Le gel de l'activité commerciale depuis presque une semaine ne semble pas susciter une réaction affirmée du ministère du Commerce, son titulaire ayant propension à la dérobade. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Hôte hier d'une conférence de presse, Mustapha Benbada a indiqué que seulement 1 143 commerçants sur 13 633 commerçants réquisitionnés au niveau national n'ont pas assuré des permanences durant les deux jours de l'Aïd El Fitr. Soit 92% des commerçants mobilisés qui se sont conformés à cette obligation, se satisfait M. Benbada de ce taux «appréciable». Explicite, le ministre du Commerce indique que 42 wilayas ont enregistré des taux de conformité à l'obligation supérieurs à 90%, citant notamment Oran et Batna. Soit 6 wilayas où l'obligation a été respectée à moins de 90%, notamment Alger (à 79%), Saida (76%), Chlef (47%), Skikda (46%). Concernant la disponibilité du pain, Mustapha Benbada indique que sur 3287 boulangers mobilisés, 92,31% se sont conformés à cette obligation, voire à plus de 97% à Sétif et Batna. Concernant la capitale, le ministre du Commerce indique que 87% des boulangers ont assuré les permanences fixées par arrêté du wali. Soit 13% des boulangers qui ont enfreint cette obligation. Quant à la disponibilité des produits alimentaires, l'on indique que sur les 7127 commerçants mobilisés, 99,04% ont satisfait à cette obligation, voire à 100% à Oran. Pour le lait, Mustapha Benbada note un taux de 98,04%, avec 100% à Alger. Certes, le ministre du Commerce qui considère cette opération comme étant pionnière et traduisant le souci des pouvoirs publics à garantir la disponibilité des produits alimentaires, ne se refusera pas à l'autocritique. Notamment en ce qui concerne le nombre des commerçants permanenciers, un nombre fixé au niveau local et que Mustapha Benbada estime peut-être insuffisant et potentiellement rectifiable. Mais là où le ministre du Commerce a été assez élusif, se dérobant, c'est en mettant en cause certaines associations et organisations professionnelles qui «ne sont pas à la hauteur...» ou agissent pour des motifs de «positionnement...» en avançant des statistiques et des «informations» éventuellement contestables sur la couverture commerciale. Autre dérobade ministérielle, Mustapha Benbada assure que les 1 143 commerçants en infraction vont certes «le payer cher» sans évoquer cependant une sanction et des mesures répressives précises. Si ce n'est la fermeture administrative d'un mois et d'autant que la disposition légale régissant l'organisation des permanences, adoptée par le Parlement en avril dernier, n'est pas encore publiée au Journal officiel et, donc, n'est pas entrée en vigueur. Or, le traitement des 1143 contrevenants se fera «au cas par cas» et prendra un certain temps, indique le ministre du Commerce qui précise que les concernés devront justifier les motifs du non respect de l'obligation. Toutefois, le ministère du Commerce ne peut obliger les commerçants concernés ou pas par l'obligation d'assurer des permanences d'ouvrir les jours de fête et autres, laisse-t-on entendre. Ce que l'on justifie tacitement tant par le principe de la libéralisation que par le respect des us et coutumes. Et cela, même si Mustapha Benbada a indiqué que 847 brigades de contrôle ont été mobilisées pour vérifier le respect de l'obligation. En d'autres termes, le gel de l'activité commerciale durant les deux jours de l'Aïd El Fitr et même pendant les jours suivants, soit depuis une semaine, ne semble pas susciter une réaction réellement affirmée du ministère du Commerce, son titulaire ayant une propension à la dérobade, à une certaine méconnaissance de la réalité.