C'est jeudi en fin de journée, que la direction d'ArcelorMittal Annaba et le Syndicat d'entreprise sont, enfin, parvenus à un «accord salarial de principe» constituant «le premier volet des discussions en cours», indique un communiqué de la direction générale d'ArcelorMittal Annaba. L'accord prévoit des augmentations du salaire de base de l'ordre de 16%, mais étalées sur trois ans. Ainsi, et selon le même document, une première augmentation de 10%, sans contre partie, sera effective à partir du mois d'août 2013. Les 6% restants seront applicables en deux fois 3%. La première en août 2014 et la seconde en août 2015, mais ces deux dernières augmentations sont toutefois liées à la mise en place d'un pacte de stabilité sociale (PSS) de quatre ans qui reste à finaliser entre les deux parties au cours des négociations qui se poursuivent encore. «cette dernière pierre à l'édifice (le PSS ndlr)sera apportée dans les prochaines heures», estime la DG. Autre avantage arraché par les travailleurs, même s'il n'atteint pas le taux qu'ils revendiquaient (90%), concerne la prime de panier qui passe de 250 à 350 dinars par jour ouvrable, soit une augmentation de 40%, à partir du 1er août 2013. Selon la direction générale, le Plan de stabilité sociale «garantit le maintien de l'emploi et aucun départ forcé ne sera entrepris par l'entreprise». Mais elle fait remarquer, plus loin, que «la mobilité et la formation des employés seront nécessaires pour préserver leur "employabilité"». Cette «mobilité» permet à l'employeur de déployer des travailleurs là où leur présence sera jugée par lui, nécessaire et qu'ils n'ont pas le droit de refuser. Mais durant les quatre années du PSS, chose que n'évoque pas le document de la DG, le syndicat doit s'engager à s'interdire toute revendication salariale. Pour la direction générale, «l'accord de principe acquis sans perturbation dans les opérations de production est une étape importante dans le contexte financier et économique difficile que l'entreprise traverse». Il y a de quoi, quant on sait qu'une seule journée de grève, si elle avait été maintenue, aurait occasionné un manque à gagner à l'entreprise d'un million de dollars/jour. Autre raison qui a fait décider les responsables du groupe du Luxembourg à accepter en partie les revendications du syndicat, c'est l'exigence des pouvoirs publics d'un climat social apaisé au sein du complexe pour la mise en place de l'investissement public à travers la libération d'un financement appréciable par la BEA. Opération en bonne voie, selon des indiscrétions. L'accord sur le premier volet est le résultat de la reprise des négociations entre les deux parties sous l'égide de l'inspection du travail de la Wilaya d'Annaba. Commentant l'accord sur le premier volet des négociations, Joe Kazadi, chef de l'exploitation opérationnelle (CEO) d'ArcelorMittal Annaba, affirme dans le communiqué de la DG que lui-même et Daoud Kechichi, le secrétaire général du Syndicat d'entreprise, ont «ouvertement réaffirmé (leur) détermination et (leur) attachement au dialogue responsable et à la concertation dans le respect mutuel. L'objectif partagé par (les) deux parties est de conduire le site vers une stabilité sociale durable et un avenir industriel meilleur». A noter que la reprise des négociations est intervenue à la demande de l'employeur, juste après le dépôt, mardi, d'un préavis de grève générale, annonçant le début de celle-ci pour le 11 septembre en cours. Pour rappel, la décision du débrayage a été approuvée lors du vote qui s'est déroulé durant toute la journée et la soirée de lundi écoulé. Une écrasante majorité des 5.101 travailleurs des 29 unités et ateliers inscrits sur les listes électorales de l'entreprise a opté pour la grève. Le scrutin s'est déroulé à bulletin secret, comme exigé par la direction générale qui avait refusé un premier vote à main levée. Il y a lieu de relever que les négociations menées entre les deux parties ont achoppé, entre autres, sur les augmentations salariales et la réintégration des onze travailleurs licenciés. Jusqu'à la conclusion de cet accord, les deux parties étaient diamétralement opposées au sujet du pourcentage des augmentations salariales. Le syndicat exigeait une augmentation salariale à hauteur de 30% ramenée ensuite à 24%, alors que l'employeur n'a voulu concéder que 7%. Concernant les neuf points de la plateforme de revendications du syndicat, il est utile de préciser que deux points seulement ont pu être acceptés par la direction générale. Avec, toutefois, des propositions, jusque là, très en deça de celles du partenaire social. En effet, elles portaient sur des propositions d'augmentation des salaires de 7% et de la prime de panier de 50 dinars par jour ouvrable.