Une condamnation générale de l'emploi des armes chimiques, c'est le tout petit dénominateur commun trouvé par la réunion du G20 jeudi à Saint Pétersbourg (Russie) et il n'y a eu rien d'autre et notamment pas de condamnation des auteurs de cet emploi que s'évertuaient François Hollande et Obama et continuent encore à l'attribuer au pouvoir syrien. Hollande a été lâché par ses homologues européens, lui qui espérait aboutir à former une «large coalition européenne» qui le sortirait de l'impasse dans laquelle il s'est engagé et qui l'accompagnerait moralement ou même militairement dans sa campagne «punitive» contre le gouvernement syrien et légitimerait ainsi son intervention armée en Syrie. La solution politique est la seule voie pour résoudre la crise syrienne, a répondu la quasi-totalité les leaders du G20. Bien seuls et bien isolés sont Hollande et Obama, qui plus est, au moment même de ce sommet, est mise en ligne par le New York Times , une vidéo montrant des opposants syriens exécutant en direct des prisonniers militaires. On va se compter lors de ce G20 clamaient ceux qui prônent l'intervention militaire en Syrie. Le décompte a été des plus simples et très vite fait. Hollande et Obama n'ont pas été suivis. La tension entre ce dernier et Poutine, le président russe hôte de cette rencontre et soutien du régime syrien, était déjà présente avant même l'ouverture du sommet. Si des armes chimiques ont bien été utilisées le 21 août dernier faisant des centaines de victimes civiles, alors qui les a utilisées ? A cette question aucune réponse fiable, aucun argument convaincant mais surtout aucune preuve et ce sont précisément des preuves qu'exigent tous les membres du G20 qui ont refusé de se faire embarquer dans l'aventure guerrière. Pour beaucoup aussi, ils demandent plus : à quoi sert l'institution onusienne et notamment son Conseil de sécurité si son aval n'est pas exigé dans ces cas précis d'action militaire et s'ils n'ont pas mandat pour intervenir ? La question se pose d'autant plus que l'on ne s'explique pas que les deux dirigeants — Obama et Hollande — ne veulent pas attendre que les résultats des analyses des experts onusiens, actuellement en cours, soient connus pour intervenir. L'un comme l'autre, cependant, butent aujourd'hui sur un écueil de taille, même s'il ne présente pas la même configuration : leurs opinions respectives et les représentants de celles-ci sont loin de les suivre dans leur expédition punitive. Un sondage de NBC révèle que 80% des Américains veulent l'aval du Congrès avant de s'engager dans une «coûteuse guerre ». C'est ce à quoi va se plier le président américain mais pas avant le 9 septembre, date de la tenue du Congrès. Quant à Hollande, s'il a déjà tenté, très difficilement et sans résultat du reste, de convaincre les membres de l'Assemblée et du Sénat, il lui reste à déterminer sa position dans le cas où le Congrès américain dit non à une intervention armée US en Syrie. Que fera le guerrier Hollande En y allant malgré tout, il endossera seul toute la responsabilité des conséquences certaines d'un fiasco déjà annoncé. Ne pas y aller, c'est confirmer ce que lui reprochent beaucoup dans ses rangs et dans l'opposition : le suivisme des Etats-Unis et l'absence de voix crédible à l'échelle internationale. Certains, ceux d'ailleurs de son camp, ne s'expliquent pas les accents guerriers du président socialiste qui pensent, suggèrent-ils, que leur premier magistrat se trompe de guerre : la Syrie n'est pas le Mali, quoi qu'en pense Hollande qui ne s'est pas empêché de rappeler «le succès de son intervention au Mali». Ceux-là aussi lui rappellent d'abord que ce sont les Maliens eux-mêmes qui ont fait appel à la France et qu'en outre, l'ennemi des Maliens — les islamistes —était bien identifié, alors qu'en Syrie, l'opposition est très fortement formée d'islamistes qui n'attendent que l'intervention armée pour occuper le terrain et écraser toute velléité démocratique dans la région. Il est clair que l'attitude d'El Assad dans son pays, la répression que son régime exerce sur la population et son autisme quant aux revendications démocratiques ont conduit au marasme faisant 100 000 morts. Ajouter, cependant, une guerre à celle qui se déroule tous les jours dans ce pays, ne peut que mener à une déflagration dont les conséquences toucheront toute la région et sera l'occasion rêvée pour continuer à prendre en otage une population lessivée déjà par le despote en place. N'est-ce pas le moment, si certains considèrent qu'ils ont une voix qui compte, de contraindre tous les acteurs concernés à s'asseoir autour d'une table pour aboutir à une solution politique ?