Que ce soit dans un film, un feuilleton ou autres, sa performance d'acteur est à chaque fois remarquable, même lorsqu'il campe un second rôle. Bien sûr qu'il sait tout jouer, le bon ou le méchant, et dans n'importe quel registre, Hassan Benzerari a de la présence, il a du «coffre». Mais ce qui explique le plus sa longévité, son succès et sa popularité, c'est d'abord son professionnalisme. Nous l'avons rencontré pour nous parler un peu de ses «ramadaniette», et voilà que, toujours aussi imprévisible, il nous prend à contre-pied pour nous embarquer à... Venise ! Le Soir d'Algérie : Là, on vous surprend à parler italien. Vous vous préparez à un rôle de contrebandier italien dans un film comique algérien ? Hassen Benzerari : En fait, je baragouinais quelques mots d'italien. J'essaie de m'entraîner, de m'adapter à cette langue, à ses sonorités... Je suis tellement ému. Peut-on savoir les raisons de ce coup de foudre ? Ma passion subite pour la langue de Verdi a une explication très simple : je figure dans le casting d'un film qui sera tourné en Italie, et c'est pour bientôt. Il ne s'agit pas d'un film algérien, mais d'un long métrage 100% italien. Mon émotion et ma fierté, c'est surtout d'avoir été repéré hors de nos frontières. Les Italiens m'ont découvert dans le film Le Repenti de Merzak Allouache, lors de sa projection au Festival de Cannes. J'ai été ensuite contacté par la directrice du casting, à travers un mail qui disait à peu près ceci : «Je suis un casting italien. Je vous ai vu dans le très beau film de Merzak Allouache, Le Repenti, à Cannes. Je cherche des acteurs arabes pour un film qui sera tourné en Italie. Parlez-vous italien ?» C'était début mai 2013. Depuis, nous sommes dans les derniers contacts pour finaliser le projet. Vous n'avez pas un peu le trac à sauter l'obstacle de la langue ? Actuellement, je suis en contact permanent, par skype, avec la directrice du casting. Nous sommes en pourparlers sur le problématique du dialogue, d'autant plus que j'interprète l'un des principaux rôles du film. Je voudrais bien m'exprimer en arabe ou en français, il y aura ensuite le doublage en italien, mais le réalisateur tient à ce que je parle italien. Ce serait alors une lourde responsabilité pour moi s'ils persistent dans leur choix. Je me suis tout de même mis à apprendre l'italien, je suis des cours. Avez-vous des détails sur ce film, le nom du réalisateur et le rôle que nous y interprétez ? Le film sera tourné à Venise en septembre prochain. Il y aura quatre semaines de tournage, peut-être cinq. Ils m'ont envoyé le scénario. Ce long métrage de fiction a pour titre Pizza et datta et il sera réalisé par Fariborz Kamkari. Ce cinéaste, originaire du Kurdistan iranien, a vécu en France et réside en Italie depuis cinq ans. Il est connu pour avoir réalisé des documentaires, des films de fiction dont Les fleurs de Turkouk. En ce qui me concerne, je joue le rôle de Karim, un patriarche musulman et responsable d'une grande communauté musulmane à Rome. Il combat pacifiquement les extrémistes islamophobes, veut leur montrer les vrais valeurs de l'islam. Le sujet est d'une actualité brûlante. Pas d'autre actualité pour vous concernant le volet cinéma ? J'ai eu le plaisir également de tourner avec Merzak Allouache dans son dernier film Les Terrasses. Celui-ci raconte cinq histoires différentes et qui se passent sur cinq terrasses d'Alger. C'est un film que j'ai beaucoup aimé. Cette coproduction algéro-algérienne va être présentée à la prochaine Mostra de Venise. Le film va bientôt sortir. Les autres projets de film de Hassan Benzerari ? Il y a bien un film avec le réalisateur Lotfi Bouchouchi qui sera tourné juste après la Ramadan dans une ville des Hauts-Plateaux. C'est l'histoire d'une communauté de femmes dont les maris sont au maquis durant la Révolution. Une histoire très émouvante, marquée par la misère atroce vécue à l'époque, le problème de l'eau... J'attends par ailleurs la confirmation pour un rôle dans une coproduction franco-algérienne. Le film a pour titre Algérie mon amour, il sera coproduit par Zakaria Ramdane (l'un des acteurs de Harraga Blues). J'y joue le rôle d'un psychologue. Revenons à la télévision. Naturellement, on ne peut pas imaginer ce Ramadan sans Hassan Benzerari... Cette année, je fais partie de la distribution de Nour El-Fedjr, un feuilleton de 30 épisodes réalisé par Amar Tribèche. Cette histoire émouvante et pleine de péripéties est diffusée par la Télévision nationale. Les téléspectateurs peuvent aussi me voir sur la nouvelle chaîne Al Atlas TV. Makach Mouchkil est le titre de ce sitcom réalisé par Yahia Mouzahem. Il y a là 22 numéros diffusés en prime time, où je campe le rôle d'un DG corrompu jusqu'à l'os. Toujours sur cette même chaîne, j'ai également participé à la série Le psy, des numéros de 12 minutes qu'on appelle des capsules. Enfin, pour les fans et le public qui s'intéressent à Hassan Benzerari, je signale l'émission «Erriane» (les gazelles) sur Canal Algérie. Je suis invité de l'émission le 23 juillet, à 22 heures. Vous allez parler de dattes et de pizzas dans cette émission ? Ah ! vous faites allusion à ce film italien qui sera tourné à Venise ? Vous savez, on fait tout un tapage médiatique lorsqu'un footballeur algérien parvient à s'expatrier pour évoluer dans un club européen. Alors, une fois n'est pas coutume, pourquoi ne pas parler d'un comédien ?