La guerre psychologique bat son plein au Mali où de violents affrontements apportent quotidiennement leur lot de morts. Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, alias Belaouar (le borgne), ont-ils été réellement abattus ? L'élimination de ces deux chefs terroristes est très plausible, au vu de la caractéristique géographique du nord du Mali, où se déroulent les combats qui, contrairement à l'Afghanistan, ne dispose pas de beaucoup de chaînes montagneuses, idéales pour les caches, hormis le massif l'Adrar des Ifoghas où, justement, Abou Zeid et Belmokhtar auraient été tués. L'information sur l'élimination de ces deux dangereux chefs terroristes est également plausible quand on connaît les moyens déployés par l'armée française et les armées de pays africains, dont le Tchad, pour venir à bout des terroristes sévissant dans cette région. Cependant, en l'absence de confirmation scientifique, dont les tests ADN, vu l'état des corps présentés comme étant ceux de Abou Zeid et de Belmokhtar, devenus non identifiables des suites des raids aériens et les violents affrontements, on n'écarte pas l'hypothèse d'une «guerre psychologique». Les émirs d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) évitent, depuis le début de l'offensive militaire, d'utiliser leurs téléphones cellulaires, de crainte d'être localisés et ciblés. Ils sont, donc, de moins en moins en contact entre eux. S'ils étaient toujours vivants, Abou Zeid et Belmokhtar pourraient ne pas avoir les moyens de communication qu'ils pourraient utiliser pour prouver qu'ils sont toujours en vie. L'information sur leur mort découragerait les effectifs des terroristes et les pousserait à se rendre. Autre hypothèse, celle consistant en un plan élaboré par les services secrets. Ces services secrets pourraient, en lançant l'information de la mort de Abou Zeid et de Belmokhtar, tenter d'obliger ces deux chefs terroristes de se montrer pour être localisés et éliminés. ça reste des hypothèses et ça ne dément aucunement l'élimination de Abdelhamid Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar dont la mort, note-t-on, n'est pas encore confirmée de façon officielle par l'Algérie ni par la France. Le parcours de Belaouar C'est en 1991 que Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès est allé en Afghanistan pour le «jihad». Là-bas, une bombe explosa sur lui et il perdit l'usage d'un œil, d'où le surnom de Belaouar (le borgne). En 1993, il rentre en Algérie et rejoint les groupes islamiques armés (GIA) où il devient, grâce à son expérience en Afghanistan, rapidement émir de la zone 9 (Sud), puis de la région Sahara-Sahel du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu en 2007 Al Qaïda au Maghreb islamique. En 2003, Belmokhtar et Amari Saïfi, alias Abderrezak El Para, créent «katibate Tarek Ibn Ziyad», avec l'enlèvement de 32 touristes occidentaux. Abderrezak El Para est arrêté, par la suite, au Tchad, avant son extradition vers l'Algérie. Belmokhtar est ensuite «évincé» de l'«émirat de «katibate Tarek Ibn Ziyad», sur ordre de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, actuel émir national d'Aqmi. C'est Abdelhamid Abou Zeid que Droukdel a désigné à la tête de cette phalange. Belmokhtar et Abou Zeid devinrent, alors, ennemis. Quelques semaines avant le début de l'offensive militaire au nord du Mali, Belmokhtar, devenu émir de «katibate el moulathamine» (les enturbannés), a annoncé avoir créé «katibate el mouwakaïne bidima» (phalange les signataires par le sang). C'est d'ailleurs au nom de cette phalange que Belmokhtar a revendiqué l'attaque terroriste contre la base-vie de Tiguentourine, à In Amenas, wilaya d'Illizi, et la prise d'otages d'Algériens et d'étrangers. «Les forces tchadiennes au Mali ont détruit totalement la principale base des jihadistes dans le massif de l'Adrar des Ifoghas, plus précisément dans la vallée d'Ametetai», samedi à 12h, a affirmé le même soir l'armée tchadienne dans un communiqué, précisant que «plusieurs terroristes» ont été tués, «dont le chef Mokhtar Belmokhtar dit le borgne». L'armée tchadienne a, rappelle-t-on, annoncé dans un communiqué rendu public avant-hier avoir éliminé Belmokhtar et d'autres de ses acolytes. Précédemment, le président tchadien avait annoncé l'élimination de Abdelhamid Abou Zeid.