Fin de la détention soft pour le président égyptien Mohamed Morsi, déposé le 3 juillet dernier par l'armée, répondant à la demande de millions d'Egyptiens ayant réclamé son départ. Le président déchu a vécu, hier, son premier interrogatoire autour des circonstances de son évasion de prison début 2011. L'inculpation pénale n'est pas loin. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Alors que ses partisans et ses opposants poursuivent toujours leurs démonstrations de force, moins violentes ces dernières 48 heures, Mohamed Morsi, le président déposé, a été confronté, hier, pour la première fois depuis sa détention, au questionnaire des juges. La justice, qui ouvre ainsi le dossier Morsi et celui d'autres Frères musulmans évadés avec lui de prison en plein bouillonnement de la place Tahrir en 2011, s'intéresse aux circonstances de l'évasion de la prison de Wadi Natroun, dans la banlieue nord du Caire. Une évasion sur laquelle beaucoup de choses ont été dites, surtout un soupçon d'implications étrangères. La sécurité intérieure égyptienne, qui y mène une enquête, focalise sur l'éventualité d'une implication du Hezbollah libanais ou du Hamas palestinien dans cette grande évasion. En juin dernier, un tribunal égyptien avait conclu, lui, à l'implication de ces deux mouvements. Le dossier est pris en charge depuis samedi par le nouveau procureur général qui, à en croire des sources judiciaires, examinait des plaintes de particuliers contre le président Morsi. Des plaintes pour notamment «espionnage», «incitation au meurtre de manifestants» et «mauvaise gestion». Dans cette galère judiciaire, Morsi n'embarque pas seul. D'autres Frères musulmans sont concernés. Cet examen pouvait conduire à l'ouverture officielle d'une enquête. Si la justice venait à conclure à l'implication étrangère dans l'évasion de Morsi, ce dernier risque gros. Le président déchu est interrogé par la justice, quelques jours après que Berlin eut demandé sa remise en liberté et plus immédiatement de permettre à une institution crédible de lui rendre visite. Avant cette présentation devant les juges, les autorités de transition en Egypte avaient justifié le maintien en détention de Morsi par un impératif de sécurité et qu'aucune charge ne pesait sur lui. C'est donc pour donner un justificatif légal à la détention que la justice a entrepris d'instruire ce qu'il faudra désormais désigner par l'affaire Morsi. Les Frères musulmans, qui n'ont toujours pas levé le camp, ont appelé à manifester de nouveau ce lundi. Ils réclament toujours sa réhabilitation. Une réclamation à laquelle Erdogan est venu faire écho en clamant que, pour lui, Morsi est le président de l'Egypte. Pendant ce temps-là, la transition poursuit son chemin. Al Baradei a prêté serment en tant que vice-président chargé des relations internationales et Hazem Balbaoui, le Premier ministre, poursuit ses consultations en vue de former un gouvernement dont l'annonce pourra être faite mardi ou mercredi.