L'importance de l'archivage du patrimoine musical et textuel mystique des Aïssaoua et de l'incitation de la recherche universitaire à s'y intéresser ont été soulignées par des chercheurs participant à Mila à la 8e édition du Festival national des Aïssaoua. Au cours d'une conférence-débat animée à la maison de la culture M'barek El-Mili, en marge du festival, Saïd Djabelkhir, universitaire, a indiqué que cette manifestation «sert à préserver ce patrimoine culturel authentique mais doit également contribuer à son archivage, cette confrérie (les Aïssaoua) accordant plus que toutes les autres une importance particulière à la musique». De son côté le chercheur Ahmed Benseghir espère voir les prochaines éditions du festival contribuer à cet important projet d'archivage en éditant une partie du riche répertoire de chants Aïssaoua. Les deux intervenants ont insisté sur la «présélection des troupes et des ensembles participant au festival», sur «la création de prix conséquents pour les meilleures troupes de sorte à passer de l'amateurisme au professionnalisme» et sur «l'encouragement du patrimoine soufie féminin», représenté durant cette 8e édition par la troupe des Fakirat constantinoises. Il a été également proposé d'ouvrir la participation aux troupes dépositaires de ce patrimoine au Maroc et dans d'autres pays. Cheikh Bouzidi, représentant une des zaouïas de la wilaya de Tlemcen, a déploré, pour sa part, «le peu d'engouement du public pour le festival et préconisé un effort plus accru d'information en direction notamment du mouvement associatif culturel». La 5e soirée du festival a été animée par l'artiste constantinois Zineddine Bouchaâla qui a réussi à créer une ambiance électrique parmi l'assistance composée essentiellement d'étudiantes des cités universitaires. Bouchaâla a exprimé, au terme de son concert, son «ravissement» de chanter devant un public aussi mélomane qui se laisse emporté par les rythmes aïssaouas. Ces mêmes rythmes ont été reproduits avec toutefois un «accent» tunisien par la troupe Aïssaoua de Souk-Ahras qui est parvenue, elle aussi, à enflammer l'assistance. Les troupes de Laghouat et de Médéa se sont également produites durant la 5e soirée de ce festival.