Rien ne justifie que les universités algériennes soient placées au bas du tableau. Le ministère de l'Enseignement supérieur réplique, qualifiant les systèmes de classement d'inappropriés et de non transparents. Le département de Harraoubia se fixe l'échéance 2020 pour hisser les universités aux standards internationaux, notamment en matière de ressources humaines, talon d'Achille du système de formation. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Pas lieu de comparer. C'est le message véhiculé jeudi par le directeur de la recherche scientifique. delhafid Aouragh a défendu bec et ongles le système universitaire estimant que le mauvais classement des universités algériennes est à mettre sur le compte des systèmes internationaux qui se concentrent sur «les structures individuellement et ne peut en aucun cas mettre en valeur une politique d'un Etat». Pour le directeur de la recherche scientifique, l'Algérie a fait le choix de ne pas investir sur une seule université pour avoir «une visibilité politique» mais plutôt celui d'une distribution équitable et une formation égale dans toutes les universités. Pourquoi ces dernières se retrouvent-elles alors mal classées ? La faute à des systèmes de classement qui ne font pas l'unanimité partout dans le monde et qui sont sujets à débat et à critiques dans les milieux académiques. Il existe plusieurs catégories de classements dont celui de Shangai qui s'appuie sur six indicateurs dont le nombre de prix Nobel, le nombre de chercheurs cités dans leurs disciplines ou la performance académique au regard de la taille de l'institution. D'autres classements académiques proposent, quant à eux, un classement fondé sur le volume de publications, le nombre de citations par article ou la visibilité sur le Web. Ce dernier critère pénalise particulièrement les universités algériennes en raison du faible débit d'internet. Des paramètres qui, selon Abdelhafid Aouragh, «se fondent sur une approche très restrictive de l'université, de ses produits, de ses services, de son fonctionnement et plus généralement de son système de relations» et qui ne tiennent pas compte du ratio étudiant-enseignants-chercheurs, le taux d'admissibilité ou la qualité des infrastructures. Abdelhafid Aouragh estime que «d'un côté, l'université est regardée uniquement dans ses dimensions de production ou de sa maîtrise de la technicité. D'un autre côté, l'université est analysée comme une entité autonome indépendante de son environnement». Le volet des ressources humaines reste cependant celui qui pénalise le plus l'université. Si le nombre de titulaires de doctorat était de 43 en 1973, leur nombre a doublé entre 2006 et 2012. L'Algérie dispose actuellement de 2 083 chercheurs permanents activant dans 25 centres et unités de recherche et de 24 000 enseignants chercheurs exerçant des activités de recherche dans plus de 1 250 laboratoires sur un total de 45 000 enseignants universitaires. Sur cet ensemble, il n'y a que 8 300 enseignants chercheurs et 270 chercheurs permanents qui sont titulaires d'un doctorat, habilités à mener des activités de recherche et considérés comme des chercheurs universels selon les normes de l'Unesco. Au final, le nombre de chercheurs confirmés ne dépasse pas les 8 600. Des statistiques qui donnent un ratio de 680 chercheurs par habitant en Algérie contre 6 000 par habitant en France et 1 588 par habitant en Tunisie. Le directeur de la recherche y voit néanmoins de bonnes perspectives pour l'avenir en raison de la moyenne d'âge des chercheurs qui ne dépasse pas les 45 ans. Avec plus de 23 000 étudiants inscrits en magistère actuellement et plus de 80 000 inscrits en master, le secteur dispose d'un réservoir de 100 000 étudiants qui pourraient s'investir dans la préparation d'un doctorat. A horizon 2020, le défi sera de dépasser 80 000 chercheurs titulaires de doctorat. A cette échéance, «jugez-nous !», conclut le directeur de la recherche scientifique.