Ultime acte devant parachever le processus de réformes politiques annoncées par Bouteflika au printemps 2011, la révision de la Constitution reste toujours une projection sans calendrier précis. Si le patron du FLN, Amar Saïdani, et d'autres voix du sérail cataloguées comme proches du cercle présidentiel soutiennent inlassablement que la révision interviendra avant l'élection présidentielle, Amara Benyounès, ministre de l'Industrie, inverse l'ordre d'intervention des deux échéances politiques. Qui est dans les secrets de l'alcôve et qui ne l'est pas ? Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) A Paris où il se trouvait jeudi en visite de travail officielle, le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, Amara Benyounès, a confié à France 24 que la révision de la Constitution interviendra après l'élection présidentielle. «Je pense qu'elle aura lieu après l'élection présidentielle, nous n'avons pas le temps pour organiser un référendum ou des élections pour la révision de la constitution», a-t-il soutenu. Cette déclaration, pour le moins qu'on puisse dire, ajoute à la confusion qui entoure l'échéance à laquelle interviendra la révision de la Constitution. Elle en rajoute forcément car Amara Benyounès a beau avertir qu'il livrait de l'analyse, il reste néanmoins un membre du gouvernement qui de surcroît se prévaut de la proximité du chef de l'Etat et, donc, son analyse est censée reposer sur des éléments d'informations assez sûrs. Auquel cas l'analyse associe l'information. Or, il se trouve que d'autres personnalités politiques, gravitant elles aussi dans la proximité du chef de l'Etat, confessent, au même moment, tout autre chose, à savoir que la révision de la Constitution aura bien lieu avant le déroulement du scrutin présidentiel prévu pour le mois d'avril 2014. Et la plus diserte d'entre elles reste bien évidemment le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, qui serine inlassablement que la trituration de la loi fondamentale se passera avant l'élection présidentielle et que la principale disposition qui y sera introduite sera l'institution du poste de vice-président de la République. Une nouvelle institution au sujet de laquelle d'aucuns ne cessent au demeurant de parler comme d'une vérité révélée. Sauf que personne parmi tout ce beau monde n'a été en mesure de dire avec exactitude la manière avec laquelle s'opérera le pourvoi au poste de vice-président de la République. La multiplication de déclarations contradictoires autour du calendrier de la révision constitutionnelle laisse penser que le Président Bouteflika hésiterait encore sur les deux options possibles : la désignation du vice-président par décision régalienne du Président ou le soumettre au verdict de l'urne en tant que colistier du candidat à la magistrature suprême, comme c'est notamment le cas dans le système américain. Si, comme l'affirme Amara Benyounès, la révision de la Constitution est décalée à l'après-présidentielle, la désignation du vice-président de la République ne pourrait alors qu'émaner du choix arbitraire du chef de l'Etat. Le report exclurait la possibilité de l'autre option. L'enjeu de la vice-présidence de la République est tellement important qu'il alimente les luttes en sourdine dans le sérail algérien. Plus encore du moment que Bouteflika, potentiellement candidat à sa propre succession, est malade et toujours convalescent, 8 mois après son AVC. L'indécision de Bouteflika à annoncer une échéance pour la révision de la Constitution laisse le tohubohu emplir l'espace et la confusion se généraliser.