De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Il y a les Algériens par «décret», ça on le sait depuis fort longtemps, ce que l'on sait moins, par contre, ce sont les sans-papiers qui se font passer pour des Algériens. En Belgique, ils sont de plus en plus nombreux. Marocains, essentiellement, mais d'autres aussi, Tunisiens, subsahariens notamment. Lorsque le sans-papier arrive dans le Royaume, il dissimule soigneusement son identité et tente, par tous les moyens légaux, de rester dans la réglementation belge et européenne. Le fait que l'Algérie n'ait pas signé d'accord de reconduction avec l'UE incite à se faire passer pour un Algérien pour éviter l'expulsion immédiate. Manu militari. Le Maroc a depuis fort longtemps et avec un zèle remarquable signé avec Bruxelles tout ce que l'Europe désirait. Reconduction immédiate, billet d'avion retour à la charge du clandestin, plus aucune chance de rejoindre l'Europe pour un expulsé, quand bien même redeviendrait-il le citoyen le plus respectueux du droit... Seule l'Egypte de Moubarak avait, l'on s'en souvient, accepté toutes les conditions de l'UE concernant le retour des sans-papiers. Si aux yeux de N. Sarkosy et des durs Européens envers l'immigration clandestine, Rabat et Le Caire devaient, coûte que coûte, en commun ou alternativement, diriger l'Union pour la Méditerranée, ce fort heureusement mort-né, cela devait être une récompense pour services rendus par les bons élèves Mohammed VI et Hosni Moubarak. L'ex-président tunisien Ben-Ali et Guedddafi avaient, il faut le leur reconnaître, négocié durement et habilement pour ne pas transformer leurs pays respectifs en commissariat de police au service du bien-être, de la quiétude des Européens du nord de la méditerranée, si pansus, si égoïstes, si peu généreux... Ce qui relativise les chiffres livrés, hier, par le quotidien bruxellois Le Soir et selon lequel le un cinquième des sans-papiers en Belgique sont des Algériens. Beaucoup parmi les 2 636 «Algériens» identifiés ont d'autres nationalités et se font passer pour Algériens afin d'éviter la reconduite. Du Rif marocain, de la Tunisie profonde, du Mali, du Niger, d'ailleurs, ils s'algérianisent pour ne pas tomber sous le coup du traité passé avec l'Union européenne. Il est vrai que l'Algérie n'a pas voulu accepter de signer avec Bruxelles la reconduite des siens vers le pays sans garanties, sans principes et obtempérant simplement aux ordres de l'Europe. Ce que firent le Maroc et l'Egypte moubarakienne. Dans les centres fermés où s'entassent les irréguliers, juristes, associations et défenseurs des droits de l'Homme savent que le chiffre de 2 636 Algériens en Belgique de façon clandestine est faux pour les raisons invoquées plus haut. Il n'en reste pas moins que c'est honteux, h'chouma pour l'Algérie que des enfants continuent d'émigrer clandestinement vers l'Europe, un continent où il ne fait plus bon vivre. Aucun Algérien, oui aucun, ne devrait quitter son pays en tant que harrag, c'est h'chouma et c'est une tache noire, à inscrire au bilan désastreux de cette décennie. Il est vrai, cependant, que les Algériens par décret sont mieux lotis que les pauvres sans-papiers du Rif qui se font passer pour «d'ziri» afin d'éviter l'expulsion au pays de Mohammed VI.