Par Maâmar Farah Un ami, surpris d'apprendre que je n'ai pas mis les pieds en Europe depuis près de 40 ans, s'est interrogé sur les raisons de ce qui n'est, à ses yeux, qu'un caprice de Boumediéniste. Mon problème est pourtant très terre-à-terre. Je refuse de voyager en Europe parce que, au retour, j'attraperai pire que la tristesse, quelque chose qui me fera perdre la raison et pleurer tout mon être ! Quand je verrai la beauté de l'architecture moderne, je penserai aux affreuses excroissances grises qui poussent anarchiquement aux portes de nos villes ! Quand je verrai les roses dans les avenues bien entretenues, propres, brillantes, je penserai aux tas d'ordures qui jonchent les sols de nos cités, aux égouts éclatés, aux murs sales et délabrés, à l'hygiène douteuse des passants, etc. Quand je verrai des élus et des responsables prendre le métro et aller au marché, je penserai à ces pachas qui ne circulent qu'en limousines et ont des dizaines de garde-corps, de domestiques, de cuisiniers, de chauffeurs et d'hommes et de femmes à tout faire ! Quand j'aurai navigué via la 4G, je ne pourrai plus m'en passer ! Quand j'aurai vu la liberté, la justice, la démocratie, j'aurai envie de boxer Rocky Drabki et un député éléphantesque et ça me coûtera quelques mois de prison ! Et j'en passe ! Voilà pourquoi je ne voyage pas en Europe. Je reste ici pour continuer à croire, bêtement, que, partout, c'est la même médiocrité qui règne !