Pour l'Intersyndicale de la santé publique, l'équation est plutôt simple : avec un remaniement ministériel chaque année, sinon tous les six mois, le redressement d'un secteur, fût-il celui de la santé ou autre, a très peu de chance d'aboutir. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) Les Syndicats du personnel de la santé publique, des spécialistes et des psychologues (SNPSP, SNPSSP, ET SNAPSY), réunis sous une seule coupe, restent unanimes : le message du nouveau ministre de tutelle, Abdelmalek Boudiaf est le bienvenu mais faudra-t-il qu'il ait d'abord les moyens de concrétiser ses engagements. En intervenant, tour à tour, hier à Alger, les Dr Keddad, Merabet et Youcefi ont véhiculé le même message : «Le ministre qui a, avant toute chose, le facteur temps contre lui, car dans six mois, il sera probablement remplacé par quelqu'un d'autre, doit aussi se rendre compte qu'il y a un lobby puissant face et autour de lui, ce même lobby qui œuvre en faveur des cliniques et labos privés ainsi que l'importation de médicaments.» Une manière de dire, pour reprendre les propos du Dr Merabet : «Ce changement de ministre ne va pas ramener de miracles », ou encore la réplique sèche du Dr Youssefi : «vous ne pouvez rien faire Monsieur le Ministre, cela vous dépasse». La réaction du Dr Keddad n'était pas moins audacieuse : «La nomination de Abdelmalek Boudiaf n'est pas une solution en soi... tant que le gouvernement ne fait pas du redressement du secteur de la santé une priorité.» Ce qui, on ne peut plus clair, équivaut à une absence de volonté politique pour remédier à la pathologie latente qui hante le secteur. Le procès de Ziari Autre chapitre que l'Intersyndicale de la santé publique n'entend pas balayer d'un revers de la main : le passage de Abdelaziz Ziari à la tête du secteur. Si ce dernier n'a pas contribué, à leurs yeux, à trouver des solutions aux problèmes exposés depuis des lustres, il a, néanmoins, selon toujours ces derniers, participé à envenimer les choses en installant un climat de conflit et d'instabilité générale. Mais ce qui reste, le plus impardonnable, insistent les trois docteurs, c'est le décret exécutif du 18 août 2013, initié par Abdelaziz Ziari, mettant l'ensemble des structures sanitaires du pays sous la coupe des hospitalo-universitaires. Cette tendance, assurent-ils, persistera toujours, vu que «la majorité des directeurs centraux du ministère de la Santé sont issus du corps hospitalo-universitaire et constituent un front et un groupe de pression. Ils se demandent, d'ailleurs, «si le secteur de la santé n'est pas devenu une annexe du ministère de l'Enseignement supérieur». Enfin, l'Intersyndicale a appelé à ne pas déconsidérer le rôle des professionnels de la santé publique qui font dans la prévention, la consultation, les soins de base et aussi la formation.