Par Soraya Naïli Nedjma 57 ans Les gâteaux de fête sont toujours les bienvenus. On les attend avec impatience au moment de la pause café. C'est le moment où les rythmes endiablés de la sono se mettent enfin en sourdine. Mais lorsque les starlettes en miel, baklawa et qnidlette viennent à manquer au moment de servir le café parce que les invités sont beaucoup plus nombreux que prévu, c'est à coup sûr la panique à bord. «J'ai marié ma fille en janvier dernier et autant vous dire que j'ai eu chaud. En fait, j'attendais environ 200 personnes, mais ce nombre a été au moins multiplié par deux. Vous savez ce que c'est ! On invite quelqu'un, qui à son tour, en invite deux ou trois... et ainsi de suite. Résultat des courses, pas assez de gâteaux et de boissons pour tout le monde. Mon mari et mon fils se sont précipités sur les commerces de pâtisseries et gâteaux traditionnels. Mais, comme c'était un vendredi et que la plupart des magasins étaient fermés, ils ne sont réapparus que vers 18 heures. Nos invités ont dû patienter longtemps avant de prendre leur café avec des gâteaux complètement ‘dépareillés'. Quelle angoisse ! », se rappelle Nedjma. Lynda 29 ans Autre lieu, même mésaventure. Encore une histoire de gâteaux. Le jour de son mariage, Lynda a eu un stressant embarras à gérer. «Le traiteur chez qui nous avons passé commande pour les gâteaux les a complètement brûlés. Nous étions à un jour seulement de la cérémonie, il s'était quand même rattrapé en veillant toute la nuit avec ses employés pour les refaire. Heureusement, à la dernière minute, tout s'est arrangé, mais, la tension était à son comble !», se souvient Lynda. Ahmed 39 ans Avoir la main heureuse avec le sel lorsqu'on prépare un plat au quotidien, c'est ennuyeux certes, mais pas de quoi en faire un pataquès. Deux œufs au plat et on passe à autre chose. Mais, servir un couscous hypersalé à ses invités lors d'une fête, c'est franchement nul ! Ahmed, en rit encore. Toutefois, il y a huit ans, lors, du repas de son mariage, il n'en menait pas large. «C'est une vieille tante du bled qui a proposé de préparer le couscous pour les convives. Il faut reconnaître que c'est un véritable cordon bleu et que toute la famille la sollicite à l'occasion des fêtes, malgré son âge avancé, sa grave myopie et sa surdité confirmée. Néanmoins, j'aurais dû me méfier ! Le couscous était carrément infect. Les assiettes repartaient pleines à la cuisine tellement c'était salé et hyper relevé. Une vraie ‘t'bahdila' ! Un ratage dont je me suis quand même consolé depuis !» Ali 47 ans Les mauvaises nouvelles arrivent parfois sans crier gare. Alors que vous êtes gaiement en train de vous déhancher sur une piste de danse, le DJ coupe subitement la musique pour faire une annonce funèbre au micro. «Je venais d'apprendre que mon oncle et ma tante ont été victimes d'un tragique accident de la route en se rendant à mon mariage !», nous révèle Ali. «Ils venaient de Constantine et leur voiture avait été percutée par un poids lourd qui ne leur a laissé aucune chance. De la salle des fêtes, on s'est tous retrouvés à la morgue de l'hôpital ! Mon mariage me rappellera toujours ce drame horrible qui nous a endeuillés, un si beau jour !», regrette des années encore, Ali. Hassiba 32 ans Choper une intoxication alimentaire le jour de sa propre «tesdira», c'est vraiment avoir la scoumoune ! Passer la journée à vomir ses tripes aux urgences hospitalières en chignon et maquillage glamour, c'est bon pour une comédie, mais pas dans la vraie vie. Pourtant, c'est ce qui est arrivé à Hassiba. «Au retour de chez la coiffeuse, je commençais à avoir des sueurs froides, des vertiges et des douleurs au ventre. J'étais complètement patraque, et lorsque diarrhées et vomissements sont arrivés, j'ai pensé que c'était foutu. Mes invités étaient déjà dans la salle et la troupe de ‘zorna' m'attendait en bas de l'immeuble. Conduite aux urgences, j'ai passé tout l'après-midi parmi les blouses blanches. Pris de panique, mes parents ne savaient plus à quel saint se vouer. Ce n'est qu'en début de soirée que j'ai pu rejoindre la salle des fêtes. Chancelante et blême, j'ai réussi toutefois à enfiler ma robe blanche et à prendre quelques photos avec mon époux. Les robes pour lesquelles j'avais mis des mois de préparation sont restées dans les valises et ma fête a été complètement gâchée à cause de cette intoxication alimentaire qui s'est invitée le jour de mon mariage !» Chaque mariage a son lot d'imprévus. Heureux ou moins heureux, on n'y peut rien ! La date est souvent arrêtée des mois avant le fameux jour. Il ne reste qu'à se détendre et tenter par tous les moyens de considérer que la bouteille est à moitié pleine !