Le ministre du Commerce a reconnu, hier, face aux sénateurs, que l'accord d'association signé entre l'Algérie et l'Union européenne était «un message à portée politique ». Selon Mustapha Benbada, l'accession à l'Organisation mondiale du commerce ne se fera pas au détriment «des intérêts stratégiques du pays». Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - L'accord d'association Algérie- Union européenne a été mal négocié. C'est le message essentiel qu'a transmis, hier, Mustapha Benbada aux membres du Conseil de la nation à l'occasion du débat sur la loi relative aux pratiques commerciales. «En signant l'accord d'association en 2002, l'Algérie souhaitait faire passer un message d'une portée politique. C'était un message politique fort pour dire que l'Algérie avait retrouvé la stabilité », a déclaré le ministre du Commerce en réponse aux interventions des sénateurs. L'accord, a-t-il été signé au détriment des intérêts économiques de l'Algérie ? Benbada le reconnaîtra à demi-mot au sortir de l'hémicycle. «Je ne peux pas le dire, c'était une obligation politique. Pour preuve, nous avons vu en 2009 que le cours des importations à partir de l'Union européenne allait atteindre des niveaux qui poseraient des problèmes à notre balance des paiements. Nous avons donc pris la décision de renégocier le rythme de démantèlement », a-t-il indiqué. Les raisons sont bien liées, côté algérien, à un problème de gestion des négociations avec la partie européenne. Le contexte n'étant pas en faveur de l'Algérie, a souligné Benbada. «C'était une conjoncture. Il faut raisonner avec les données de la conjoncture. Les négociations ont été entamées en 1998. Il faut se mettre dans la conjoncture de 1998 pour comprendre cette dimension politique », a-t-il insisté. Il est utile de relever que Benbada prend comme référence l'année du lancement du processus, alors que les négociations se sont déroulées durant le premier mandat du Président Bouteflika. C'est d'ailleurs en sa présence que l'accord avait été signé le 22 avril à Valence. La loi portant approbation de l'accord est entrée en vigueur en avril 2005 après adoption des deux Chambres du Parlement et signature du chef de l'Etat. Mustapha Benbada estime que les temps ont changé. Hier, il a notamment rassuré les sénateurs au sujet du processus d'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. «Notre entrée à l'OMC ne se fera pas au détriment des intérêts stratégiques de l'Algérie», at- il insisté. Ainsi, le prochain round bilatéral se déroulera à Genève le 3 juillet prochain et portera sur une série de questions concernant le secteur agricole. «Nous avons reçu les questions le 9 juin dernier. Nous aurons à défendre notre politique de subvention en faveur des agriculteurs. Pour cela, nous mettrons en avant le fait que l'UE est ellemême grande pourvoyeuse d'aides et de subventions dans le domaine agricole.»