Le deuxième congrès de l'Académie de la société civile algérienne s'est ouvert hier à Alger, abrité par la maison Benhamouda, siège national de la Centrale syndicale UGTA. De la qualité des invités au rendez-vous, en majorité des institutionnels, il s'en ressent comme une mise en train pour une implication électorale. Le secrétaire général sortant de l'organisation Ahmed Chenna a beau souligner, dans son allocution d'ouverture des travaux du congrès, qu'il restait jaloux de l'indépendance de son organisation, il aura toujours peine à convaincre. L'Académie de la société civile algérienne, qui s'est choisi le Président Bouteflika comme président d'honneur, s'était déjà lourdement impliquée dans les deux précédentes campagnes électorales pour qu'elle observe cette fois-ci la neutralité. La brochette de représentants des institutions officielles installée au premier rang, avec, en prime, l'honneur de prises de parole est révélateur d'une proximité jamais démentie entre l'organisation et le pouvoir en place. D'ailleurs, le rôle que s'assigne cette organisation est résumé par le représentant du CNES qui la félicita pour le rôle qu'elle a accompli comme partenaire engagé pour la réussite des assises de la société civile en 2011, initiative dont l'objectif était de mobiliser contre les manifestants qui avaient investi les rues d'Alger pour réclamer le changement. L'alignement de l'Académie de la société civile algérienne sur les politiques gouvernementales est révélé encore par la vocation qu'elle assigne à la société civile, en l'occurrence celle de «s'insérer dans n'importe quelle démarche lorsqu'on le lui demande». En 2010 déjà, le secrétaire général Ahmed Chenna annonçait la couleur : «Nous devons renforcer notre présence sur le terrain pour contribuer effectivement à la réalisation du plan quinquennal du Président et participer grandement et efficacement à l'effort du développement national.» On ne peut mieux se positionner comme force d'appoint du gouvernement. L'académie, créée en 2003, recrute essentiellement dans le corps des élus locaux, des parlementaires et des cadres des institutions nationales. Des profils qui ont fait qu'elle soit arrimée au pouvoir, une organisation satellitaire, comme toutes celles nombreuses dont les plans d'action se réduisent en soutien indéfectible à Bouteflika.