Tous les matins que Dieu fait, c'est la même rengaine. Ils pleurnichent, inventent des maladies imaginaires, traînent la patte et prétextent mille et un bobos pour rester au lit. A l'heure d'aller en classe, certains marmots sont soudain pris de panique. Ils se transforment en petites furies donnant du grain à moudre à papa-maman. «Qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer l'école ?», c'est le refrain préféré de ces rétifs à l'instruction. Revêtir un tablier et endosser un cartable est la pire des tortures pour ces écoliers. Mais pourquoi tout ce mal-être? En y regardant de plus près, on découvre que leur comportement est justifié. Par Soraya Naïli Leïla, 32 ans : «Ma fille n'a jamais montré de réticences pour aller à l'école. Mais en entamant sa troisième année primaire, elle a commencé à avoir un comportement bizarre. Chaque matin, elle me faisait de grosses crises de larmes. Elle se plaignait de maux de ventre et vomissait toutes ses tripes. Alarmée, je l'ai emmenée chez le médecin. Le toubib n'a rien décelé sur le plan organique et m'a soufflé de me rapprocher de son école pour voir ce qui clochait. En interrogeant d'autres parents, j'ai découvert que ma fille n'était pas la seule à présenter ces drôles de symptômes. De retour à la maison, j'ai essayé d'arracher les vers du nez à ma petite. Tout en la rassurant, je l'ai questionnée sur sa maîtresse et ses petits camarades. Au début, elle ne pipait mot. Mais, en insistant, elle a fini par cracher le morceau. Un élève de 5e année la terrorisait en lui arrachant son goûter tous les jours. Il la forçait même à lui remettre son argent de poche et sa trousse. Je me rappelle en effet avoir racheté plusieurs fois stylos et crayons, pensant que ma fille avait égaré ses affaires. En tremblant de la tête au pied, ma gamine m'avoua que ce saligaud en culotte courte l'a menacée de représailles si d'aventure, si elle s'avisait d'en parler ‘aux grands'. Mon sang n'a fait qu'un tour. Je me suis précipitée dans le bureau de la directrice. Alarmés, d'autres parents ont suivi mon exemple. Leurs enfants étaient également traumatisés par ce racketteur. Heureusement, cet énergumène a été renvoyé manu militari de l'établissement et les choses sont enfin rentrées dans l'ordre. Finies les nausées du matin, envolées, les coliques, ma petite a retrouvé sa sérénité et a repris joyeusement le chemin de l'école. Je conseille aux parents d'être extrêmement vigilants. Ces cas sont plus répandus qu'on pourrait le croire !» conclut Leïla. Salim, 42 ans : Le bourreau peut aussi se présenter sous les traits d'une institutrice à qui on confie le fruit de nos entrailles en toute confiance. En effet, le pire cauchemar d'un écolier c'est d'avoir un enseignant sévère, méchant, indélicat et immoral. «Mon fils a toujours été un brillant élève. Jusqu'au brevet. Cette année là, je ne le reconnaissais plus. Il a commencé à s'absenter, prétextant une grosse fatigue. En recevant son bulletin scolaire, j'étais atterrée. Ses notes en mathématiques avaient dégringolées. En menant ma petite enquête, j'ai fini par découvrir le pot aux roses. Son enseignante donnait des cours particuliers à tous ses élèves. Elle avait mis la pression sur mon fils afin qu'il paye lui aussi des heures supplémentaires de mathématiques. Devant son indifférence, elle a commencé à s'acharner sur lui, l'humiliant et le ridiculisant devant ses camarades. Au niveau des notes, c'était la catastrophe. J'ai tout de suite réagi en dénonçant ce comportement véreux. Comme personne ne m'écoutait, j'ai dû trouver un autre collège où scolariser mon fils au beau milieu de l'année scolaire. Evidemment, ses notes ont redécollé et tout s'est arrangé». Mélissa, 7 ans : Les petits ont aussi leur mot à dire. En les écoutant parler, on reste coi devant leurs confidences. Le comportement de certains enseignants qui utilisent les heures de cours pour faire du prosélytisme est choquant. Mélissa ne cesse de répéter qu'elle déteste aller à l'école à cause de sa maîtresse. «L'autre jour, elle m'a dit que ma robe était trop courte et que c'était ‘‘péché'', lâche la petite fille. «Une autre fois, elle a demandé aux élèves dont la mère ne portait pas le voile de lever la main. Elle nous a regardés méchamment et a dit que nos parents brûleront en enfer !» n