Ne voulant certainement pas se «tromper» quant à la position du mouvement à l'égard de la prochaine présidentielle, la direction du MSP a pensé à y associer les militants et les cadres et ce, via une large consultation. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) Le Mouvement pour la société et la paix (MSP) a entamé une vaste opération d'association de sa base militante à propos de sa position finale à l'égard de la présidentielle prochaine. Une première dans les annales politiques du pays même si les partis ont des mécanismes et autres instances délibérantes comme les conseils nationaux ou encore les conseils consultatifs et les comités centraux, un organigramme obéissant à l'idéologie dont chacun se réclame. Mais l'enjeu du prochain rendez-vous électoral et, surtout, le balancement depuis deux ans du mouvement dans l'opposition, lui qui a presque évolué de tout temps dans le giron du pouvoir, ont rendu cette décision difficile, voire délicate à prendre. D'où la «trouvaille» de l'équipe d'Abderrezzak Mokri, celle de consulter la base militante du mouvement à l'effet de «partager» la responsabilité de la décision qui sera avalisée par le Conseil consultatif qui sera convoqué en session ordinaire vers la fin du mois en cours. Pour ce faire, le bureau national du parti, qui a eu le quitus du Majliss Echoura pour trancher la question de la présidentielle, a commencé l'opération de sondage de la base que ce soit via la Toile ou carrément par courrier individuel. Et ces militants devront choisir entre les trois options proposées, soit participer à ces élections avec un candidat du parti qui ne doit être que son président, comme l'a si bien soutenu Mokri dans une récente conférence de presse et réitéré samedi dernier, soutenir un candidat en dehors du parti à condition qu'il soit issu d'un consensus, ou carrément boycotter cette échéance présidentielle. Et le bureau national du MSP prendra en compte toutes les opinions dans sa prise de position qu'il soumettra au Conseil consultatif, qui s'est réservé le droit de regard. Cela dit, le boycott est l'option qui semble prendre le dessus tant, selon ceux approchés, les différentes participations de leur parti aux présidentielles n'ont pas été bénéfiques et n'ont pas apporté cette plus-value attendue. Ceci, en sus des appréhensions de fraude dont ils ne sont pas seuls à partager l'expression. Ceci au moment où le président du mouvement, lors d'une conférence de presse le 24 du mois dernier, soutenait que son parti était prêt à se lancer dans une alliance avec d'autres formations et personnalités politiques, en vue de sortir un candidat du consensus qui aura comme programme, le lancement des vraies réformes démocratiques. Pour lui, l'urgence, aujourd'hui dans le pays, est d'entamer le chantier des vraies réformes politiques pour assurer le respect des libertés politiques, syndicales et autres, pas celles dévoyées, perverties et vidées de leur sens menées par le président de la République. Aussi, Mokri n'avait pas déclaré que son mouvement était prêt pour la bataille électorale, lui dont les structures sont «huilées» et à pied d'œuvre aux quatre coins du pays pour avoir pris part, par le passé, à toutes les consultations électorales depuis l'enclenchement du processus pluraliste dans le pays au tout début des années 90. Il a eu, néanmoins, à zapper les trois dernières élections présidentielles, le mouvement avec à sa tête le président sortant Aboudjerra Soltani et avant lui, le défunt Mahfoudh Nahnah, a apporté sa caution au candidat du consensus, au fait, celui du pouvoir, le président de la République. Une allégeance trois fois renouvelée qui a été dans le sillage de la stratégie participationniste adoptée par l'ancienne direction du MSP dont l'actuelle équipe dirigeante conteste le bien-fondé. En effet, Mokri et compères de l'aile radicale du mouvement estiment qu'il est illusoire de continuer à penser toute possibilité de réforme du système de son intérieur. Mais l'option opposée, celle radicale que Mokri tente d'imprimer au MSP, n'est pas indemne de critiques. Le choix participationniste ayant encore des adeptes dans la maison, une aile pour le moment qui a fait le choix de faire profil bas pour ressurgir le moment voulu. Ce qui est, d'ailleurs, prêté à Abderrahmane Saïdi, ancien président du Conseil consultatif et néanmoins chef de file de cette aile, partisane de la poursuite de l'option participationniste.