Les services de sécurité viennent de donner la réplique à AQMI, Al- Qaïda au Maghreb islamique. L'attentat ayant ciblé au cinquième jour du Ramadhan (14 juillet) un convoi militaire sur la route menant de Tadmaït à Larbâa Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou, n'est pas resté impuni. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Deux responsables du sinistre «état-major» de Droukdel sont tombés dans la nuit de vendredi à samedi dans une embuscade tendue par les troupes d'élite de l'ANP sur la RN 8, près de Souaidia dans la commune de Dirah, au sud de Bouira. L'embuscade s'est, en effet, soldée par l'élimination de quatre terroristes dont le responsable de la coordination interzonale de l'organisation, Bourihane Rabah, et le chargé de communication, Lakhdar Lafi. AQMI, qui se fait plutôt rare depuis l'élimination l'an dernier, de son commando sur le site gazier de Tiguentourine, à In Amenas, encore moins en ce Ramadhan, a subi ainsi un coup fatal. L'attentat de Tizi-Ouzou, qui a fait quatre morts et 13 blessés parmi les militaires – quatre bombes ont été enfouies sous la route et actionnées à distance, explosant quasi-simultanément –, est le seul acte terroriste d'envergure enregistré en Algérie durant le mois sacré, d'habitude le plus meurtrier de l'année. L'organisation terroriste s'étant accoutumée à racketter les citoyens habitant à la lisière des maquis écumés par ses phalanges de sanguinaires et/ou à planifier des attentats à effet médiatique, profitant de la baisse de vigilance due au jeûne. Son action se traduit aussi par des prises d'otages occidentaux, au Sahara notamment. Rien de tout cela. L'armée est intransigeante. Elle ne laisse rien passer. Les chefs terroristes précités ont été coincés par les parachutistes de l'ANP dans une embuscade à Souaidia, village de Khlifat, près d'une base de surveillance du gazoduc Hassi R'Mel-Dellys où les terroristes n'ont même pas eu le temps de riposter. S'il faut s'attendre à une réaction spectaculaire de la part d'AQMI, qui se manifeste par des procédés importés d'Irak (actions de guérilla, ponctuelles, violentes et médiatiques, recours aux attentats suicides ou encore l'enlèvement d'étrangers), il n'est néanmoins pas exclu de la voir opérer y compris au plan régional pour se venger. Car, en dépit de ses origines algériennes, la zone d'opération de cette organisation s'étend sur tout le Sahel africain d'autant qu'AQMI n'est pas organisée de façon pyramidale et centralisée comme l'était son ancêtre le GSPC – Ses phalanges peuvent agir sur le terrain avec indépendance et suivant des objectifs propres, à l'image du groupe de Mokhtar Belmokhtar qui ne semble se référer à aucune hiérarchie –, ce qui rend son action plus imprévisible et plus difficilement pénétrable par les forces de sécurité. Vigilance. Il convient enfin de rappeler qu'AQMI a émané du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat qui a prêté allégeance à l'organisation de Ben Laden en 2006. Un ralliement annoncé par Ayman Al-Zawahiri, numéro 2 d'Al-Qaïda à l'époque, dans une vidéo diffusée sur la chaîne qatarie Al- Jazzera.