De notre envoyé spécial à Guelma, Kamel Amarni Abdelmalek Sellal a choisi la wilaya de Guelma pour y effectuer sa dernière visite de l'année 2013 à l'intérieur du pays. Une visite qui, jeudi dernier, coïncidait avec le 35e anniversaire de la disparition de Houari Boumediène. «Nous n'avons pas du tout calculé quoi que ce soit. C'est une simple mais heureuse coïncidence», jurait le Premier ministre devant les représentants de «la société civile» de Guelma, la ville de l'ancien homme fort du pays. Après avoir rendu un vibrant hommage à Boumediène, Sellal n'a pas omis de rappeler : «Vous connaissez tous les liens très forts entre le défunt Président Houari Boumediène et son excellence le Président Bouteflika et, ce, depuis la Révolution.» Un «rappel» qui n'était, bien sûr, pas innocent même si Sellal tenait encore une fois à affirmer que : «Guelma, c'est la 38e wilaya que nous visitons et je crois qu'aucun autre gouvernement ne l'a fait pour le moment. Nous le faisons parce que nous nous sommes engagés devant le Parlement et parce qu'aussi, il s'agit d'une instruction du Président Bouteflika. Il ne s'agit nullement d'une campagne électorale anticipée.» Pourtant, à Guelma comme partout ailleurs, il ne s'est réellement agi que de cela. D'ailleurs, le président de l'APW avait accompli la «tâche» qu'on lui avait assignée comme tous ses homologues dans les autres wilayas pour appeler un chat un chat ! «Nous appelons son excellence le Président Abdelaziz Bouteflika à se présenter pour un 4e mandat.» Et à sa manière, le Premier ministre viendra expliquer le pourquoi de la chose. «Dieu merci, et grâce au travail accompli par le Président Bouteflika, et à sa clairvoyance, nous avons assuré aujourd'hui, la stabilité pour le pays. Vous avez tous constaté que le pays s'est remarquablement redressé sur le plan sécuritaire et économique (...) Plus jamais nous n'allons revivre la tragédie des année quatre-vingt-dix. Il est impossible que nous nous permettions de revivre cela sinon nous passerions pour la risée des nations.» A Guelma, Sellal prononçait incontestablement jeudi dernier le plus long discours depuis qu'il est en tournée dans les wilayas. Non seulement il est revenu longuement sur ses thèmes favoris comme la stabilité, la relance de l'économie, une nouvelle approche s'agissant de notre système éducatif qui devrait s'orienter plus vers les sciences techniques et les nouvelles technologies, etc, mais il s'est distingué par un véritable «discours programme». A long terme ! A quelques jours de la convocation officielle du corps électoral, Sellal parle, lui, d'une vision pour l'avenir. «Nous avons un grand programme pour l'année 2014 et pour les années à venir.» Il s'agit là, entre autres, du prochain plan quinquennal. Puis, il lança cette phrase assez allusive quant aux intentions du pouvoir : «L'année 2014 sera cruciale (...) Le train est lancé. C'est le moment d'embarquer avant que l'on passe à la vitesse supérieure.» Tout le monde l'aura compris, le Premier ministre faisait là allusion aux présidentielles du 17 avril. Il déclinera également une partie de son propre agenda pour les semaines à venir. «Nous allons présenter notre bilan devant le Parlement au début de l'année prochaine.» Certainement en février, c'est-à-dire après avoir épuisé le programme de visites des quarante-huit wilayas. «Nous le ferons avec une grande fierté et la conscience tranquille au vu de tout le travail accompli depuis 1999.» Il parlait, bien sûr, non pas de son propre bilan mais de celui de Abdelaziz Bouteflika. Par ailleurs, Sellal profitera de sa présence à Guelma, où a eu lieu un autre enlèvement d'un enfant ces derniers jours, pour réitérer la détermination de l'Etat à frapper d'une main lourde pour mettre fin à cette nouvelle forme de criminalité. «Je tiens à réaffirmer la détermination de l'Etat à combattre tout ce qui touche à la sécurité et à l'ordre public. La loi sera appliquée dans toute sa rigueur. Et s'il y a lieu de durcir encore davantage ces lois, eh bien nous le ferons.» Il ne parlait pas que de l'affaire de l'enlèvement de Guelma qui a connu une heureuse issue après l'intervention efficace des services de sécurité. Il faisait aussi allusion aux malheureux incidents de Ghardaïa lorsqu'il précisait : «Les gens sont libres de protester ou d'exprimer leur mécontentement mais pas de n'importe quelle manière. Il faut le faire de manière pacifique en s'interdisant tout acte attentatoire à autrui ou à l'ordre public.» C'est un avertissement assez clair quant à la détermination du pouvoir à ne tolérer aucune «fausse note» en cette période préélectorale.