L'Europe tente de reprendre pied en Egypte. L'Union européenne se propose pour le rôle de facilitateur pour désamorcer une crise aux conséquences imprévisibles. En visite au Caire, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a pu rencontrer et discuter pendant 2 heures avec le président déposé Mohamed Morsi, toujours en détention dans un lieu gardé secret. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) La chef de la diplomatie européenne, dont c'est la seconde visite en Egypte, depuis la déposition de Mohamed Morsi, a rendu compte, avec une extrême parcimonie, de son entrevue avec le président déchu. Elle s'est limitée, à vrai dire, à un descriptif de l'ambiance qui a prévalu, se retenant de siffler le moindre traître mot sur le contenu de l'entretien. En conférence de presse, animée mardi au Caire, Catherine Ashton a confirmé avoir rencontré Mohamed Morsi durant la veille, de nuit, pendant 2 heures, et que ce dernier «allait bien» et «avait accès aux informations», à travers les journaux et la télévision. La diplomate européenne s'est refusé à divulguer le lieu de détention de Mohamed Morsi. Tout ce que l'on sait est qu'elle s'y est rendue à bord d'un hélicoptère militaire. Catherine Ashton a respecté scrupuleusement le deal passé avec les autorités de transition en Egypte qui, contrairement à sa première visite, lui ont permis de rencontrer le président déposé. La diplomate européenne a évoqué un rôle se limitant «à faciliter l'échange d'idées» entre les parties en conflit. Elle a réfuté qu'elle était venue avec un plan ou une initiative européenne particulière. Ce qui revient à comprendre qu'elle était partie en exploratrice des possibilités de compromis politiques entre les Frères musulmans et leurs opposants. «Je suis venue voir ce qu'un terrain d'entente pourrait être et essayer de trouver des éléments sur lesquels bâtir une certaine confiance.» Catherine Ashton a eu à rencontrer les autorités de transition mais aussi les représentants des Frères musulmans. Ces derniers se sont montrés réfractaires à tout compromis avec leurs adversaires. Pour eux, la principale revendication demeure la remise sur «le trône» de leur président déchu. Ils ont fait savoir à Ashton qu'ils maintiendraient leur occupation des places publiques au Caire et qu'ils manifesteraient de nouveau. Une sorte de défi qu'ils opposent au ministre de l'Intérieur, le général El-Sissi qui avait annoncé samedi dernier, suite aux affrontements qui ont fait 76 morts, qu'il allait entamer prochainement la dispersion des rassemblements. La France, à travers son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appelé mardi à la libération de Mohamed Morsi et de l'ensemble des prisonniers politiques. Le chef de la diplomatie française a appelé également à mettre un terme au climat de violence qui règne en Egypte.