Un sit-in de protestation sera observé lundi prochain, par une dizaine de barreaux d'avocats, en guise de protestation contre le projet de loi portant organisation de la profession d'avocat. L'annonce a été faite hier, par le président du barreau d'Alger Me Sellini, lors d'une conférence animée au niveau du tribunal de Sidi M'hamed. Abder Bettache - Alger (Le Soir) Les avocats sont en colère. Ils sont en colère «contre ceux qui nous ont trahis» et contre «ceux qui n'ont pas respecté leurs engagements». Le président du barreau d'Alger, Me Sellini n'y est pas allé par quatre chemins, pour exprimer haut et fort «la consternation» des avocats face à ce qu'il qualifie de «mépris» à l'égard de la justice et «des droits sacrés de la défense». Hier, lors de sa rencontre avec les journalistes, le conférencier a indiqué que dix unions ont «dénoncé le projet de loi actuellement en débat au niveau de l'APN et le considèrent comme étant un projet qui est en contradiction totale avec ce qui a été discuté par les représentants du ministère». «Aujourd'hui, nous sommes surpris de voir que le projet de loi débattu par les parlementaires n'est pas celui qui a été discuté et validé avec la tutelle », a indiqué l'ex-président de l'Union des barreaux d'Algérie. Et d'ajouter : «Ce projet de loi est en recul important par rapport à celui de 1991, on aurait pu modifier certains articles, mais ne pas remettre en cause la totalité des articles, notamment ceux qui consacrent le droit de la défense et du justiciable.» A ce titre, Me Sellini a plaidé pour que «l'Assemblée nationale reporte la séance du vote prévue pour mardi prochain, afin d'engager un large débat et permettre aux parties concernées, notamment ceux concernés par cette loi de faire des propositions et trouver une solution à la problématique soulevée». En somme, pour l'avocat en question, «les robes noires ont été trahies», mais tout en évitant de citer les noms de ceux qui n'ont pas respecté leur engagement. Il n'en demeure que Me Sellini a lâché un mot d'une importance capitale et ce, en réponse à une question d'une consœur que si «le projet de loi venait à être approuvé par l'APN, je raccrocherais ma robe». Selon des avocats, dont Me Benissad «la Commission juridique de l'APN a revu et reformulé plus de 40 articles les vidant de leur substance. Ceci est scandaleux, d'autant que ces articles tel que modifiés sont attentatoires au droit de la défense donc au justiciable». Parmi les dispositions du texte de loi qui irritent les avocats, l'on cite l'article 117 qui expose l'avocat à toute sorte de sanctions. L'article en question stipule que «sans préjudice de la responsabilité pénale et civile prévue par la législation en vigueur, tout manquement par l'avocat aux obligations de sa profession pendant ou à l'occasion de l'exercice de celle-ci est passible des sanctions disciplinaires prévues par le texte de loi».