Par Kader Bakou Début du XXe siècle Thomas Edward Lawrence, officier et espion britannique, sous la couverture d'archéologue, joue un rôle décisif dans la grande révolte arabe de 1916 à 1918. Cela lui a valu le surnom «affectueux» de Lawrence d'Arabie ou «Lawrence Al Arabe » (Lawrence des Arabes) en langue arabe. Les Français ont eu aussi leur «Arabe» lors de cette curieuse révolte. C'est le lieutenant-colonel Brémond, chef de la mission française au Hijaz, dont le rôle d'appui à la révolte arabe dirigée contre l'empire ottoman est aujourd'hui quelque peu oublié. L'officier français, outre le fait qu'il estime que nombre des exploits que l'officier britannique relate sont surestimés, qualifie Lawrence, le chouchou des Arabes, d'insolent qui parle un arabe «plus qu'approximatif », qui «dilapide le trésor de Sa Majesté pour soudoyer les tribus», d'être «viscéralement francophobe » et qui, last but not the least, «méprise les Arabes» en réalité. La grande révolte arabe, survenue en pleine guerre mondiale (1914- 1918), est une mise en application de la volonté des alliés d'ouvrir un second front au sud de l'empire ottoman, allié de l'Allemagne. Le chérif Hussein reçoit, en échange, la promesse d'un Etat arabe unifié allant d'Alep en Syrie à Aden au Yémen. Mais déjà le 16 mai 1916, la France et la Grande-Bretagne avaient signé les accords secrets de Sykes- Picot prévoyant le partage du Moyen-Orient à la fin de la guerre en zones d'influence. La grande révolte arabe était dirigée donc contre l'empire ottoman à l'époque de l'Homme Malade de l'Europe. Ironie du sort : près d'un siècle plus tard, la Turquie est devenue le fer de lance d'une autre grande révolte, dans un «monde arabe» devenu un Grand Corps Malade. Le slameur français Fabian Marsaud n'a, évidemment, rien à voir dans cette affaire. K. B.