Le Front de libération nationale, bien que totalement déstructuré, devrait retrouver une certaine cohésion dès l'annonce de la tenue de l'élection présidentielle. En attendant l'approche de cette échéance, Abderrahmane Belayat est dans l'obligation de mettre le parti en mode pause. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - C'est la période des grandes manœuvres au FLN. Après la crise latente, déclenchée et entretenue durant le règne de Abdelaziz Belkhadem, le parti est entré, ces dernières semaines, en phase d'attente. Une sorte de statu quo stratégique en attendant de trouver une formule pour mettre un terme définitif au troisième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Et ce n'est certainement pas un hasard si cette opération a été confiée à Abderrahmane Belayat. «Belayat est aujourd'hui l'homme fort du FLN. Il serait naïf de croire qu'il n'est qu'un simple coordinateur. C'est totalement faux. Depuis le départ précipité de Abdelaziz Belkhadem, il a été élevé, de façon officieuse, au rang de secrétaire général par intérim», indique un cadre du parti qui a requis l'anonymat. Selon lui, Belayat dispose d'une «feuille de route» qu'il est tenu de faire respecter par l'ensemble des clans qui activent au sein du comité central, seule instance encore opérationnelle. «Le mot d'ordre est le suivant : temporiser en attendant la proclamation officielle de la tenue des prochaines élections présidentielles puis de l'annonce des candidatures. » La maladie du Président, la fin du mythe du 4e mandat et l'annulation du projet de révision constitutionnelle sont autant d'événements qui ont imposé aux membres du FLN de recadrer les objectifs. Le principal étant, bien entendu, de se mettre au service du futur président de la République. «Pour l'heure, rien n'a encore été décidé car sur le plan institutionnel, Bouteflika est encore au pouvoir. Ce n'est pas tout, il se pourrait qu'il y ait non pas un mais plusieurs candidats de tendance FLN. Les candidatures les plus plausibles sont celles de Mouloud Hamrouche, Ali Benflis et Abdelaziz Belkhadem», souligne notre interlocuteur. Le cas Belkhadem est intéressant à plus d'un titre car il est le seul des trois à tenter d'influer, de l'intérieur même du parti, sur le cours des événements. «L'ex-secrétaire général ne désespère pas d'être le candidat du parti. La stratégie consiste à installer Amar Saïdani à la tête du Front de libération nationale pour obtenir le quitus. Cette opération est supervisée en haut lieu par Saïd Bouteflika pour qui la carte Belkhadem reste l'ultime option pour maintenir le clan présidentiel au pouvoir.» Une stratégie qui a peu de chance de réussir. Bien que grand connaisseur des arcanes du système, de nombreux cadres doutent des capacités de Amar Saïdani à diriger une formation comme le FLN. D'autre part, son nom reste intimement lié à l'affaire de la Générale des concessions agricoles, un des plus grands scandales politico-financiers de l'ère Bouteflika. D'ailleurs, le rôle de Abderrahmane Belayat consiste justement à imposer un équilibre pour éviter tout dérapage avant le «top départ». Le comité central, dont la session demeure ouverte depuis le début du mois de février, pourra alors désigner son candidat. Celui qui sera probablement le futur Président algérien.