Le mérite de la mise sur pied de cette pièce revient indéniablement à l'écrivain et homme de culture Mohamed Boudia, qui a mené un grand travail de recherche sur la vie et les actes de bravoure du résistant et «bandit d'honneur» Bouarara, en quelque sorte «un Ivanhoé algérien». Ce dernier a défrayé la chronique au début du 20e siècle, en attaquant les fermes des colons situées dans les monts du Dahra et de l'Ouarsenis, pour en distribuer le produit aux Algériens pauvres et exploités. Malgré cela, le personnage demeure pour beaucoup un illustre inconnu. C'est pour cela que le poète Mohamed Guerine a recueilli toutes les informations détenues par Boudia pour en faire un recueil poétique racontant d'une manière romancée la vie de ce courageux moudjahid. Missoum Laroussi, metteur en scène connu, président de la «Coopérative des amis de l'art» à la recherche d'une idée de montage de pièce de théâtre, s'est basé sur cet ouvrage pour nous livrer un produit artistique d'une très bonne facture. Deux représentations ont eu lieu au musée de la cité Aroudj et au cinéma Djamel et qui ont envoûté le public. Les décors sont très haut en couleur et restituent à merveille la vie de l'époque, dans la région de Chlef. La musique, d'un ton solennel, est menée sur un rythme guerrier pour faire ressortir le combat révolutionnaire de «Bouarara» qui a été exécuté sur la place publique en 1923, avec un autre compagnon de lutte, Benziane. La représentation est ponctuée des poèmes qui accompagnent les différentes actions guerrières, récités d'une voix juste et forte par le poète Mokhtari Mansour, qui incarne le rôle du goual. Une autre particularité : le public chelfi, habitué à des adaptations, a pu découvrir une création des intellectuels de la ville. De même, au niveau de la distribution des rôles, autour de chevronnés comme l'acteur Ouadjaout (qui incarne le caïd), Bendoubaba (qui campe le rôle de Bouarara), Hamrani(qui joue Belhadj), on a pu découvrir de jeunes talents qui montent. Aux côtés de Bennzelmate, Bouziane et Kalaî, la jeune génération a eu l'occasion de faire connaissance avec un grand résistant à l'occupant. Bouarara est né au début du 20e siècle dans la région de Mascara, plus précisément dans la commune de Zaâtcha. Très jeune, il a pris les armes pour mener un combat acharné contre les colons. Cette production vient à point nommé combler le déficit en écrits sur la résistance du peuple algérien. Notons que le directeur de la culture, Amar Benrebiha, a mis à la disposition de l'association «Coopérative des amis de l'art» tous les moyens humains et matériels pour la réussite de ce spectacle.