Le projet de révision de la Constitution, mis en chantier par le président de la République, avant qu'il ne subisse, le 27 avril dernier, un AVC qui le contraint à une longue convalescence, est-il toujours dans l'agenda présidentiel ? Quelle suite lui donner, à présent que la commission de constitutionnalistes, installée par le Premier ministre pour mettre en forme la mouture préparée par la présidence, s'est acquittée de sa lettre de mission ? Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - La révision de la Constitution intègre et devait clore, faut-il le rappeler, la série de réformes pour lesquelles le président Bouteflika s'était engagé à la mi-avril 2011, en pleine éclosion de ce qui est communément appelé le printemps arabe. Il faut dire que Bouteflika n'a pas fait montre d'enthousiasme débordant à triturer à nouveau la Constitution, après l'amendement de 2008 par lequel il a élargi ses pouvoirs. Preuve en est qu'il mettra deux ans, après son discours du 15 avril 2011, avant de consentir à lancer, en catimini, le chantier avec, en guise de consultations, des réunions organisées par le Premier ministre avec des chefs de partis politiques ciblés. La mouture confectionnée étant gardée secrète, bien malin qui devinera alors la nature de la révision de la Constitution en préparation. Logiquement, cette dernière devrait être profonde et toucherait aux équilibres institutionnels. Un profond lifting qui oblige alors à une consultation référendaire. Mais la perspective devient moins évidente avec la maladie et la convalescence de Bouteflika. Rentré de Paris sur une chaise roulante, après 82 jours de soins dans deux hôpitaux militaires français, le Val-de-Grâce, puis les Invalides, le président de la République est, nul doute, dans une incapacité à mener une campagne pour le référendum. Cette incapacité pourrait aussi l'amener à ne pas relancer de sitôt le projet. D'autant que, selon le communiqué de la présidence de la République, rendu public le mardi 16 juillet, jour de son retour au pays, Bouteflika est astreint à une période de repos et à la poursuite de sa rééducation fonctionnelle. Un différé de la révision de la Constitution paraît vraisemblable, surtout si le Président tient à contribuer lui-même à faire valider sa copie. Au demeurant, on imagine mal Bouteflika aller vers un référendum constitutionnel et charger autre que lui, le Premier ministre entre autres, à y mener campagne. On imagine mal aussi une révision superficielle qui se passerait de la voie référendaire, comme c'était le cas en 2008 où la nouvelle Constitution a été adoptée en conférence parlementaire, c'est-à-dire par les deux Chambres du Parlement réunies. C'est pour cela qu'il faudra peut-être prêter attention aux voix partisanes qui suggèrent de différer la révision de la Constitution à l'après-présidentiel d'avril 2014. Les partis adeptes de cette option se recrutent d'ailleurs dans la périphérie du pouvoir.