Dans les vingt années à venir, huit citoyens sur dix vivront en ville. Une perspective qui fait peser davantage de craintes sur le cadre urbain. Face à la multitude d'intervenants dans la gestion de la ville, les spécialistes appellent à la désignation d'un chef d'orchestre en mesure de mener une véritable politique urbanistique. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Plutôt que de faciliter la mise en œuvre de la politique de la ville, la multitude de mécanismes mis à disposition des différents secteurs est un frein à toute initiative. Et pour cause, l'absence d'inter-sectorialité empêche toute mise en place d'une stratégie nationale comprise et assimilée par tous. Le constat a été fait hier à l'occasion de la journée d'étude sur la ville initiée par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville. Ils y étaient nombreux à pointer du doigt le fait que l'ingénierie urbaine soit très peu développée et reste souvent cloisonnée dans les universités et à plaider en faveur d'un pilotage par un chef d'orchestre rattaché à une seule structure et ayant suffisamment de volonté politique pour mener à bien les politiques. Des ponts doivent nécessairement être jetés entre les différents secteurs pour éviter que les villes ne continuent à être sans âme et sans identité. Le département de Amara Benyounès rappelait hier que les villes concentrent près de 65% de la population et que 15 millions de citadins étaient attendus dans une vingtaine d'années. Une concentration de la population qui ne sera pas sans conséquence sur le tissu urbain. Le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville plaide pour une action globale et cohérente en mesure de mettre un terme à la dégradation du cadre urbain, de donner une meilleure image de la ville, de promouvoir une économie urbaine de qualité afin de satisfaire une demande sociale et économique de plus en plus forte, d'harmoniser le cadre légal et réglementaire lié à sa gestion et de mettre en place un partenariat pouvant favoriser la coordination entre les différents acteurs et intervenants. En ouvrant une large concertation avec les différents partenaires, le département de Benyounès vise à «produire un référentiel partagé de la politique de la ville et à mettre à disposition des acteurs publics une vision globale et intégrée de la politique de la ville, en mesure de pallier les déséquilibres existants, d'assurer une croissance harmonieuse des villes et de planifier le développement durable des villes». Les spécialistes, pour leur part, espèrent qu'au-delà du diagnostic, de véritables actions seront menées pour éviter les erreurs ayant engendré des villes hideuses sans qualité de vie aucune.