La filiale algérienne du groupe mondial de l'acier, ArcelorMittal Annaba, est confrontée ces derniers mois à une crise sans précédent du fait d'une intransigeance de sa direction générale concernant une réponse satisfaisante aux revendications des travailleurs contenues dans la plateforme datant, pour certains points, de plusieurs années. Devant cette situation, le syndicat désigné a appelé les travailleurs à une assemblée générale pour aujourd'hui, afin de se prononcer pour une grève générale illimitée. Le cas échéant, un préavis de grève sera émis pour une durée de huit jours. Lors de cette réunion, les travailleurs seront informés en détail sur les points de désaccord et sur l'échec des procédures de conciliation entamées avec l'employeur sous la supervision de l'inspection du travail d'El Hadjar. Les négociations entre les deux parties avaient été entamées au siège de cette dernière la semaine écoulée et se sont poursuivies le début de la présente semaine, mais se sont soldées par un échec. Pourtant, le syndicat avait porté sa principale revendication salariale de 30% à 24% tout en maintenant celles relatives à la prime de la femme au foyer à 3 000 dinars et du panier à 550 dinars/jour. En face, l'employeur n'a pas été au-delà de 10% d'augmentation pour les salaires et de 50 dinars/jour de plus dans la prime de panier qui est de 250 dinars actuellement. Ce qui représente deux points seulement de la plateforme de revendications comprenant neuf points liés à la situation socioprofessionnelle au sein du complexe. Outre l'augmentation salariale, les travailleurs, à travers leur syndicat, ont exigé la réintégration de leurs onze collègues licenciés abusivement. Et ce n'est pas le recours à l'ancien P-D.G d'ArcelorMittal Annaba, Vincent le Gouic, aujourd'hui responsable du groupe au Maghreb, avec résidence au Maroc, qui fera revenir les travailleurs sur leurs revendications qu'ils estiment justes. En effet, Vincent le Gouic est depuis ce lundi à Annaba où il se démène pour désamorcer la crise dans laquelle s'est empêtrée la filiale algérienne de son groupe. Par ailleurs, le partenaire étranger qui détient 70% du capital social de la filiale de Annaba contre 30% pour le groupe étatique Sider, ne fait que tergiverser ces dernières années pour le renouvellement et/ou la réhabilitation des installations du complexe. Celles-ci, ayant dépassé largement leur durée de vie, sont dans un état de vétusté avancé. Celles qui n'ont pas été fermées comme la cokerie, se trouvent présentement dans une situation dangereuse pour les travailleurs, mais aussi pour les habitants des agglomérations avoisinantes. A ce sujet, des sidérurgistes citent, entre autres, la détérioration de la couche réfractaire du haut-fourneau n° 2, et qui est rafistolée à chaque fois sans plus. Autre méfait pour l'économie nationale et que souligne le syndicat dans son communiqué, dont une copie a été adressée au Soir d'Algérie, c'est la volonté de la direction d'importer massivement des produits sidérurgiques de ses autres filiales au détriment de celle de Annaba. Sachant que la production d'acier liquide du complexe d'El Hadjar a été quantifiée officiellement pour toute l'année 2012 à 580 000 tonnes, alors que ses capacités théoriques sont de l'ordre de 2 millions de tonnes/an et que l'Algérie en consomme annuellement plus de 5 millions de tonnes.