Le chanteur Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, a été l'invité hier lundi, du Forum du quotidien Liberté à Alger. Presque toutes les questions posées par les journalistes et autres étaient d'ordre politique et même religieux. «Pourquoi vous n'avez pas joué le rôle de meneur dans le combat pour l'amazighité ?» est l'une des questions posée à l'artiste. «Pourquoi veux-tu que je sois un meneur ? J'ai peut-être joué ce rôle par mes chansons. Les idéologies passent et une bonne chanson reste. Une bonne chanson vaut mieux que 1 000 discours. Matoub a été au bout de ses convictions. Aït Menguellet, à cause d'une (poignée de) main malheureuse..., certains ont effacé tout ce qu'il a fait. Dans un combat, il faudrait d'abord définir l'ennemi. Je ne me suis pas écarté de ce combat, et à chacun sa méthode. Je suis berbère et je le resterai toujours», répond Idir, dont le plaidoyer est remonté jusqu'au rôle des artistes, lors de la guerre civile en Espagne. La plupart des questions étaient du genre «Pourquoi avez-vous fait ça ? ou, au contraire, «pourquoi vous n'avez pas fait ça ?». Idir est venu en Algérie, il y a quelques années, avec Zineddine Zidane, parce que c'est Zizou qui l'avait invité. Idir fait remarquer qu'à l'époque, Bouteflika était «le président de tous les Algériens» même si l'artiste ne partage pas ses opinions et ses positions concernant la langue amazighe. Tamazight, langue officielle selon l'interprète de «Avava Inouva», ne veut pas dire que la partie est gagnée car, après c'est à ses enfants de continuer le chemin en développant l'usage de cette langue. Au sujet d'Enrico Macias, il a conclu sa réponse par :«Je ne cautionne pas ce qu'il fait». Cheb Khaled ? «Il est le sujet d'un roi et moi citoyen d'une République». Idir n'a pas chanté en Algérie pour des raisons pratiques (techniques notamment). En outre, il ne veut pas le faire «sous l'égide du haut patronage de machin». «J'ai un ardent désir de chanter en Algérie», dira-t-il à la fin de sa longue réponse. «L'Algérie est un pays musulman et je suis musulman. Je crois en Dieu, surtout quand je suis dans un avion, dans le ciel (sourire). Ce qui me dérange c'est : "L'Islam religion de l'Etat". Dieu m'a créé amazigh et ce n'est pas à l'homme de changer mon identité», répondra Idir à l'inévitable question sur la religion en Algérie. Pour le chanteur kabyle, la démocratie doit être accompagnée, ou précédée par un changement des mentalités comme en Europe. Idir prépare un album comportant des chansons dans tous les parlers berbères de l'Afrique du Nord, de la Libye au Maroc. L'artiste, qui réside en France, a promis de revenir en Algérie et renouvelé son désir ardent de chanter en Algérie.