De notre Bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Western Sahara Ressource Watch (WSRW), ONG crédible et efficace, lance à partir de Bruxelles, la campagne contre le salissement de la tomate de Dakhla par le Maroc. Pour défendre les intérêts du peuple sahraoui en attendant le référendum. Le choix de la capitale belgo-européenne n'est pas fortuit... Récit d'un banditisme d'Etat. «La campagne d'exportation des tomates du Maroc commence aujourd'hui... Certaines des tomates "marocaines" que vous trouverez bientôt sur les étals ont été cultivées illégalement dans un territoire sous occupation militaire. Vous avez repéré des tomates sales ? Aidez-nous à les identifier dans votre magasin .» La campagne efficace et muselée de Western Sahara Ressource Watch que lance cette ONG pour dénoncer le trafic de la tomate sahraouie auquel se livre le Maroc est significative et produit des effets politiques et médiatiques «tout bénéfice» pour le peuple sahraoui. Il est, en effet, bon de rappeler au consommateur européen l'origine de ce qu'il mange. Avant d'arriver à son assiette, il y a un processus sérieux et sans appel que tout organisme importateur ou exportateur doit se soumettre, sous peine d'amendes conséquentes. En cas de récidive, cela peut mener jusqu'au retrait de la licence de commerce et la fermeture des stocks et magasins. Les campagnes de sensibilisation de ce genre ont été d'un apport certain et permis des élans de solidarité intéressants pour le peuple palestinien. Tel-Aviv, ayant toujours fait commerce de produits cultivés et travaillés dans les colonies et étiquetés sous le label «Israël» pour contourner l'interdiction qui lui est faite de vendre les produits agricoles des territoires palestiniens. S'il est vrai que les Israéliens s'assoient régulièrement sur le droit et pissent allégrement sur les résolutions de l'ONU la condamnant en cette occurrence ou en d'autres, la mobilisation internationale en faveur des Palestiniens que l'escroquerie israélienne induit, pose de sérieux problème à l'Etat de Netanyahu. A telle enseigne que de fervents partisans du Grand Israël, qui ne concèdent aucun pouce de territoire à l'entité dirigée par Mohamed Abbas, disent, ouvertement, leur opposition à la commercialisation de l'orange, de la pastèque, du melon ou de la carotte des colonies en pays étrangers. A cause, précisément, de l'effet non productif par la propagande de Tel-Aviv que ce banditisme agricole engendre. Le Maroc, occupant par la force des territoires que la doctrine des Nations-Unies classe comme non autonomes relevant de la décolonisation, s'adonne, pourtant, pour ce qui le concerne, à cette pratique depuis quelques années. Et depuis quelques années, il met dans la gêne ses soutiens européens les plus zélés. Ne pouvant mettre sur les marchés européens des produits fabriqués au Sahara occidental sous colonisation, il met des étiquettes de villes marocaines sur des produits du Sahara occidental. Il en va ainsi et surtout de la tomate de Dakhla, deuxième ville sahraouie après Laâyoune et dont la qualité de la terre et de l'eau est prisée partout et que Rabat vend en piétinant le droit international et en recourant à des moyens proches du banditisme d'Etat, voire du banditisme tout court. Il ne s'en sortira pas aussi facilement qu'il le croit, aveuglé qu'il est par «la marocanité» supposée du Sahara occidental, son entêtement lui fait subir revers sur revers diplomatique et politique mais il continue... Le général Giap, que Dieu lui ouvre Son Vaste Paradis, disait que «l'impérialisme était un mauvais élève». Dans le cas du Maroc, on peut même ajouter que le Maroc est le dernier de la classe des indus occupants. Le Sahara occidental est, d'ailleurs, classifié par l'ONU, l'UE et toutes les instances internationales comme dernière colonie de l'Afrique. Western Sahara Ressource Watch écrit pour soutenir sa campagne de dénonciation du Maroc vertement et sans ménagement pour le Makhzen : «Environ 160 000 Sahraouis vivent dans des conditions déplorables dans les camps de réfugiés... Leur alimentation est très pauvre en fruits et légumes frais. Il est éthiquement sale pour le régime d'occupation de profiter de produits cultivés sur la terre que ce peuple a dû fuir pour éviter les horreurs de la guerre...» Le choix de Bruxelles pour le lancement de cette campagne de mise à l'index des voleurs de tomates de Dakhla n'est pas fortuit. La capitale belgo-européenne ne cesse pas, en effet, d'asséner les coups au Maroc pour son occupation du Sahara occidental. Résolutions pertinentes du Parlement européen toutes en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui, mise sur pied régulièrement de groupes de députés européens «paix pour le peuple sahraoui», exigent l'application sans tricherie des résolutions de l'ONU, forte mobilisation des sociétés civiles en faveur du Polisario et, enfin, l'empêchement par les eurodéputés, à chaque fois que le texte leur est soumis, de laisser l'ambiguïté planer quant à la nature juridique du Sahara occidental. S'il est un fait que la Commission européenne de Barroso tente de ne pas trop regarder la façade atlantique sahraouie quand elle signe des accords de pêche avec le Maroc, les europarlementaires méfiants, obligent chaque fois le gouvernement exécutif de l'UE de rester dans les clous de l'ONU sur le dossier. La bataille de la tomate enclenchée par Western Sahara Ressource Watch, annonce, c'est certain, les débats au sein du Parlement européen sur le traité de la pêche entre Rabat et Bruxelles. Les eurodéputés obligeront Barroso à exclure la façade atlantique du Sahara occidental de ces arrangements concernant le poisson du Maroc. Il est vrai que pour cette fois-ci, les commissaires européens ont tenté, bon an mal an, de proposer un texte qui ne va pas dans le sens des demandes marocaines. C'est insuffisant. Le Parlement européen exigera une position à l'américaine. L'exclusion de tout le territoire sahraoui de la zone de libre-échange qu'il a conclue avec le Maroc. C'est clair. Juste et conforme au droit international. En attendant, l'affaire de la tomate sale que le Maroc vend comme produit marocain éclairera davantage sur la barbarie et les méthodes toutes aussi sales du Makhzen au Sahara occidental. [email protected].