De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari A qui profite l'Accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc ? Tel est le thème du colloque organisé hier dans l'enceinte bruxelloise du Parlement européen. Poser la question est, en définitive, y répondre. La Suède, l'un des pays qui militent activement au sein des institutions européennes pour invalider des clauses dudit accord, ne veut pas que la façade atlantique du Sahara occidental fasse partie du traité. La puissance nordique reste dans les clous du droit international et veut exclure le Sahara occidental des pourparlers avec le Maroc. Comme l'ont fait les USA en signant la zone de libre-échange avec Rabat. Pas question pour les «States», hier comme aujourd'hui, de discuter avec le Makhzen de territoires ne lui appartenant pas, juridiquement identifiés comme non autonomes et relevant de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation. La commission Barroso peu scrupuleuse s'assied sur le droit et tente, malgré tout, par des artifices, de convaincre du contraire. Avec l'Accord du traité de pêche qu'elle a contracté avec le Maroc, l'Union européenne exclut, tout en n'excluant pas la façade atlantique sahraouie de l'accord. Sous la pression des ONG, des Etats membres comme la Suède, de l'ONU, du Polisario et de personnalités prestigieuses qui n'admettent pas l'escroquerie Barroso, Bruxelles a inventé des formules «prêt-à-porter», des discours à l'emporte-pièces. L'accord, dit-on, côté Commission, profitera aux pêcheurs sahraouis, «l'UE s'y engage». Sans déterminer, toutefois, les mécanismes qui verront les Sahraouis sous occupation bénéficier de retombées financières européennes distribuées par le... Makhzen. Emmaus Stokholm dénonce au Parlement européen, (PE), à partir d'hier, les mensonges de Barroso et des siens. Les Suédois, Vikings prévoyants, qui ont donné à l'Europe chrétienne l'idée et l'architecture des cathédrales, immenses et imperturbables, défiant l'espace et le temps, ne se contentent pas de vouer aux gémonies en paroles Bruxelles. Ils apportent des faits, des preuves, mettent l'opinion publique face à du concret, à des actes, sollicitant des témoignages, enquêtant, vérifiant les sources, donnant la parole aux concernés. Parmi eux, des représentants de la société civile et parmi ces derniers des pêcheurs sahraouis vivant les affres du colonialisme marocain et les brutalités au quotidien dues à leur métier que les colons marocains n'admettent pas. Du moins, quand il est exercé par eux, les autochtones, les colonisés, ceux que le Makhzen veut réduire au silence. Les conférenciers d'hier ont été nombreux et triés sur le volet de la compétence scientifique (Pal Wrange, professeur de droit international - Stockholm University), du témoignage conséquent (Brahim Dahane, militant acharné des droits de l'Homme au Sahara occidental, plusieurs fois arrêté puis torturé par l'armée et la police marocaines)... Parmi les invités-témoins, plusieurs artisans pêcheurs venus de Laâyoune et de Dakhla occupés, diront les scènes quotidiennes des brimades et des humiliations qu'ils subissent. Emmaus Stockholm et la Suède ne lâcheront pas Barroso sur le dossier sahraoui. Nous y reviendrons...