De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Beaucoup d'eurodéputés se sont battus jusqu'au bout pour signaler à leurs pairs que l'accord de pêche avec le Maroc ne doit pas concerner le Sahara occidental, territoires non autonomes sur lesquels le Maroc n'a aucun droit et ne possède, d'ailleurs, même pas le statut de puissance administrante dévolu par l'ONU à l'Espagne. Bruxelles toute honte bue n'a rien voulu entendre sur le dossier. Lorsque le groupe Paix pour le peuple sahraoui leur dit que l'instance onusienne attend un référendum pour définir définitivement l'avenir du Sahara occidental, le Parlement européen à Strasbourg fait la sourde oreille. Des puissances européennes qui comptent les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni, la Finlande ont, pourtant, invalidé ce traité de tous les dangers. Rien n'y fit, la Commission Barroso, le lobbying français et espagnol, l'appât du gain des pêcheurs espagnols et la fuite en avant ont fait le sale boulot. Les europarlementaires ont donc, hier 10 décembre, Journée internationale des droits de l'Homme, marché sur le peuple sahraoui, piétiné la législation internationale et foulé aux pieds leurs valeurs, la morale et la justice. Le rapport du Britannique Charles Tannock, l'avis juridique de l'expert indépendant Hansblinx, les Etats-Unis qui ont exclu la façade atlantique du Sahara occidental de la zone de libre-échange qu'ils ont contractée avec Rabat, les rapporteurs de l'ONU, la 4e commission de décolonisation de l'instance onusienne, la Fondation Kennedy, les avocats de New York et toutes les résolutions de l'Organisation des Nations unies comptent pour du beurre, selon Barroso et une partie des eurodéputés. Il y a juste deux ans, le même rapport, à une virgule près, était, pourtant, mis à la poubelle par les mêmes eurodéputés. Voler le poisson d'autrui, assécher les richesses halieutiques d'un peuple qui lutte pour son indépendance et foncer, navires industriels de prise de thon, de crevettes et de dorades, moteurs allumés et sans contrainte aucune, faire plaisir aux pêcheurs d'Espagne, ont été plus forts que les principes et le droit.La Commission européenne a pris l'habitude de prendre les autres pour des imbéciles et des idiots. Hier, ce sont les eurodéputés qui ont succombé à l'appât du gain. Mohamed Sidati, ministre représentant la RASD et le Polisario, déclare à partir de Strasbourg : «L'approbation de cet accord envoie le mauvais message au Maroc : elle sera interceptée comme un signal de soutien à ses prétentions illégales sur notre territoire.» La résistance continue et «le gouvernement sahraoui et le Front Polisario useront de tous les recours pour obtenir l'invalidation de cet accord inique, pour que les réparations soient données à notre peuple spolié». Et les recours existent. Déjà une bonne fourchette d'eurodéputés plus plusieurs Etats membres useront du droit pour casser le traité. L'Europe des valeurs, des droits de l'Homme et du respect du droit international a été mise à mal, hier, à Strasbourg-Bruxelles. Barroso et des eurodéputés ont uriné sur tout cela.