point en précisant qu'une procédure de prélèvement d'échantillons d'ADN auprès des familles des otages serait en cours. Ces informations démontrent les difficultés de coordination entre les unités antiterroristes des deux pays engagés dans l'Adrar des Ifoghas. Hier, un soldat français est mort lors de violents combats dans ce massif situé au nord-est du Mali. Agé de 26 ans, il faisait partie du 1er Régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP). C'est le troisième soldat français à mourir au Mali depuis le lancement de l'offensive militaire. L'armée française qui mène également une offensive plus au sud, dans la région de Gao, a annoncé hier avoir tué «une cinquantaine d'islamistes du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest». Reste la question de la liquidation des deux chefs terroristes, Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid. Leur mort a été annoncée par les autorités tchadiennes mais elle n'a toujours pas été confirmée officiellement. Selon des sources tchadiennes citées par plusieurs médias français, l'élimination de Mokhtar Belmokhtar, initiateur du groupe terroriste «les signataires par le sang» qui avait commis la prise d'otages de Tiguentourine, serait intervenue le 2 mars à midi. La mort d'Abou Zeid remonterait au 23 février lors d'une opération menée par l'armé tchadienne qui a permis l'élimination de 40 autres terroristes. T. H. Les Ifoghas, citadelle imprenable Situé au nord-est du Mali, à la frontière avec l'Algérie et le Niger, l'Adrar des Ifoghas est la région d'origine de la tribu touareg des Kel Ifoghas. Difficile d'accès de par sa configuration, ce massif offre une multitude d'abris naturels, notamment des grottes. C'est dans cet objectif précis que les groupes terroristes en ont fait une zone de repli stratégique dès le début des années 2000. Depuis quelques semaines, les armées française et tchadienne, soutenues par les forces du Mouvement national de libération de l'Azawad, tentent d'en déloger les terroristes d'Aqmi, du Mujao et d'Ansar Dine.