Le royaume des fourmis, long métrage du réalisateur tunisien Chawki Mejri, a été projeté en ouverture des 2es Journées du film méditerranéen d'Alger MéditerraCiné, prévues jusqu'au 14 novembre, avec un rappel saisissant de la situation épouvantable qu'endurent les Palestiniens sur leurs territoires occupés. Coécrit par Khaled Trifi et le réalisateur, le long métrage, d'une durée de deux heures, a répercuté sur l'écran la dure réalité des Palestiniens qui vivent au quotidien sous le rythme des exactions et des génocides perpétrés par l'armée d'occupation israélienne dans l'impunité totale. Le royaume des fourmis raconte la Palestine comme elle a toujours été : un territoire saint, meurtri par les agressions répétées sur les civils et soumis depuis plusieurs décennies au vacarme des hélicoptères, au sifflement strident des chenilles de bulldozers qui rasent des maisons et détruisent des quartiers entiers et aux tirs de bombes lacrymogènes. En dessous des villes palestiniennes, des tunnels secrets serpentent les quartiers et mènent en toute sécurité d'un bout à l'autre. C'est dans ces sous-sols qu'une belle histoire d'amour naîtra : Jalila, la rebelle, va sceller son destin à celui de Tarik, redoutable guerrier, en présence de ses amis combattants et de leurs proches. De cette union, Salem verra le jour dans les geôles de l'occupant, car sa mère, ne voulant rien dire au sujet de son mari, a été emprisonnée. Le couple Jalila et Tarik, que les évènements ont éloigné l'un de l'autre pendant 12 ans, nourriront une romance époustouflante dans l'espoir et l'optimisme. «Ce film réalisé en 2012 sans concession aucune, puissant et saisissant dans son contenu devra inciter à en faire d'autres car les productions cinématographiques autour de la question palestinienne demeurent encore très insuffisante en nombre», a souligné le producteur tunisien du film Nejib Ayad. Le long métrage, d'une grande pédagogie car conçu dans la logique de la dualité qui facilite la comparaison entre les lieux, les situations et les personnages notamment, suit trois générations de palestiniens qui luttent pour leur survie et se transmettent le précieux rêve, source de conviction et de détermination, qui permettra un jour, de voir la Palestine enfin libre. Les repérages des lieux de tournages, les effets spéciaux de qualité qui ont remarquablement soutenu les scènes de bombardements et l'éclairage légèrement terne, ont donné une grande crédibilité et de l'esthétique au long métrage, avec des impressions de documentaire, dans les scènes d'affrontement dans la rue notamment. «Ce film, est une expérience particulière dans la mesure où c'est un projet panarabe, coproduit par la Tunisie, l'Egypte et la Syrie, avec également plusieurs nationalités dans le choix du personnel technique et artistique qui ont satisfait le réalisateur», a estimé M. Ayad. Né le 11 novembre 1961 à Tunis, Chawki Mejri, maîtrise en cinéma de l'Ecole du cinéma et du théâtre de Lodz en Pologne, a réalisé quelques courts métrages pour le cinéma et écrit plusieurs feuilletons pour la télévision, avant de réaliser Le royaume des fourmis, son premier long métrage, présent pour la première fois en Algérie et qui a pris part à plusieurs festivals. Les deuxièmes journées du film méditerranéen d'Alger se poursuivent à la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El- Feth avec à l'affiche des films comme Alps de Yorgos Lanthimos (Grèce), Kuma d'Umut Dag (Turquie/Autriche) et Blind Intersections de Lara Saba (Liban).